Chapitre 24

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Laure présenta une nouvelle planche qu'elle posa sur son bureau.

« Alors, là, c'est un peu plus habillé sans trop l'être non plus. En fait, la capuche garde l'esprit street tandis que le cardigan fait un peu plus chic. »

Ken hocha la tête d'un air approbateur. Pour ce printemps, ce genre de modèles siérait parfaitement.

Effectivement, Ken avait décidé de faire une pause dans ses projets musicaux personnels. Le temps passant, il avait compris l'intérêt de se diversifier dans ses activités dans un milieu du divertissement où rien n'était jamais acquis, et la mode était un domaine qui l'avait toujours fasciné, rap et apparence allant de paire. Avec ses compères, il avait donc créé une ligne de vêtements au nom de leur label : Seine Zoo Records. A présent que Sayanah avait décidé de sortir de l'underground et de leur donner un peu de force, ils avaient là l'occasion rêvée de poser un pied ferme dans le marché du street féminin. Déjà, la version noire du crop top qu'elle avait arboré au concert de Deen, largement couvert sur Instagram, était en rupture de stock.

« Ce serait cool si Olivia posait pour la marque, tu ne crois pas ? Ca nous ferait un joli coup de pub ! suggéra la jeune femme au carré blond et aux yeux bleus.

— Oui, c'est sûr. Il faudrait déjà qu'elle soit d'accord.

— Aïe, réagit la styliste. Elle ne supporte toujours pas ce qui a attrait à ton boulot ?

— Je ne sais pas. Après, c'est de la mode. Peut-être que pour cette fois, elle sera moins réticente. Mais c'est toujours un peu... délicat, quand il s'agit du crew ou du label.

— Essaie toujours ! »

Ken haussa des épaules. Pourquoi après tout ? Ce serait l'occasion de faire quelque chose à deux, ce qui la contenterait certainement.

« Au pire, si elle boude un peu, tu lui fais un joli cadeau pour la Saint Valentin ? »

A l'énoncé de la fête des amoureux, l'expression du jeune homme aux cheveux bruns qu'il avait (enfin) coupés se mua en une mimique surprise. Il avait complètement oublié l'existence de cette date qui aurait lieu dans... deux semaines, déduisit-il de la date du jour affichée sur son portable, non sans un soupir de soulagement.

« J'avais complètement zappé, reconnut-il.

— Je m'en doutais, fit Laure, malicieusement. Ah, les mecs ! Vous oubliez toujours tout.

— On est mauvais en dates, c'est tout. Vous êtes meilleures que nous pour ça. Les plannings, et tout... On est trop bêtes pour ça, nous.

— Mais oui, ironisa Laure, les yeux au ciel. Un agenda, c'est tellement difficile à remplir ! »

Ken éclata de rire.

« Donc tu nous fais une belle Saint Val' et tu nous la branches ? «

L'homme esquissa une moue tout en titillant sa barbe.

« Qu'est-ce que tu penses qui pourrait lui plaire ?

— Oh, tu sais, ce n'est pas si difficile de nous plaire ! Un repas ? Un voyage ?... »

Un voyage serait une bonne idée, songea-t-il avant de se raviser : non, elle était sans arrêt en déplacement. Peut-être que rester à Paris, pour cette fois, serait plus reposant pour elle. Il hocha de la tête : un rendez-vous romantique à Paris n'était pas ce qu'il y avait de plus difficile à organiser. Une part de lui l'observait faire, circonspecte : c'était qu'il se creusait la tête pour lui plaire, à Olivia, alors qu'ils passaient leur temps à se tromper l'un l'autre. En même temps, que leur relation fût libre ou non ne changeait rien en fin de compte : ils entretenaient un lien privilégié l'un avec l'autre. Donc il devait réfléchir à ce genre de choses stupides comme les Saint Valentin.

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