Chapitre 11 (2)

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« T'es où ? »

« Faut qu'on parle. »

Ken s'était réveillé paresseusement. A ses côtés, une jeune femme au corps nu sous les draps de la chambre d'hôtel qu'ils avaient pris en catastrophe la veille. Les SMS et appels manqués d'Athénaïs et le souvenir de sa deuxième partie de soirée avaient le goût de semi-victoire. Il ne l'avait peut-être pas baisée mais celle qui l'avait remplacée s'en était très bien tirée. Et maintenant, Athénaïs pleurait certainement de l'avoir rejeté. Sinon, elle ne l'aurait pas appelé. Quoique... Il chassa les pensées négatives qui venaient lui gâcher sa matinée. Un mouvement du matelas le fit rouler vers sa conquête de la nuit dernière. Les lèvres de celle-ci s'étirèrent en un sourire.

« J'aurais cru que Monsieur Nekfeu se serait enfui. Me serais-je trompée sur ton compte ? Serais-tu plus gentleman que bad boy ? »

Ces phrases prononcées d'une voix rauque mais sensuelle le fit fondre de l'intérieur. Ken se mordit la lèvre inférieure. Sans un mot, il s'approcha et se plaça au-dessus d'elle. Elle le laissa faire, jusqu'à goûter la félicité pour la troisième fois depuis moins de douze heures. Les rumeurs ne mentaient pas à son sujet : Nekfeu était un excellent amant.

De très bonne humeur, ce dernier ne lésina pas sur les marques de tendresse, l'embrassant à pleine bouche, et se laissant câliner sans broncher. Il souriait au dépit que pouvait ressentir Athénaïs à cet instant précis. Et dire qu'elle aurait pu être cette fille à qui il donnait du plaisir ! A cette idée, l'habituel pincement au coeur revint, malgré lui, mais il écarta cette sensation de son esprit. C'était juste bien fait pour elle. C'était tout ce qu'elle méritait.

*

Midi trente. Athénaïs sortit de l'église et se dirigea vers la station de métro la plus proche. Ken ne lui avait pas répondu. Il était sûrement dans les bras d'une autre. Comment lui en vouloir ? Elle lui avait dit « non » tant de fois, et elle l'avait recalée devant Marguerite et Pauline la veille. Rien d'étonnant à ce que sa fierté fût blessée et qu'il ne voulût pas lui adresser la parole. Elle n'insisterait pas. Tout ce qu'il fallait, c'était qu'il s'éloignât et passât à autre chose. Si c'était en couchant avec d'autres... C'était un peu dommage mais tout le monde n'avait pas les mêmes règles. Et tant que la fille était partante, ce qui était assuré dans le cas de Nekfeu-le-beau-gosse-du-rap-français... Elle soupira tout en souriant un peu, en se remémorant le sobriquet ridicule dont les tabloïds avaient affublé son ami. « Le beau gosse du rap français... » souffla-t-elle, ironique. Il n'y avait que Ken pour s'attirer un tel surnom et sauvegarder une entière crédibilité dans le monde du rap.

Marguerite et Pauline lui avaient envoyé des messages à propos de la scène de la veille. Elle avait simplement répondu que Ken était probablement complètement saoul. C'était la seule raison plausible, capable d'expliquer le geste brusque du jeune homme de manière décontractée, sans rentrer dans d'ennuyeux détails.

Une fois rentrée, elle se fit à manger, ce qui lui fit penser à la discussion qu'ils avaient eue sur la route de la boîte. Et dire qu'elle avait été jalouse de Pauline au sujet de Ken ! L'attirance rendait bien bête ! Néanmoins, ce dernier ne répondait pas. Peut-être arrêtait-il de la poursuivre de lui-même ? Elle n'aurait donc plus à le dissuader. Et pourtant, elle avait commencé à s'imaginer le rejeter cette ultime fois. Le dernier « non » qui aurait conclu l'histoire de manière sublime. Et un peu gênante, certes, mais ç'aurait été le point final parfait. Alors que s'il abandonnait maintenant... C'était un peu dommage, rien que pour le côté dramatique de la chose. « Tu te crois trop dans les films, Athé'. C'aurait été horrible de lui dire. » se convainquit-elle avant de vérifier une énième fois son portable. Pas de signe de vie de Ken. Elle fronça un sourcil : et s'il lui était arrivé quelque chose ? Elle tapota de son pouce un message avant de l'effacer. Non, tout allait sûrement bien. Puis elle songea à ces innombrables histoires glauques de personnes qui disparaissaient au cours de soirées alcoolisées pour ne jamais revenir. Alors presque contre son gré, elle envoya un message.

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant