Chapitre 26 (3)

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Athénaïs jeta un coup d'oeil circulaire au sein de la boîte de nuit. Parmi les derniers rescapés, elle comptait Idriss, Théo (à sa grande surprise), Mamadou, les filles et Ken qu'elle surveillait discrètement depuis quelques minutes. Ce dernier semblait assez mal en point, à en juger de sa posture affalée sur le canapé du carré VIP, tête rejetée en arrière et les yeux mi-clos. Il se passait les mains dans les cheveux comme pour tenter d'émerger. L'arrière-pensée d'un coma éthylique ne pouvait quitter l'esprit de la jeune femme qui restait tous sens en alerte, prête à intervenir. En vérité, la meilleure décision serait de mettre un terme à cette soirée.

Les filles qui étaient allées prendre un verre d'eau au bar la rejoignirent et annoncèrent leur intention de rentrer chez Pauline en Uber.

« Tu viens avec nous ? » proposa d'ailleurs celle-ci au bras d'une Marguerite complètement éméchée.

Athénaïs acquiesça, toujours inquiète à propos de Ken. Elle demanda à ses amies de l'attendre pour informer Théo.

« Ah, vous partez ? réagit celui-ci quand elle parvint à l'atteindre. Nous aussi, je crois qu'on ne va pas tarder.

— Vous rentrez comment ?

— J'ai ma caisse. On va tous rentrer chez Fram's. »

En effet, il valait mieux : il n'était pas sûr que Kheira ou Adèle appréciât leur intrusion à 4 heures du matin dans leurs appartements respectifs.

« OK, nickel. T'es en état de conduire, quand même ?

— Ouais, je suis resté pour veiller au grain. Ils ont bu comme des trous. Le pire, c'est Nek' !

— Ouais...

— C'est son anniversaire après tout.

— Oui, après, là, il m'inquiète un peu. »

Théo dévisagea Athénaïs avant de dévier son regard vers Pauline et Marguerite qui arrivaient derrière elle, lasses de patienter.

« Meuf, tu fous quoi, héla Marguerite. Je suis en train de souffrir la mort avec ces putains de talons d'sa mère l...

— Oui, on y va. » coupa Athénaïs.

Elles étaient ainsi sur le départ quand Théo se rappela soudainement d'un détail. Il apostropha Athénaïs.

« Say' ! J'avais oublié : y'a la caisse de Nek' à récupérer !

— Quoi ?!

— Elle est en parking privé, il va raquer fort si on la laisse là. »

Athénaïs tira une tête de six pieds de long, comprenant le sous-entendu. Elle n'avait pas bu de la soirée mais elle était fatiguée et n'était pas motivée à prendre le volant, pour le coup. Mais quelle idée d'avoir pris sa Mercedes ! Il était idiot ou quoi ?

« Elle est loin, sa voiture ?

— Non, non, c'est dans la rue perpendiculaire

— Bon, on y va ou merde ? » geignit Marguerite.

Athéna soupira.

« OK, je la prends.

— Bah du coup, prends Nek' avec toi. »

Un court-circuit se produisit dans la tête d'Athénaïs. Ken et elle ne s'étaient pas adressé la parole de toute la soirée, comme s'ils étaient en froid. Hélas, le raisonnement de Théo était parfaitement logique. Elle était la seule à être en état de conduire la voiture de Ken.

« OK, se contenta-t-elle de répondre

— Parfait, je raccompagne les filles, proposa Théo, conscient qu'Athénaïs n'était pas ravie de son arrangement.

— Merci, Zer. »

Lesdites filles furent satisfaites d'éviter la peine de se payer un Uber. Leur joie tourna court quand Théo les prévint qu'il y aurait un peu de marche avant d'atteindre la voiture. Ce fut au milieu de leurs plaintes qu'ils prirent congé, après avoir délogé Mamadou et Idriss du carré VIP, non sans mal.

Athénaïs, pour sa part, se chargea de Ken qui, une fois levé, réclama un dernier verre de sa voix légèrement pâteuse. La jeune femme lui retira des mains les deux boissons qu'il tenait déjà contre lui. Par chance, il ne lui opposa aucune résistance. Elle ne tarda pas à le conduire vers la sortie. Les gens, à l'extérieur, étaient tous désorientés par l'alcool, sans prêter aucunement attention à eux. Ils marchèrent jusqu'au parking où elle dut questionner Ken avec patience pour retrouver son véhicule, son ticket et ses clefs.

Ils gagnèrent ainsi la Mercedes noire de Ken et partirent pour Courbevoie. Sur le trajet, la conscience d'Athénaïs lui joua des tours : alors comme ça, elle ramenait un mec chez elle ? Alors qu'elle allait être avec Hary ? Elle n'avait pas eu le choix, se justifia-t-elle. Le pire était que Ken et elle étaient attirés l'un par l'autre. Ils allaient dormir dans le même lit pour la deuxième fois. Si quoi que ce fût venait à se produire, elle lui dirait non mais... Elle se tortura ainsi l'esprit jusqu'à leur arrivée, les légers ronflements de Ken en fond sonore.

Elle n'eut pas trop de difficulté à le réveiller et le faire se lever. Son état, au moins, n'était plus si préoccupant. Ils montèrent chez Athénaïs sans encombre. Dès qu'ils passèrent la porte, Ken se laissa tomber sur le matelas de la jeune femme, qui, non sans un soupir las, prit l'initiative de retirer ses chaussures. Elle en resta là pour le déshabillage. Tant pis, s'il était inconfortable ! Elle ne lui retirerait pas un vêtement de plus.

Elle-même se prépara pour la nuit avec hâte, dut s'habiller d'une nuisette, chose à laquelle elle n'était plus habituée depuis longtemps et put enfin se glisser dans les couvertures que réchauffait déjà un Ken qui avait finalement jeté ses habits — à part son boxer, ouf ! — un peu partout dans l'appartement.

En fermant les yeux, Athénaïs, réconfortée par le fait de retrouver son lit, se demanda si tout cela était bien. Elle eut à peine le temps d'y réfléchir qu'elle sombra dans un profond sommeil.

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant