Chapitre 17

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Après plusieurs jours de tergiversations sur la manière de lui annoncer la fin de leur relation, Ken était fin prêt. Devant l'immeuble, il se murmura quelques mots d'encouragements. Quelqu'un passa devant lui et ouvrit la porte principale à l'aide de son badge. Ken en profita pour se faufiler à l'intérieur du bâtiment. Dans l'ascenseur, la pression en lui s'élevait au même rythme qu'il montait les étages. Etage 15. Il longea le couloir d'un pas vif comme pour s'empêcher de penser à la fuite. Athénaïs valait la peine qu'il se comportât comme un homme. Il lui dirait que tout était de sa faute, qu'il était quelqu'un d'indécis et trop instable et qu'elle trouverait bien mieux que lui.

Il hésita avant de frapper à la porte de sa future ex. Il souffla un bon coup puis se lança. Aussitôt, la jeune femme lui ouvrit.

« Hey ! » fit-elle d'un ton enjoué.

Ken resta immobile. Il avait presqu'oublié combien elle était belle, avec sa peau couleur miel, son éternel sourire et ses yeux noirs expressifs. Remarquant l'air hagard du jeune homme, Athénaïs s'arrêta net dans son geste.

« Ca va ? » lui demanda-t-elle, inquiète.

Ken fit mine de pénétrer dans l'appartement de sa dulcinée qui le laissa rentrer, perplexe. Il s'assit sur le canapé gris, les coudes sur les genoux et la tête appuyée contre ses mains jointes l'une à l'autre.

« Il y a un truc qui ne va pas ?

– Il faut... qu'on parle. »

Athénaïs fronça un sourcil devant ces quatre mots qui n'auguraient jamais rien de bon et s'installa aux côtés du rappeur. Passé un moment, ce dernier soupira et se jeta à l'eau :

« Je... »

Il s'interrompit. Elle leva un sourcil.

« Il y a un truc... En fait... »

Il avait répété mentalement cette scène des milliards de fois mais ses phrases soigneusement travaillées ne semblaient pas vouloir s'extérioriser. Ah, qu'est-ce que c'était plus simple de se faire larguer en fin de compte ! Athénaïs ne bronchait pas un mot tandis qu'il se débattait avec son angoisse, ses mots et sa honte. Le jeune homme ressentit la pression s'abattre sur son cerveau. Que dire ? Comment dire ? Le silence était insoutenable.

« Je... »

...crois qu'on devrait en arrêter là ? Trop brutal.

« En fait, j'ai... »

... réfléchi à nous deux, et je trouve qu'on ne va pas ensemble ? Vu comment il l'avait coursée, ça ne paraissait pas plausible du tout ! Comment lui dire, bon sang ?! Le coeur battant et lassé de lutter, il finit par céder à la panique et dire la première chose qui lui venait à l'esprit :

« Je t'ai trompée. »

Ce n'était absolument pas ce qu'il avait prévu de lui dire !! Ken resta stupéfait par la bombe qu'il venait de lâcher malgré lui. Face à lui, il vit le visage d'Athénaïs se décomposer. En effet, frappée de surprise, Athénaïs tombait des nues. Dans sa conscience résonnaient les mots « Ken » et « trompée » sans qu'un lien ne s'établît de manière logique entre eux. Ken infidèle ? C'était tout bonnement impossible. Il était si loyal, si droit... même si... Elle chercha une porte de secours en fixant les yeux de son petit ami. Malheureusement, les regrets et la tristesse qu'elle y lut la força à reconsidérer la vérité telle qu'elle était : il l'avait bel et bien trompée.

« Ecoute..., fit le jeune homme.

– Non, attends. »

Elle avait besoin de digérer l'information. Donc... Ken l'avait trompée. Comme Thibault. Alors qu'il se targuait d'être meilleur que lui, il n'avait même pas tenu la moitié de sa relation passée ! Quel culot !... Alors que la rage menaçait de poindre, la jeune femme prit une grande inspiration. C'était Ken. Nekfeu. Celui-là même qui se vantait de ne côtoyer que des « avions [de chasse] à la carlingue parfaite. » A quoi s'était-elle attendu, exactement ?

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant