Chapitre 79

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Nous avons été séparés toute la journée avec Adriel. Je viens de laisser le groupe de chercheurs qui m'accompagne dans ce voyage. Je n'ai pas le temps de me changer avant l'interview. Les journalistes devront se contenter d'une chemise blanche et d'une jupe bordeaux. J'arrive dans une antichambre où Adriel me rejoint. Il dépose un rapidement un baiser sur mon front avant de déclarer :

- Ils vont te poser une quantité énorme de questions. Tu n'es pas obligée de répondre à toutes...

- C'est bon Adriel je vais m'en sortir. Ne les faisons pas plus attendre.

Nous sommes entrés dans la salle. Des caméras, des micros et beaucoup de journalistes. On s'installe sur nos chaises, les questions fusent et nous y répondons. L'annonce de mon départ à déclenché de nombreuses questions dans tout le royaume. Cependant une retient mon attention.

- Comment gérez vous le fait que beaucoup de personne ne souhaite pas votre départ organisant des barrages tout autour du château ?

Je ne montre pas surprise gardant un visage sérieux bien que chaleureux avant de répondre :

- Je savais que cette question allait être posée et je souhaite profiter de cette interview pour parler à tout le peuple d'Endalya, car je sais que cela paraît surprenant suite à mon retour récent. On m'a sollicité pour leur venir en aide, c'est une proposition que j'étais en droit d'accepter ou de refuser, j'ai accepté. Je l'ai fait car je suis en mesure de les aider, comme je me suis impliquée dans mon quartier, avec mon peuple depuis toute petite. Et malgré le fait qu'il y ai encore beaucoup de choses que je souhaite faire ici, le royaume de Nurry a besoin de plus d'aide que nous. J'ai passé ma vie dans l'un des quartiers les plus pauvres du royaume, nombre d'entrevous connaissent les conditions de vie qu'il y a. Alors fermez les yeux et imaginez que vous vous trouver dans des conditions bien pire que celles-là. Que la maladie ravage chaque ville, de la nature vous est totalement hostile et que malgré tout ce que tente le gouvernement pour vous aider rien y fait.... Et si, à ce moment-là, on vous dit que de l'autre côté de l'océan il y a une personne qui peut vous aider ? Une personne qui peut apparemment rassembler des chercheurs, des médecins, des humanitaires pour enfin vous venir en aide. Seulement, la seule chose qui vous empêche de recevoir cette aide, c'est le peuple où cette personne vit. Refusant de la voir partir... Si je vous dis cela ce soir, c'est pour que vous vous rendez compte que pour le peuple de Nurry je suis cet espoir de voir leurs conditions de vie s'améliorée et reprendre une vie normale. J'ai fait mon choix, au moment même où on me l'a proposé. Même si je ne sais pas quand je vais rentrer, même si cela peut ressembler à un sacrifice. Je souhaite me rendre dans se pays. Pas par pitié, pas pour de la politique ou des alliances quelconques. Mais car je fais partie du peuple Endanlien, et surtout car avant cela je fais partie du peuple des petits, des pauvres, et qu'il est de mon devoir d'aider ce peuple vivant aux quatre coins du monde. Alors oui, cela fait peur, oui je laisse mon pays pour un temps. Je sais que cependant que je reviendrai, et je sais aussi que durant mon absence de nombreuses choses vont se dérouler, des bonnes comme des mauvaises. Mais faites confiance au gouvernement, au moins au prince...je le vois travailler tous les jours, pour que vous ayez un monde meilleur. Faites lui confiance comme vous avez eu jusque là confiance en moi. Je ne serai jamais bien loin, je ne suis pas prisonnière. Je me bats pour mon peuple, celui de mon cœur, celui pour lequel j'ai œuvré depuis toujours. Un jour je reviendrai, que ce soit dans une semaine ou dans des années. Mais laissez-moi partir.

Je m'arrête là, nous finissons la conférence et je rejoins rapidement Ariston et Diane qui m'attendent pour me préparer, laissant Adriel faire de même de son côté. J'ai passé une heure et demie à me préparer en rigolant avec le couple. La robe est totalement transformée même si elle garde un petit quelque chose de puissant qu'elle avait avant, ce petit truc qui m'a donné envie de la porter.

Nous avons profité de nos derniers moments et je leurs ai dit au revoir le cœur serré. J'ai fais de même avec Lucie et George ainsi qu'Anastassia ce matin. Stressés j'avance vers la salle de bal. Cette soirée est en mon honneur, c'est une superbe attention, mais cela m'oblige aussi à être parfaite et je ne le suis pas.

Dans une antichambre j'attends le prince. Il entre portant sa couronne fièrement, un costard noir le rend plus que beau. Nous nous regardons et je sais que c'est notre dernier moment à nous deux seulement.

Je le regarde s'approcher sans un mot. Il attrape ma main délicatement et son autre main se pose sur ma joue alors que nos regards s'accrochent l'un à l'autre.

- Tu es magnifique...

Je lui réponds par un petit sourire en rougissant.

- Lynn ?

- C'est moi.

- Je...Promet-moi de faire attention à toi là bas...

- Promis Adriel et toi prends soin de toi et du royaume.

Il me prend dans ses bras serrant fortement sa tête dans mon cou, nous restons comme cela quelques minutes avant de devoir nous séparer, il embrasse mon front. Main dans la main nous entrons dans la salle de bal. Il me fit descendre les escaliers et nous place au centre de la pièce, face à face, il met sa main sur ma taille et la mien se dépose sur son épaule. Les yeux dans les yeux, la musique commence et nous débutons notre danse, tous les regards sur nous et pourtant je ne les ressens pas. Il y a juste lui et moi, personne d'autre.

Nous dansons son front se retrouve contre le mien, des sourires gravés sur nos visages. La musique se termine et nous nous retrouvons séparés.

J'enchaine les danses avec des dizaines de danses sans pouvoir m'échapper. Je fini par me retrouver face au roi qui m'entraîne dans une nouvelle danse.

- Cette robe est magnifique, dommage que je connaisse son origine.

Je me tends automatiquement. Même les mots cruels de certaines personnes me rappelant que je n'ai pas ma place ici n'ont pas réussi à m'atteindre.

- Je ne pouvais pas ne pas la porter....

- Je connais votre famille, vous êtes comme votre mère Lynn et je ne vous laisserai pas faire ce qu'à fait votre mère il y a trente ans. Je suis heureux que vous nous quittiez.

La musique s'arrête et j'ai perdu mon sourire. Je m'éloigne rapidement et rejoins les filles que j'ai vu dans un coin de la pièce. Nous passons le reste de la soirée ensemble avec quelques interruptions. Puis l'heure de changer d'heure arrive. Je me retrouve sur les escaliers face à cette foule de personnes, Adriel à mes côtés, ses mains se posent sur mes hanches, mes mains sur son tors nous nous fixons décomptant les dernières secondes de cette année, mais aussi nos derniers moments ensemble.

Linéaire : Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant