Linéaire : Le Royaume perdu

Chapitre 77

Lorsque j'arrive le prince est déjà présent et même changé, comme la veille il a troqué ses chemises pour un tee-shirt noir et un jean bleu foncé. Lorsque je le retrouve il sourit et je déclare :

- Que faisons-nous ici très cher ?

- Je crois qu'une petite ballade secrète s'impose ma chère.

Je crois que se comporter comme des enfants est une manière pour nous de ne pas nous crier dessus et de pour passer de bons moments. Alors avec un sourire joueur je lui réponds :

- Oh vous pensez que nous n'allons pas nous faire rattraper ?

- On va dire que nous avons quelques espions qui nous permettent cette évasion.

- Alors si nos arrières sont assurés je veux bien vous suivre très cher !

Il m'attrape la main et nous partons par la porte vitrée. Il me fait suivre un tout petit chemin que je n'avais jamais remarquer avant de nous faire aller vers deux chevaux. Il m'aide à monter sur un des deux et nous partons à toute vitesse vers le bois. Seul le chant des oiseaux et le vent résonne autour de nous et je profite de cette journée ensoleillée laissant Adriel me guider.

Plus nous avançons et plus je reconnais les lieux, on s'enfonce doucement dans la forêt mais très rapidement je comprends que les lieux ne me sont pas inconnus car j'y passais très régulièrement à une certaine période. Un grand stress monte en moi. Il ne faut pas qu'on se retrouve en ces lieux. Si jamais nous y allons je ne sais pas comment je vais réagir. Mais là je n'ai qu'une envie c'est de faire demi-tour, aller autre part. Mais ce n'est pas son avis.

Adriel m'adresse un regard et je tente de ne pas montrer mon appréhension ce qui semble marcher mais il continue d'avancer dans cette direction. Nous continuons d'avancer et plus on se rapproche et plus je me sens mal à l'aise. Alors que je vois les décombres de la vieille maison je me tends mais ne dis rien. Je ne peux pas lui expliquer cela. Il descend et je fais de même partant attacher le cheval à un arbre.

- Tu connais cet endroit pas vrai ? il me demande cela avec douceur en s'approchant de moi.

- Effectivement. Pourquoi m'emmener ici.

Doucement il attrape main et m'entraine sous le grand sol pleureur où il me fait assoir lui derrière moi. Il y a quelques minutes de silence et je me rends compte qu'en deux ans ce lieux est devenu paisible alors qu'il représentait mon enfer.

- J'ai acheté ce lieu il y a un an. J'ai pour projet de m'y faire construire une maison où je pourrai échapper à la pression de la cour et de mon titre... Lorsque ton frère m'a parler de ton histoire j'ai mis un peu de temps à faire le lien avec cet endroit... En fait j'y ai pensé hier.

Ses bras m'entourent alors que je repose ma tête contre son tors. Il me sert contre lui comme pour me prouver que rien ne peut m'arriver avec lui. Et étrangement cela fonctionne très bien.

- Je sais que tu ne veux pas m'en parler mais...je voulais que tu saches que cet endroit aura une toute autre fonction dans peu de temps...

Je reste sans parler quelques secondes et alors qu'il allait parler je dis d'une petite voix.

- Ils me frappaient, et celle qui devait s'occuper de mon éducation ne disait rien. La moindre petite chose que j'oubliais, la fausse note, le fait que je ne me tienne pas parfaitement droite...un rien était bon pour avoir une correction...Puis la bonne femme est morte et cela a empiré...ça...ça a commencé par...par de simples gestes, des attouchements...et un jour...

- Tu n'es pas obligée de continuer Lynn.

- Un jour il a tenté de me violer...J'ai attrapé un couteau qui été à ma porté et je lui ai planté dans le cou. Il a fallu que quelques secondes avant que ces yeux perdent leurs étincelles de vie...C'est à ce moment là que je suis retournée avec ma famille...

Je ne pleure pas, j'ai dit tout cela d'une voix monotone et vide de tous sentiments. Fixant cette maison, mon enfer. Le prince me serrait fort contre lui. J'était simplement ailleurs, dans une bulle loin de là me protégeant et ayant pour seule accroche au monde réel ses bras. Je ne sais combien de temps nous sommes restés ainsi dans le silence.C'est lorsqu'il embrasse doucement mon cou que je reviens doucement à la réalité. Je le laisse faire n'ayant plus la force de me battre.

- Lynn ?

- Oui ?

- Ce n'est pas de ta faute. Tu t'es défendue...

- Je ne veux plus en parler Adriel. C'est bien si tu offres à ce lieu une nouvelle chance...

Je me détache doucement de lui et me lève. Il reçoit un message et à sa tête je comprends que nous devons rentrer. Alors sans un mot nous reprenons le chemin en direction du château.