Chapitre 31 (2)

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Ken souffla alors qu'ils s'étaient extirpés de la boîte.

Athénaïs l'avait esquivé toute la soirée et il avait fini par céder aux appels de la chair avec cette brune, Emily. La frustration qui le dévorait depuis qu'Athénaïs et lui avaient repris contact avait eu besoin de se déverser quelque part. En dépit de l'ardeur dont l'Américaine aux lointaines origines germaniques avait fait preuve lors de leurs ébats, l'homme à la voix rocailleuse n'était pas parvenu à prendre son pied. Ce corps-à-corps avait été purement mécanique, tout comme avec les dernières filles qu'il avait satisfaites quelques mois auparavant.

Cette semaine passée à New York en compagnie de sa belle des îles et tous les fantasmes qui en avaient découlé l'avaient étourdi au point de lui faire oublier qu'il ne prenait plus aucun plaisir à coucher pour coucher. Une partie de lui avait eu envie de partir en plein milieu de l'acte mais l'autre, dirigée par la convoitise, n'avait pu s'arrêter. De toute manière, une fois commencé, s'interrompre aurait été assez peu courtois pour la jeune femme.

Toutefois, ç'aurait pu lui éviter de se sentir aussi mal envers Athénaïs qu'il avait croisée au sortir des toilettes, encore accompagné d'Emily. Elle avait souri de manière bienveillante, et ça l'avait meurtri.

Ils s'étaient quittés rapidement avec Emily. Peu après, Athénaïs avait exprimé l'envie de rentrer. Ils avaient alors récupéré Mamadou et marchaient à présent en silence vers leur voiture de location.

« Ca va être n'importe quoi, cette semaine. » pronostiqua Athénaïs.

Il émit un rire et renchérit :

« On va perdre Doum's ici. »

Athénaïs éclata de rire, tout comme Mamadou mais ce ne fut pas pour la même raison. Ils atteignirent leur véhicule et ne tardèrent pas à passer le seuil de leur appartement. Mamadou se laissa guider puis tomber sur le lit qu'il était censé partager avec Ken avant de ronfler bruyamment.

Ken l'avisa d'un œil railleur, les mains sur ses hanches.

« Ca va être infernal, cette nuit, je crois. »

Il coula un regard vers Athénaïs qui l'avait talonné. Comme elle ne réagissait pas, il poursuivit :

« De toute façon, ce n'est pas comme si je n'avais pas l'habitude. »

Athénaïs, après avoir contemplé Mamadou dormir comme un bienheureux le temps de quelques secondes, bâilla à son tour.

« Je ne vais pas tarder non plus ! Bonne nuit, Ken. » souhaita-t-elle à son interlocuteur.

Ils n'avaient pas partagé beaucoup de moments ensemble ce soir, déplora ce dernier, Au moment où elle regagnait sa chambre, Ken ne put se résoudre à la laisser filer entre ses doigts.

« Hey babe, et mon bisou, il est où ? »

Il avait prononcé ces mots sur un ton qu'il espérait être assez léger pour paraître malicieux. Une mimique ironique se dessina sur la figure d'Athénaïs.

« Tu ne trouves pas que tu en as eu assez comme ça pour cette soirée ? »

Malgré son sourire, la jeune femme ne put cacher l'humeur dans sa voix devenue métallique. Interloqué par cette réponse inattendue, Ken peina à comprendre la taquinerie de la jeune femme. Etait-elle... ? D'aussi loin qu'il se souvenait, Athénaïs ne s'était jamais montrée jalouse. Toutefois, elle savait le cacher, se rappela-t-il également.

« T'es jalouse ? »

Le rictus moqueur d'Athénaïs s'élargit.

« Tu te prends pour qui ? » lui retourna-t-elle, avant de tourner la poignée de sa porte.

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