Un homme, un vrai, ne pleurait pas.
Au rez-de-chaussée, Ken ne s'était pas résolu à sortir du studio et s'était laissé tomber sur le canapé sur lesquels les gars avaient l'habitude de s'installer pour jouer à FIFA ensemble. Il avait entendu la crise de larmes d'Athénaïs, une fois qu'il était parti de la salle de console. C'était foutu avec elle. Elle aimait encore Thibault. En plus, il venait de la faire pleurer. Le coeur lourd, il poussa un soupir à fendre l'âme. Il s'en voulait terriblement mais ç'avait été plus fort que lui. Cette rancoeur qu'il avait contre cet énergumène couvait depuis trop longtemps, et se savoir en compétition avec un tel déchet le faisait enrager.
« Bah maintenant, je ne suis même plus en compétition avec lui. » marmonna-t-il, amorphe sur le canapé.
Il aurait pu quitter le studio mais il ne souhaitait pas laisser Athénaïs seule dans cet état. Même s'il sentait bien qu'il allait se faire recaler une énième fois
Il avait laissé la pièce plongée dans l'obscurité pour rester en phase avec son humeur morose. Il eut envie de se griller une cigarette, ce qu'il fit à la petite cuisine attenante dont il alluma la lumière. Quand il ouvrit la fenêtre, une bourrasque humide lui balafra le visage. Il pleuvait. Il s'affala plus qu'il ne s'assit à la table contre le mur de la fenêtre, et aspira la fumée goudronneuse tout en se figurant le regard légèrement accusateur d'Athénaïs qui n'appréciait pas du tout que lui et les autres fumassent. Pourtant, en termes de poison, elle s'y connaissait bien mieux que lui. « "L'amour : le sérum et le venin, vu qu'on aime avoir mal ", hein ? » pensa-t-il, en référence à un de ses propres titres, Risibles Amours. Poursuivre une fille qui ne voulait pas de lui et lui préférait un goujat, certainement, c'était ridicule.
Athénaïs... Un sourire amer s'esquissa sur son visage. Elle portait bien son prénom. Un bout de phrase lui vint en tête, de manière inopinée. Il se saisit alors de son portable pour le noter. En le relisant, d'autres mots et figures de style se présentèrent à son esprit. Il s'efforça de les écrire en faisant rimer les différents termes les uns avec les autres. Peu à peu, il oubliait sa peine et s'imprégnait du texte qu'il rédigeait, hochant la tête sur un rythme imaginaire. Ce serait un bon défouloir de l'enregistrer un jour.
Du mouvement à l'étage du dessous le sortit de sa torpeur. Athénaïs devait avoir terminé. Il regarda l'heure : deux heures et demi du matin. Elle n'avait pas duré longtemps après leur dispute. Le jeune homme s'en voulut : il aurait mieux valu en effet qu'il ne fût pas venu. Il se leva de sa chaise, prit le cendrier pour le vider.
Athénaïs avait remarqué la lumière de la cuisine et l'odeur de la fumée qui était passée dans le petit salon par la porte ouverte de cette dernière lui avait fait comprendre que le rappeur était encore présent. Elle avait une forte envie de s'en aller sans lui accorder une seule minute, mais elle trouva cette attitude assez incorrecte alors elle se fit violence et passa le pas de la cuisine où elle trouva Ken en train de refermer la fenêtre. Ils se toisèrent dans un silence que seul le bruit de la pluie qui s'écrasait sur la vitre troublait. Ken baissa les yeux le premier.
« Je suis désolé. »
Athénaïs resta stupéfaite à ces mots. Un homme était-il réellement en train de lui présenter ses excuses ?
« Je n'aurais pas dû te parler de Thibault. Ni...
– Oui, franchement, tu n'avais pas le droit, l'interrompit-elle avec vivacité.
– Oui, justement, je suis en train de te dire que je suis..., reprit Ken, un peu plus vivement.
– Je sais que je fais des erreurs, enchaîna-t-elle sans attendre que son interlocuteur eût fini, mais c'est ma vie, et tu n'as pas à me juger sur ce que je fais.
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" Non. "
FanfictionBeau-gosse-du-rap-français. Ce surnom lui collait à la peau. Bad boy aux mille et une conquêtes, Ken, plus connu sous le nom de Nekfeu, jette son dévolu sur chaque fille qu'il croise, jusqu'à ce qu'il la rencontre, elle. Rappeuse au parcours atypiqu...