Chapitre 7 (2)

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L'empressement que la jeune femme avait voulu cacher dans sa question était si flagrant que Ken en resta bouche bée. Savait-elle ?... Ou plutôt, fuyait-elle ? Il referma la bouche. Un homme avait l'audace de se déclarer à elle, et elle ne lui laissait même pas l'occasion de s'exprimer ? Dérouté et déçu par cette attitude un peu puérile, il ne trouva rien à répondre.

« On commande japonais ! » décréta Athénaïs de son ton joyeux habituel.

Elle tourna les talons vers le salon où toutes leurs affaires traînaient encore. Elle s'assit sur le canapé après avoir saisi au passage son téléphone qu'elle avait posé sur la table de verre disposée entre le téléviseur et les différents sièges. Alors qu'elle consultait les différents menus, Ken se posta un moment devant elle puis voyant qu'elle ne réagissait pas, il s'installa près d'elle. Le regard porté devant lui, il réfléchissait à la façon d'aborder le sujet sans paraître trop insistant. Il se décida à parler quand Athénaïs le devança :

« Tu veux quoi, Nek' ? Sushi ? Sashimi ? Maki ?

– Sayan...

– Moi, je crois que je vais me prendre des broch...

– Athénaïs ! »

Elle leva la tête vers son ami. Il ne l'appelait que très rarement par son vrai prénom. Son cœur battit plus fort quand elle vit son air sombre. C'était bien plus sérieux qu'elle ne s'y attendait. Elle jura intérieurement et tenta une dernière diversion.

« ... Il commence à être tard. Si on ne commande pas, on n'aura plus rien à manger. »

Ken se mordit l'intérieur de la lèvre en baissant la tête. Elle ne voulait vraiment rien entendre.

« Je prends sushi et maki.

– Lesquels ? » s'enquit Athénaïs, visiblement plus soulagée.

Ken la dévisagea avec un air déconfit. Athénaïs, une lâche ? Il fallait croire. Il prit le parti de s'accrocher un sourire de façade.

« Comme tu veux. »

Athénaïs ne fut pas dupe devant ses yeux restés froids. Elle s'en voulait d'agir de la sorte, mais elle voulait sincèrement éviter de lui dire non.

« OK. » répondit-elle d'un enthousiasme factice.

Avait-elle tort d'esquiver de la sorte ? Elle adressa un large sourire à Ken qui se mit à rire, mais ce n'était pas un rire joyeux. C'était plutôt un rire blasé. Après un court moment de silence, il se leva.

« Tu m'excuses, je vais aller fumer.

– Tu es chez toi.

– Oui, mais tu n'aimes pas la fumée. Je reviens vite fait. »

Ken alla se réfugier à la cuisine tandis qu'Athénaïs resta sur le canapé. Elle s'y recroquevilla, se sentant mal d'avoir plombé la situation. Ce n'était pas de sa faute : elle voulait fuir à toutes jambes. Ken avait beau ne pas du tout être le genre de personnes dont elle tomberait amoureuse, son charme était indéniable. Si elle le laissait faire, elle finirait un jour par lui donner le bon Dieu sans concession.

Devant la fenêtre ouverte sur de hauts buildings scintillants non loin de là, Ken, lui, ne réfléchissait plus. Athénaïs avait une manière très enfantine de gérer les choses. Ou alors elle ne voulait vraiment pas le blesser. Il ne savait plus. De toute façon, avec elle, il n'était jamais sûr de rien. C'était usant.

Quand il revint dans le salon, il retrouva Athénaïs affalée sur le canapé où il l'avait laissée. Son visage mate trahissait une grande lassitude. Il prit l'initiative de ranger le matériel qu'ils avaient sorti. Le voyant faire, Athénaïs se leva pour l'aider.

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