Chapitre 20 (4)

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Leur discussion téléphonique n'avait duré que quelques secondes mais elle avait suffi à rendre Athénaïs plus rêveuse qu'il ne l'avait jamais vue auparavant. Assise face de lui, cette dernière n'avait toujours pas terminé son gâteau au chocolat. C'était presque à lui couper l'appétit, malgré la fonce-dalle.

Pourquoi ? se questionna Ken, accoudé à la table, quelque peu perplexe devant sa propre réaction. Il l'avait coursée et convaincue de sortir avec lui pour un temps par amour de la chasse et par besoin de se consoler après le crève-coeur que lui avait fait subir Olivia, puis il s'était lassé et l'avait laissée tomber. Son admiration pour elle n'avait pas tenu face à l'empire qu'exerçait son ex sur lui, alors pourquoi son coeur battait-il plus fort qu'à la normale, venant troubler toutes ses certitudes ? Il était vrai que physiquement, Athénaïs et lui avait quelques atomes crochus. Il la trouvait belle, elle et sa peau couleur café au lait, et ses yeux en amande, d'un noir intense et expressif. Néanmoins, lors de leur relation, son humeur égale l'avait ennuyé comparé au caractère cyclonique d'Olivia. Alors pourquoi ?...

« Ken, ça va ? »

Il revint à la réalité.

« Oui, j'étais perdu dans mes pensées.

— Tu étais en train de méditer sur le repas excellent que tu viens de manger ? plaisanta Athénaïs, en appuyant ostensiblement sur le mot « excellent ».

— Oui, fit Ken en riant. Ca m'a bien calé. »

Athénaïs se fendit d'un sourire satisfait.

« Cool ! »

Ken lui retourna le sourire et baissa le regard un instant. Satanés battements de coeur !

« Sinon, quoi de neuf dans ta vie ?

— La thèse, la thèse... la thèse et la thèse ! Je l'ai avancée pour finir plus tôt et me consacrer enfin à la musique.

— Ouais, Deen m'a dit. C'est super cool ! Tu pourras crasher nos concerts à ton tour.

— J'y compte bien ! Même si ça me stresse... »

Il eut un sourire amusé : elle n'était pas du tout forgée comme eux, qui vivaient pour la scène avant tout.

« Tu vas voir, tu vas prendre goût à la foule. Une fois que tu te jetteras dedans, tu verras que c'est la sensation la plus merveilleuse du monde. »

Athénaïs haussa les épaules.

« J'espère ! fit-elle avec enjouement. En fait, j'appréhende, mais j'ai surtout hâte ! »

Le regard malicieux qu'elle lui lança le fit frémir de... de quoi ? Non, il ne pouvait... Non, ce n'était que l'attirance physique qui prenait le dessus. Ou de l'attendrissement. Oui, c'était cela : il la trouvait mignonne, tout simplement.

Le portable d'Athénaïs vibra contre la table, piquant la curiosité de Ken au vif. Il essaya de lorgner l'écran mais ne put lire quoi que ce fût, cette fois. Athénaïs, elle aussi, avait réagi au quart de tour et s'était jetée sur son mobile avant de se calmer et reposer ce dernier, non sans avoir tapé une réponse rapide.

« Tu attends quelque chose de spécial ? lui demanda le jeune homme d'un ton faussement badin, tout en désignant de son menton le téléphone.

— ... Non ? rétorqua-t-elle, avec un petit sourire qui disait bien long.

Ken ne put s'empêcher de serrer la mâchoire, malgré l'air content qu'il s'efforçait de garder. Elle ne dirait rien, comprit-il, avant de s'interroger sur la soudaine frustration qui l'envahissait.

" Non. "Où les histoires vivent. Découvrez maintenant