Chapitre 4

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« Nek est parti ? s'enquit Pauline dans un bâillement paresseux

– Il a dû se trouver une nouvelle proie. » supposa Athénaïs, en s'installant à côté d'elle sur le siège conducteur.

Les autres passagers de sa voiture s'affalèrent sur la banquette arrière. Il manquait également Mikaël et Idriss.

« Eh ben, alors Mo', toujours là, tiens ? » ironisa Marguerite, avec son cynisme habituel malgré la fatigue qui se trahissait dans sa voix.

Mohamed se contenta de refermer les yeux. Les femmes qu'il avait abordées au cours de la soirée n'avaient pas daigné lui tenir compagnie pour la nuit. De toute façon, il n'y avait eu que des pimbêches à cette fête !

« Fram's ne rentre pas ? s'assura Athénaïs, en allumant le moteur.

– Nope, soupira Hakim, l'esprit dans les brumes de l'alcool.

– Allez, Say'. Mets le coco,... et on démarre. » fit Pauline, lasse.

Athénaïs ne se fit pas prier. Elle mit également en marche le chauffage de sorte que l'ensemble de ses amis sombra dans un sommeil lourd, tandis qu'elle pouvait se mettre à chantonner à loisir sur ses chansons préférées diffusées à la radio.

Elle faisait souvent le taxi lors de ces sauteries entre potes. D'aucuns auraient trouvé ce rôle ennuyeux mais avec le temps, elle s'était habituée. Pendant les soirées, elle ne buvait pas beaucoup. Sa dernière expérience de forte alcoolisation l'avait traumatisée et l'avait grandement calmée sur ce côté-là. Alors, elle se dévouait pour ramener ses amis en peine, d'autant plus que souvent, Mikaël était le deuxième chauffeur. Or Mikaël ne rentrait que très rarement avec eux. Lui, ainsi que Ken. Mohamed, d'habitude, faisait partie des absents mais il semblait ne pas avoir trouvé chaussure à son pied, ce soir. A sa place, c'était ce grand timide d'Idriss qui leur faisait faux bond.

Ah la la, ces mecs, marmonna Athénaïs concentrée sur la route. Quoique... Marguerite aussi faisait des siennes, de temps à autres. Elle se remémora les mots de sa sauvageonne préférée : « Tu es vraiment une sainte, Athé' ! ». C'est vrai qu'en comparaison, elle faisait figure de fille bien coincée. Mais ça ne la dérangeait pas plus que ça.

Elle regarda l'heure sur l'écran GPS de la voiture. Il était bientôt trois heures du matin. Elle serait bien restée plus longtemps mais elle avait une messe à dix heures le matin. Marguerite avait un peu râlé car elle n'avait pas trouvé de mec avec qui finir à son amie, puis s'était laissée convaincre. Au moins, Athénaïs avait voulu sortir, ce qui était en soi, vu sa situation de nouvelle célibataire, une bonne chose.

Athénaïs repensa à ce célibat tout frais. Et pensa à Thibault. Que pouvait-il faire en ce moment ? On était samedi soir, et Thibault était fêtard. Il devait sûrement être parti en soirée lui aussi. Peut-être même qu'il se tapait quelqu'un en ce moment-même. Alors qu'elle se croyait immunisée de la tristesse grâce au mépris qu'elle éprouvait envers son ex, Athénaïs se surprit à ressentir un énorme pincement au cœur. Sans qu'elle ne le voulût, les larmes commencèrent à brouiller sa vision. « Mince, et voilà, le contre-coup. » raisonna-t-elle, comme sa respiration s'agitait. Elle essuya ses yeux d'un revers vif de main mais ses larmes revinrent de plus belle. Elle fut bientôt submergée par les émotions et les souvenirs des moments heureux passés avec celui dont elle croyait qu'elle porterait le nom, un jour. « Ce n'est pas possible, Athé' ! Il te trahit de la pire des manières et toi, tu pleures ? » songea-t-elle. A un feu rouge, elle se moucha, ce qui, à son grand soulagement, n'éveilla personne.

Enfin, presque.

« Ca va aller, ma chérie. » lui souffla-t-on.

Pauline l'avisait de ses yeux bleus, rendus flous par les enchaînements rapides de cocktails.

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant