Chapitre 24 (4)

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« Quand même, Nek', tu abuses. Tu t'es donné tout ce mal pour rien ! »

La voix douce d'Athénaïs dans son portable était assurément la meilleure manière de l'apaiser.

« Oui, je sais. Mais je crois que je n'étais pas prêt.

— Pourtant tu l'aimes, non ? »

Ken n'évita pas le silence qui suivit la phrase de la Malgache. Pourquoi lui mentir ? De toute manière, elle le connaissait trop à présent. Il n'était plus à une révélation honteuse près.

« Après, c'est vrai que si tu es encore flou dans tes sentiments, c'est normal que tu ne te sentes pas à l'aise. »

Comme à chaque fois qu'ils parlaient d'amour, il aurait eu envie de se déclarer. Mais comme à chaque fois aussi, il ravala ses mots par égard pour leur amitié. Elle en aimait un autre. Il ne devait pas la mettre en difficulté, d'autant plus qu'il ne savait pas ce qu'il voulait réellement. L'air de rien, abandonner les relations sexuelles, c'était compliqué.

« Ca te dirait de passer à la maison quand tu auras fini ? »

L'envie de la voir surpassait ses scrupules.

« Eh ben, tu es aussi déprimé ? fit Athénaïs avec un sourire qui se perçut dans sa voix. Tu es sûr que tu ne devrais pas la rappeler, plutôt ?

— Pour qu'elle me prenne la tête ? soupira Ken.

— Avoue que tu l'as cherché : tu es toujours en retard.

— Allez, viens. On mangera des sushis. »

Il sentit son hésitation.

« Avec des brochettes, juste pour toi, rajouta-t-il, taquin.

— C'est pas juste, Nek'. C'est déloyal, ce que tu fais.

— Et de la bonne sauce soja et le gingembre rose que tu kiffes tant.

— En plus, je n'ai rien à manger chez moi, se plaignit la jeune femme. Il faut que je fasse les courses.

— Sauf si tu passes !

— Nek', tu es saoulant quand tu t'y mets.

— Je te ferai du riz grâce à mon rice-cooker de l'espace ! »

Il l'entendit souffler. Il sut qu'il avait touché une corde sensible.

« Alors ?

— T'es énervant, je passe dans une heure. »

Une heure pile plus tard, elle sonna à l'interphone. Ken lui ouvrit la porte principale et prit une seconde pour se regarder dans la glace de la porte de sa salle de bains. Il avait laissé tomber la veste mais avait gardé sa chemise blanche et son pantalon noir. « Qu'est-ce qui te prend ? » s'interrogeait-il en s'éloignant du miroir pour aller à la cuisine. Il ne devait pas nourrir l'espoir d'une soirée où Athénaïs se rendrait compte du lien particulier qu'ils entretenaient.

Cette dernière poussa la porte à l'instant précis où il s'ouvrait une canette de bière.

« Salut !... Oh ouais, moi aussi, j'ai besoin d'alcool, là ! fit-elle en balançant sac, manteau et chaussures sous les rires de son hôte.

— Dure journée ?

— Pire que ça ! Déjà que je me suis tapée un rendez-vous de deux heures avec mon chef pour ma thèse, j'ai aussi  passé un temps fou à corriger mon Power Point pour ma présentation de lundi !

— Mais on est vendredi, nota Ken. Tu aurais pu faire ça tranquillement ce week-end. »

Athénaïs lui jeta un regard éloquent.

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