HOT CHILI - saison 3

S03 - EP 21 △ part V

ÉPISODE 81 - (partie 5/5)

Le matin suivant différa du précédent par un footing de Rudy, puis quelques longueurs dans la piscine du pavillon des parents de Rey. Ce dernier était une fois de plus occupé avec son père, laissant Rudy en compagnie de sa mère, plongée dans sa lecture sur un transat.

Comme convenu la nuit dernière avec son petit-ami, Rudy appela Dean. Il était temps de lui annoncer que le séjour ne durait pas une semaine mais deux. Sans surprise, la discussion fut houleuse, au point d'attirer l'attention d'Uma.

— Passe ce téléphone, ordonna-t-elle.

Elle savait de quoi il retournait, Rey lui en avait touché un mot. Avec toute la reconnaissance du monde, Rudy se déchargea sur elle. Lorsqu'elle eut réglé le problème, elle ne put s'empêcher de remarquer :

— Ce ne sont que des vacances ! Pourquoi réagit-il de manière aussi excessive ? Tu es en sécurité.

Rudy fit la moue. Il se doutait que la réaction de Dean n'était pas sans fondement. Maintenant qu'il prenait de l'âge, certaines choses lui apparaissaient sous un autre angle.

— Je lui manque, dit-il avait indulgence. P'pa n'aime pas me savoir loin de lui. On a déjà longtemps été séparés, quand j'avais entre cinq et huit ans. Je ne m'en souviens plus très bien, et j'ai jamais su les raisons. Je doute qu'il m'en parle un jour. Mais c'était contre sa volonté. Ça l'a marqué. Il était jeune à l'époque. Depuis, il n'aime pas me savoir loin.

— Oh, je vois, fit Uma, attendrie, avant de s'assombrir. Tu dois l'aider à guérir de cette vieille blessure. Mais jouer les cachotiers n'est pas une méthode recommandée. Il aurait fallu être honnête avec lui dès le départ, pour qu'il sache à quoi s'attendre.

— Ouais, j'ai un peu merdé. Mais il n'aurait pas accepté, ou alors très difficilement, s'il avait su que c'était pour deux semaines. Parfois, je suis obligé de me montrer roublard avec papa. Il a des réactions trop atypiques !

Uma ricana.

— Maintenant tu sais de qui tu tiens.

Leur programme de cette après-midi-là fut une balade à vélo. Rey et Rudy traversèrent une partie de Taeyand Island et se lancèrent à l'assaut du pont qui la reliait à l'île voisine. Rudy découvrit la vue prenante depuis le Lightfoot's Bridge, barrette de nacre sur un lit mouvant bleu.

— De nuit, le spectacle est encore plus beau, dit Rey. Il y a un superbe jeu de lumières sur les piliers et les câbles. Les piliers paraissent phosphorescents, et chaque câble est éclairé d'une couleur différente. On a l'impression de voir depuis les rives un serpent géant arc-en-ciel qui paresse dans l'eau.

De jour, le pont à haubans d'une longueur de dix kilomètres, était une œuvre magnifique, dont les câbles de soutènement brillaient comme de la chaux au soleil. Encadrées de deux doubles-viaducs d'accès, les bases des pylônes élevaient les usagers des quatre voies d'autoroute et deux pistes cyclables jusqu'à cinquante-cinq mètres au-dessus de la ligne d'horizon.

Les plans avaient été dessinés par Thomas Lightfoot Leblanc, mais la construction n'avait débuté que trente ans après sa mort, lorsque l'un de ses petit fils, Seth-Kennedy, lui avait rendu hommage en léguant les plans à l'État.

Avec plus de cent kilomètres de vélo dans les jambes, les garçons déclinèrent l'invitation des parents de rejoindre la piste de danse après dîner. L'animation de la grande salle de fêtes du Village Vacances était à saluer, mais Rey et Rudy rentrèrent se prélasser dans leur hamac en terrasse.

Les amoureux somnolaient, bercés par le chant hypnotisant des grillons nocturnes et la brise qui ne fraichissait pas malgré l'heure tardive, quand le téléphone de Rudy les éjecta de leur torpeur. Après s'être lancé dans un compte rendu dithyrambique de sa semaine, Rudy apprit que son père l'avait toujours mauvaise.