Chapitre 33 (3)

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Les baisers qu'ils partagèrent furent brefs mais la douceur et l'intention qu'ils y mirent pallièrent à la courtesse de ce moment hors du temps. Cet instant de connexion où ils semblaient pourtant à peine se toucher était plus émouvant que tout ce que Ken avait pu connaître d'intime avec qui que ce fût. La retenue inhabituelle d'Athénaïs lui rappela les baisers de leur relation avortée. Ce qu'il avait autrefois pris pour de la froideur et un manque d'attachement était donc de la peur, comprit-il. De toute évidence, son erreur n'aidait pas les circonstances, mais elle était encore là, sa princesse au coeur de glace. Il se promit : il n'échouerait pas, cette fois.

C'est pourquoi lorsqu'elle s'écarta de lui, le regard soudainement distant, il n'insista pas et se contenta de lui planter un dernier bisou sur la joue avant de nicher sa tête dans son cou tandis qu'elle enroulait ses bras autour du sien. Il ne lui répéta pas les deux fameux mots même s'ils se bousculaient dans son coeur et dans sa bouche. Il s'empêcha de l'embrasser à nouveau quand ils se refirent face.

Il la laisserait venir à lui petit à petit. Elle l'avait embrassé sans crier gare, c'était déjà quelque chose de grand.

Elle lui proposa de reprendre un verre, au bar situé non loin d'eux. Mamadou ne tarda pas revenir et à se joindre à eux.

Ils sortirent du prestigieux hôtel vers deux heures du matin et déambulèrent encore un peu, égayés par l'ambiance festive qui régnait dans la ville.

Las Vegas ne dormait véritablement jamais. Ses rues étaient animées comme à midi. Ils passèrent ainsi dans plusieurs casinos, s'arrêtèrent à un restaurant pour grignoter, puis flânèrent dans les parcs botaniques du Bellagio.

Ce ne fut qu'à quatre heures du matin qu'ils parvinrent à leurs portes. Mamadou souhaita une bonne nuit à Athénaïs avant de jeter un coup d'oeil taquin à son ami et gagna sa chambre. Ken resta face à la porte que son acolyte aux cheveux dreadés avait laissée entrouverte. Il aurait aimé rester auprès de sa Malgache préférée mais il se figurait bien mal forcer le passage vers sa chambre. Comme il saisissait sa poignée de porte, il l'entendit déclarer :

« C'est fou, je n'ai vraiment pas sommeil. »

Haussant un sourcil ahuri, Ken pivota la tête vers la jeune femme qui s'apprêtait à insérer la carte dans le verrou de la porte. Elle devait avoir lancé cette phrase sans véritable arrière-pensée.

« Moi non plus. » tenta-t-il.

Un sourire énigmatique orna le visage d'Athénaïs. Elle avait ouvert sa porte mais ne fit pas mine de rentrer. Elle semblait hésiter. Enfin, elle se décida :

« Tu veux traîner encore un peu ? Mais juste traîner. Pas autre chose. »

Ken eut un large sourire. Il avait eu raison, de tant persister.

« Et tu dors chez toi. »

Il rit.

« Bien reçu, répondit-il. Par contre, j'aurais vraiment besoin d'une douche. Il fait vraiment trop chaud.

— Oui, vas-y. Moi aussi, j'en ai besoin d'une.

— J'arrive juste après. »

Quand Mamadou aperçut le Grec passer le palier de la porte, il soupira.

« Bon, qu'est-ce qui s'est passé encore ? râla-t-il.

— ... Rien ?..., s'ébahit Ken.

— Qu'est-ce que tu fais encore là, alors ? »

Ken comprit où Mamadou voulait en venir.

« Je prends juste ma douche mais je repars voir Athé' après.

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