Chapitre 27 (2)

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Sa tasse arrêta sa course un moment, alors qu'il s'était stoppé net dans son geste. C'était la suite logique des évènements mais c'était une phrase qu'il aurait voulu ne jamais entendre. Et plus que cette phrase, ce prénom commençait à l'insupporter profondément.

« Je ne peux pas te permettre ce genre de choses. »

Ken se mordit la lèvre inférieure, puis hocha la tête. Mais son visage rembruni n'était pas de bon augure, pressentit Athénaïs qui scrutait son ami avec appréhension. Il prit une gorgée de son café, prit un temps pour assimiler sa boisson et les dires de la jeune femme puis déclara :

« Donc en fait si je comprends bien, quand t'es célibataire, tu prends tout : tu te laisses enlacer, tu te laisses même embrasser contre un mur mais une fois que t'es posée avec ton ingénieur plein aux as, ça y est, tu joues la prude et tu redécouvres tes principes ? »

Athénaïs, abasourdie par les paroles de Ken, resta béate d'ahurissement un moment. Elle aurait cru entendre Thibault. Les mecs étaient véritablement tous les mêmes ! Mais elle ne se laisserait plus manipuler. Il fallait garder contenance. Calmement, elle répondit :

« Résister n'est pas toujours facile, même pour quelqu'un comme moi. En revanche, quand je suis célibataire, je suis célibataire. Quand je suis en couple, je suis en couple. »

L'éclair d'ironie qui traversa le regard noir intense de la jeune femme n'échappa pas à Ken qui comprit ce à quoi elle faisait allusion. Piqué au vif dans son ego, il contracta les mâchoires en reposant sa tasse.

« T'es une belle hypocrite. »

Athénaïs se retint de répliquer vertement, bien que la critique l'égratignât dans son amour-propre. C'était une perte de temps. En outre, cette discussion désagréable devait survenir un jour ou l'autre. C'était peut-être ce qui l'attristait le plus. Remarquant qu'il échouait à la faire réagir, Ken eut un rire amer.

« Hak's avait raison à ton sujet. T'es une petite princesse qui prend et qui jette dès qu'elle a trouvé un gentleman en carton mais pété de thunes. Seulement, contrairement aux autres qui s'assument, toi, tu ne t'assumes pas. »

Quelle mauvaise foi ! s'insurgea intérieurement la jeune femme qui ne parvenait pas tout à fait à faire fi des critiques de son « ami ».

« Je t'ai jeté, comme tu dis, parce que tu m'as trompée, hein, on n'oublie pas ! » rétorqua-t-elle.

Et elle se fichait bien de l'avis de Hakim, tiens ! Ce garçon ne la portait pas dans son coeur depuis son entrée dans le crew. On ne pouvait plaire à tout le monde !

« Tu m'étonnes ! retourna Ken, plus fort. Tu mets tellement de restrictions quand tu es en couple, c'est limite plus facile de niquer avec toi quand t'es « célibataire », comme tu dis ! »

Touché. Athénaïs serra les dents pour éviter de craquer mais cela devenait pénible. Elle tenta de sauvegarder le peu de sang-froid qu'il lui restait mais il poursuivit.

« Tu fais la fille aux nobles sentiments alors qu'au fond, t'es comme toutes les autres, cracha Ken. Faut juste jouer au con qui ne s'attache pas pour que tu fasses la p'tite chaudasse. Tes principes, c'est complètement du pipeau. Des conneries ! »

OK, c'en était trop.

« Sors.

— La vérité blesse, hein ? » persifla Ken avec un rictus mauvais.

Elle le considéra sans mot dire, les larmes lui montant aux yeux silencieusement sans qu'elle ne trouvât un moyen de les endiguer. Quelque part, il avait raison : tous ces reproches n'étaient pas nouveaux, elle se les était faits bien avant lui. Et Thibault avant elle. Cependant, ce qui la blessait le plus, c'était que ce fût lui, lui qui l'avait vue plusieurs fois vulnérable, lui à qui elle s'était confiée, qui la jugeait.

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