Chapitre 13

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Malgré le beau temps, Athénaïs avait décidé de compulser l'ensemble de la littérature internationale à propos des facteurs prédictifs de gravité du syndrome de Tako-Tsubo en IRM, sujet de sa thèse. Quand elle eut terminé de lire l'un des nombreux articles qu'elle avait répertoriés, elle leva enfin la tête de son ordinateur pour soupirer et laisser ses yeux vagabonder au-dehors. Ce printemps commençait à prendre les couleurs de l'été. Elle s'étira le dos, fatiguée par la position assise. Ken et les autres étaient partis à L.A. sur un coup de tête, deux jours auparavant. Envieuse, elle imagina ses amis au bord de la piscine d'une villa qu'ils auraient loué ensemble. Certaines personnes ne se refusaient rien !... Quand elle en aurait terminé, elle y irait faire un tour, elle aussi. Athénais avait toujours rêvé des Etats-Unis sans jamais s'y être rendue, mais une fois que la thèse serait bouclée, elle se promettait de visiter la côte Ouest.

Elle se leva de sa chaise et mit en marche sa baffle Bluetooth qui ne tarda pas à diffuser la ballade pop qu'elle avait lancée par son téléphone. Elle s'affala sur son canapé-lit et ferma les yeux afin de se laisser porter par la musique. Il s'agissait d'un vieux boysband anglo-germano-néerlandais qui avait connu son quart d'heure de gloire dix ans auparavant, puis était tombé dans l'oubli et s'était séparé tout aussi vite. En fait, il n'avait jamais vraiment connu le succès à part peut-être en Allemagne ou en Pologne, en dépit qu'il eût employé la langue anglaise dans la totalité de ses chansons.

« C'est bête, celle-là est vraiment bien... Je crois que je vais la reprendre un jour, juste pour le plaisir. »

Elle aurait encore à essuyer les tirs de ses « collègues » du monde urbain, mais qu'importait ! Oui, elle aimait la pop, et elle comptait l'assumer. A la fin de la chanson, le court silence fit place à une chanson d'Alizée. Athénaïs sourit : si ses amis savaient ce qu'elle écoutait... ! Les filles, passe encore, mais les garçons ? Athénaïs secoua la tête en riant à cette pensée.

Soudain, la mélodie s'interrompit et la sonnerie de son portable se fit entendre. « Obispo ». Athénaïs leva un sourcil interrogateur alors qu'elle prenait l'appel.

« Allô ?

– Bonjour Athénaïs, c'est Pascal, fit une voix masculine enjouée.

– Oui, bonjour, tu vas bien ? Tu as bien reçu le chant ? »

Elle tutoyait Pascal Obispo et elle devait avouer que c'était une sensation étrange pour elle.

« Oui ! Je voulais t'appeler à ce sujet ! Franchement, on l'a écouté avec Michaël et on est juste... Mais comment fais-tu ?

– ... C'est-à-dire ? s'enquit Athénaïs qui n'était pas sûre de comprendre le sens caché de la question.

– C'est incroyable ! reprit la voix avec emphase. On ne s'attendait pas vraiment à un style gospel, mais vraiment c'est parfait !

– Ah ! fit une Athénaïs rassurée. Eh bien... je suis super contente si ça vous plaît comme ça !

– Dis, il y aurait des moments où tu pourrais te libérer pour faire apprendre le chant aux artistes ? »

Athénaïs resta muette un moment. Avec sa thèse, les moments de liberté se faisaient rares. Le monde de la musique ne savait pas encore pour sa double-vie. Seuls les gars du crew et ses collègues médecins étaient au courant et gardaient le secret.

« Athénaïs, tu es là ?

– Oui, j'étais en train de réfléchir.

– Si tu veux, tu regardes tes dates et puis tu me rappelles ?

– Oui, faisons comme ça !

– Parfait. Ah ! Je te le répète : ton morceau est extraordinaire ; on a hâte de travailler avec toi !... En tout cas, moi, pour ma part, j'ai hâte !

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant