ÉPISODE 71 - (partie 3/3)
— Depuis combien de temps dure cette mascarade ?
Ce n'est pas une mascarade, p'pa, c'est mon petit-ami. Du moins, c'était ce que Rudy aurait aimé rétorquer.
— Euh..., fut tout ce qu'il trouva à dire.
Red lui avait demandé de l'informer du moment où il cesserait de calculer l'âge de son couple avec ferveur. Il ne s'attendait pas à ce que cela arrive si vite.
— Trois mois ? finit-il par évaluer, un peu dépité par sa propre incertitude.
Son père, loin de décolérer, l'avait fait assoir au séjour et s'adonnait à une session d'interrogatoire. Rudy se sentait dans la peau d'un accusé acculé par l'avocat de la défense. Mieux, ou pire, dans celle d'une victime participant contre son gré à un télé-crochet macabre : « questions par un bourreau ». Et les questions, tels des coups de fouets, pleuvaient.
— Qu'attendais-tu pour me l'annoncer, le déluge ?
Tu ne devineras jamais, p'pa : je lorgne sur le cul d'un garçon. Mais bien sûr ! Son père croyait-il que c'était facile à dire ? Il l'y verrait bien ! Dean n'avait jamais eu ce problème, il avait épousé une bombe anatomique ! Non, le déluge, c'était ce qu'il vivait. Un déluge de coups de fouet. La langue était un organe mystérieux ; un organe de torture. Elle vous mettait au supplice, aussi bien du plaisir que du sale quart d'heure.
« Réponds, Rudy. Vite ! Avant que le prochain coup de fouet ne se fasse plus violent. »
— J'attendais qu'on soit fixés tous les deux, marmonna-t-il dans sa barbe.
Il leva les yeux des mains qu'il tortillait d'angoisse et croisa enfin le regard de son père. Il se pétrifia. Cet homme avait sûrement des gènes de Médusa.
— Ah, fit Dean, sarcastique. Je suppose qu'avec ce que j'ai vu en arrivant, c'est fixé, désormais.
Et slash ! un autre claquement de fouet. Rudy prit une grande inspiration. OK, p'pa. Je voulais la jouer cool, façon petit Rudy tout repentant, mais là, tu ne me laisses pas le choix. Cette histoire allait se régler d'homme à homme. Il se repentait un peu d'avoir trop fait « son bébé » avec son père. Il ne lui avait pas rendu service en se comportant comme un enfant couvé. Pour que Dean cesse de l'étouffer, il devait lui montrer qu'il n'avait plus besoin d'être materné.
— Ton sarcasme n'est pas constructif, papa. Que veux-tu exactement ?
La voix du fils claqua et Dean fut projeté au jour de sa dernière dispute conjugale avec son ex-femme. Le fouet avait changé de main, et Rudy ne se limiterait pas qu'à un coup. Il avait encaissé ; c'était son tour de rendre la pareille.
— J'ai compris. Tant que je suis mineur, je fais gaffe à ce que je peux me permettre ou non sous ton toit. C'est noté.
Il renifla. À croire qu'il vivait à l'auberge et devait en respecter les règles. C'était peut-être la maison de son père, mais il était aussi chez lui, ici.
— Je ne suis pas stupide. Tu m'as largement fait comprendre la nécessité de se protéger et on s'est protégés. Je sors avec Rey. Je n'ai pas envie de te demander de te faire une raison, mais je ne te laisse pas non plus le droit de décider. Ça reste ma vie. Tu n'es pas d'accord, tu n'encaisses pas ? OK. Tu es en droit de ne pas apprécier. Et ce sera juste une des milliers de raisons légitimes qui justifient mon silence. Si j'ai fait une « bêtise », punis-moi pour ça. Mais pas pour ma relation avec Rey. Quoi que tu fasses contre ça, tu n'y changeras rien.
VOUS LISEZ
HOT CHILI - saison 3
Romans. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...