ÉPISODE 62 - (partie 2/5)
Au bout d'une heure infructueuse, Allen Van Der Litz referma rageusement le dossier sur lequel il stagnait. Il savait la cause de son improductivité : Red Kellin.
Il ignorait pourquoi le chanteur ne s'était pas mangé une amende après sa tentative de boycott avec l'hélicoptère, mais il remerciait les vices de procédures ayant évité qu'il ne comparaisse devant la justice. Le système défectueux était à son avantage, sauf qu'il ne pouvait se contenter de cela. Il devait garder un œil sur tous les paramètres, à défaut d'en avoir l'absolu contrôle.
Son correspondant décrocha à la troisième sonnerie :
— Allen, que puis-je pour vous ?
— Vous auriez déjà dû me contacter, Jonathan, grommela-t-il.
— Ne vous inquiétez pas pour « ça ».
Allen n'apprécia guère la musique. Il se demanda s'il avait pris la bonne décision en s'associant avec ce clan.
— J'ai toute les raisons de m'en faire ! Je n'ai pas besoin de vous rappeler que l'équipe électorale très performante que vous avez constituée, passe au peigne fin tout ce qui se dit dans les médias et dans des milieux dont je préférerais ignorer l'existence. Les gens sont moins disposés à croire que ce demeuré est psychologiquement instable.
En d'autres termes, la théorie du trouble mental de Red Kellin perdait lentement de sa pertinence. De nombreuses stars la réfutaient par affinité avec les Beat'ONE. Or l'on ne pouvait occulter l'influence des peoples sur l'opinion de leurs followers ou des chroniqueurs qui copinaient avec. Les réseaux sociaux tendaient à démentir le déséquilibre psychologique du fauteur de trouble. La pétition pour son internement en unité psychiatrique récoltait un peu moins de signatures chaque jour.
— Et s'il est en pleine possession de ses moyens, alors il répondra de ses actes devant la justice ! grogna Allen.
Il devait jouer à ce double-jeu pour ne pas être démasqué. Bien sûr que ça n'arrangeait pas ses affaires que Red comparaisse devant un tribunal avant ses vingt-sept ans. Pas moins de quinze années de réclusion lui pendaient au nez, si le bellâtre portait plainte pour viol, tant qu'il n'y avait pas prescription.
Leur qualité d'amants à l'époque ne serait pas une circonstance atténuante, puisqu'un conjoint pouvait désormais être poursuivi pour un tel crime. L'accusation se servirait du fait que Red ait été légalement mineur, bien que « sexuellement majeur » à dix-sept ans, comme d'une circonstance aggravante.
Encore sept putains de mois à tenir. L'irrecevabilité d'une plainte était fixée à trois ans en cas d'agression sexuelle. Ce délai montait à une décennie en cas de viol, durée majorée d'une décade quand le plaignant était âgé de quinze années au moment des faits. Si la star lui intentait un procès avant la mi-novembre, les procédures judiciaires seraient ouvertes.
Ceci dit, tout resterait à prouver. Il s'était assurer d'effacer les preuves auxquelles Red pourrait avoir accès. Ce dernier n'avait rien pour appuyer l'existence de Sloan Hudson. Pas même le compte bancaire à ce nom, créé à l'époque avec la complicité d'un de ses clients. Quant à ceux-là, ils étaient bien bâillonnés ou à sa solde, à l'instar de ses plus proches collaborateurs dans cette campagne sénatoriale.
Allen vérifiait constamment que ces derniers n'avaient aucune dette envers les Leblanc. Il lui fallait un noyau solide qui ne le trahirait pas au mauvais moment. Hélas, il n'était pas vraiment serein, puisque tout homme avait un prix. Et il se disait que le prix de chacun était le prix des Leblanc. De quoi confirmer leur nature de lame à double-tranchant. S'ils faisaient dans un sens, ils savaient défaire dans l'autre.
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HOT CHILI - saison 3
Romantizm. Il arrive que romance rime avec vengeance. C'est ce qu'apprend Red, lorsque son amour à sens unique pour Dean s'épanouit dans la vendetta. Résolu à ruiner la réputation de Sloan en s'aidant de coups de poing...