S03 - EP 27 △ part IV

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ÉPISODE 87 - (partie 4/4)

La seconde page de réclame n'avait pas apaisé les émotions. Les regards brillaient toujours dans l'auditoire, comme Red poursuivait le récit de son passé.

— C'était un homme intelligent... Il a embrayé sur mon âge et ma date de naissance, et il en a déduit que j'étais son fils. Il a donc fallu qu'on s'explique tous les deux, histoire d'accorder nos violons. Ma mère ne lui avait jamais rien dit. Elle s'est juste volatilisée sans se douter qu'elle était enceinte. Pour avoir vécu la disparition de Sloan, je savais, au moins en partie, ce qu'il avait pu ressentir. Du côté de ma mère, je pense que la culpabilité a guidé son geste, et elle m'a gardé pour nourrir son souvenir de lui. Ce qui a débuté sur coup de foudre a fini sur un dénouement dramatique.

— Que s'est-il passé après cela ?

Jim parlait d'une voix calme, comme pour ne pas l'effaroucher. Red était un peu surpris que l'homme si débonnaire et parfois flegmatique se montre si touché par son histoire. Il porta son regard sur le public et déclara :

— Si vous attendez le « et ils vécurent heureux », alors vous êtes un peu comme moi. De grands rêveurs. La conclusion de mon histoire avec mon père est une brutale séparation l'année de mes vingt-deux ans. Il m'a lui aussi quitté après un crash sur un circuit.

— Hey, viens là, fit Dean d'une voix douce.

— Mais non, refusa Rudy.

Il peinait à contenir ses larmes. Son père insista.

— Ne te fais pas prier. Allez, viens.

Rudy rejoignit Dean dans son fauteuil et posa la tête contre son épaule.

— C'est injuste.

— C'est la vie, fiston.

— C'est nul ! protesta Rudy. Il l'a même pas connu trois années pleines, c'est pas juste.

Dean passa une main tendre dans les cheveux de son fils. Rudy grandissait à son rythme mais son empathie se révélait parfois handicapante. Paradoxalement, c'était ce qu'il aimait chez son garçon.

— Qui veux-tu blâmer, mon ange ?

— Sa mère n'avait pas le droit... Elle n'avait pas le droit de leur mentir. Maintenant j'ai envie de lui faire un câlin...

— C'est pour ça que tu me serres à m'étouffer ?

— Voui ! avoua Rudy sans honte, le nez enfoui dans le polo de son père. T'as la même odeur que lui, donc c'est un câlin par procuration.

Dean s'esclaffa. Sacré Rudy ! Il se promit de rapporter la scène au concerné, qui entamait à présent un autre chapitre du livre de sa vie.

— J'étais son cadeau. Son inestimable cadeau. Il me le disait tout le temps. Et je le voyais dans ses yeux, alors j'ai fini par y croire. Chacun de ses actes à mon égard le prouvait. Quand on s'est persuadé de n'être rien, de n'être plus personne, quand on est diminué, mutilé émotionnellement et qu'on a fini par se résigner à cette piètre opinion de soi, par la juger normale, je pense que la seule façon de s'en remettre est de voir qu'on est l'ange de quelqu'un. Il disait que je l'avais sauvé. J'étais un présent qui s'est égaré un moment sur le chemin de livraison et qui a quand fini par arriver à bonne destination.

Son sourire fut communicatif.

— Les métaphores de mon père frisaient la marque déposée. Parfois je l'imite. Il m'adorait et ça m'a aidé à me reconstruire. Pas sur tous les plans, mais j'ai rebâti lentement les fondations de mon estime. Aujourd'hui j'ai suffisamment d'amour propre qu'il rivaliserait avec la pyramide de Khéops. L'objectif est d'atteindre le plus haut sommet de la Cordillère des Andes.

HOT CHILI - saison 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant