Le jour fatidique était arrivé. Pour la première fois depuis bien longtemps, Ken stressait réellement pour un rendez-vous. Il avait planifié toute la soirée : l'exposition, l'apéritif sur les quais de la Seine et le restaurant. Dans le miroir, il ajusta sa veste noire. Ses cheveux étaient rejetés en arrière. Une fois prêt, il se regarda dans les yeux. Athénaïs n'avait pas renvoyé de message depuis deux jours. Elle avait très certainement passé une soirée formidable, la veille, en compagnie de son gentleman d'ingénieur malgache. Tellement formidable qu'elle l'avait complètement oublié. Elle avait raison : il valait mieux qu'ils s'oubliassent et lui devait avancer avec Olivia. Son portable sonna, le sortant de ses pensées. Idriss.
« Ouais ?
— Ouais, gros, désolé, je sais que c'est pas le moment mais t'es encore chez toi ?
— J'allais partir.
— Ah mince, on peut passer chez toi récupérer la table de mixage ? Jules n'a pas de créneau jusque la semaine prochaine, mais nous on part à Bordeaux pendant une semaine, après, du coup on voulait poser un truc vite fait avec Diabi, mais il est pas disp...
— Oui, mais vous êtes loin ou bien ?
— Non, non on est tout près ! T'inquiète, frère, on se magne !
— Ouais, parce que je dois pas être en retard cette fois...
— Ouais, ouais, t'inquiète, gros.
— OK, arrivez vite.
— Ouais, merci khouya. »
*****
Ken avait senti le piège venir. Il connaissait ses gars mieux que personne. Il savait que l'heure n'était jamais vraiment l'heure, entre eux.
Peut-être avait-il eu envie d'arriver en retard, sans le vouloir ? Peut-être que ce sabotage de Saint Valentin avait été un désir de son subconscient ? Toujours était-il que plus d'une heure et demie s'était écoulée depuis l'heure supposée du rendez-vous lorsqu'il avait arrrêté sa Mercedes devant l'immeuble du quartier cossu où résidait sa mannequin.
« T'es en retard. »
Face à lui, des yeux noirs étincelants de colère sur un visage poudré, sans imperfection. Dans sa robe vert jade fluide, Olivia était sublime. Ses cheveux bruns retombaient en une cascade bouclée au fer sur ses épaules. Ses fines jambes étaient recouvertes d'un voile noir qu'il aurait soudainement envie de retirer une fois qu'ils auraient passé la porte du vestibule blanc pour atterrir sur le canapé du salon. Mais Olivia ne semblait pas du même avis que lui.
« Une demi-heure ou même une heure, passe encore ! s'écriait-elle. Mais deux heures, Ken ?! Vraiment ?
— Mais...
— C'est vraiment du manque de respect ! En plus, ça a encore à voir avec tes amis, ton putain de studio, ton putain de label ! Je n'en peux plus !
— C'est pas de ma faute..., tenta ce dernier
— Non, Ken ! l'interrompit la jeune femme, d'un ton véhément. Avec toi, ce n'est jamais de ta faute, alors que si ! Tu aurais pu leur dire de passer un autre jour !
— Mais en fait, Idriss et Hakim partent à Bordeaux et Diaby n'était pas...
— Mais ils sont grands, tes amis, non ?! s'exclama Olivia. Ils pourraient très bien se débrouiller sans toi, mais comme un con, tu te laisses faire !... C'est à croire qu'ils ne savent rien faire sans toi ! »
Ken soupira pour éviter de riposter vertement. Il ne supportait pas que l'on attaquât ses amis.
« De toute façon, toi, c'est toujours tes potes ! Tu n'as aucun caractère ! » tonna la mannequin, en appuyant ses mots d'un regard dur qui le balaya de la tête au pied.
Un claquement de porte lui répondit. Dans le couloir qui le menait jusqu'à l'ascenseur, Ken se pinça l'arête du nez pour endiguer l'arrivée de l'inévitable migraine. Et voilà : il avait encore fui. En même temps, elle n'avait pas à le traiter de cette manière ! Malgré l'argumentaire qu'il essayait d'échafauder afin d'empêcher toute once de culpabilité de s'emparer de lui, il ressentait bien qu'il n'avait pas beaucoup protesté devant ses amis. C'était vrai qu'ils étaient un peu envahissants.
Une fois dans sa voiture, il faillit envoyer un message de complainte à Idriss mais se ravisa. Cela ne servait à rien. Olivia avait raison : c'était bien lui qui avait permis à ses gars de gâcher son rendez-vous avec elle. Il souffla un bon coup, comme pour évacuer cette sensation d'avoir mal agi et oublier.
Il devait décommander un certain nombre de choses. « Tu aurais pu insister, quand même. » fit sa voix intérieure alors qu'il composait le numéro des prestataires qu'il avait contactés pour cette soirée.
Sans vouloir le reconnaître entièrement, quelque part, il n'était pas si fâché de la tournure que prenait la situation. Sur ce point, tout de même, Athénaïs n'avait pas tort : quand les choses n'étaient pas censées être, elles se défaisaient d'elles-même. Athénaïs... Il avait bien envie de la voir. Ou du moins de l'appeler. Elle devait encore être en train de travailler. La tonalité se coupa et une voix se forma à l'autre bout du fil.
« Oui, bonjour. Ce serait pour annuler une réservation... »
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" Non. "
FanfictionBeau-gosse-du-rap-français. Ce surnom lui collait à la peau. Bad boy aux mille et une conquêtes, Ken, plus connu sous le nom de Nekfeu, jette son dévolu sur chaque fille qu'il croise, jusqu'à ce qu'il la rencontre, elle. Rappeuse au parcours atypiqu...