Chapitre 72

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Nous sortons de la cuisine sous le regard de Marie qui me fait très clairement comprendre qu'il se passe quelque chose entre nous deux. Pour toute réponse je lève les yeux au ciel avec un petit sourire. Le prince me prend la main et nous conduit jusqu'à ses appartements. Je crois que c'est ici que nous allons passer beaucoup de temps. Enfin pour ces six jours qu'il nous reste.

Il m'emmène sur le balcon, nous observons les jardins et l'océan au loin. Nous restons là, main dans la main à regarder devant nous. Le vent dans mes cheveux je laisse un soupir de plaisir s'échapper.

- C'est de devoir réfléchir autant là-bas qui t'a détruite encore plus que tu ne l'étais ?

Il dit cela d'une voix douce et calme. J'allais lui répondre mais il reprend :

- Ne me dis pas que tu ne l'es pas Lynn, tu le sais autant que moi qu'une partie de toi a été détruite.

Sa voix n'est pas sévère pour une fois, au contraire, j'entends un peu de tristesse et je me rends alors compte qu'il me comprend bien mieux que je ne pouvais le croire.

- Laisser un seul souvenir vagabonder dans mon esprit cela revient à laisser les autres le faire et nous rappeler ce que nous souhaitons oublier et enfermer au plus profond de notre mémoire. J'ai tenté de de faire des milliers de choses, de sortir, de lire, mais à chaque fois ils sont revenus encore plus nombreux. Chaque soir avant de dormir, dans chacun de mes rêves, dans un moment où je me relâchais ils étaient là. Et les seuls moments où j'avais un peu de repos c'est lorsque je m'occuper des animaux, et quand j'avais tes lettres....

- C'est pour cela que tu n'as pas arrêté de bouger lorsqu'on a dormi chez tes parents ?

- Je ne sais pas...je crois que c'est surtout la nuit où j'ai le plus dormi depuis un sacré moment.

- Pourquoi mes lettres ?

- Je crois que c'est le fait que ce soit des choses nouvelles que cela n'ait aucun rapport avec ma vie d'avant. Je pouvais même entendre ta voix et cela me rappelait qu'il y avait aussi un futur. Que j'avais le droit d'avancer, de redevenir moi.

Je le regarde avec un petit sourire un peu démuni. Il me lance un regard avant de me sourire à son tour.

- Je vais devoir m'entretenir avec mon père. Tu pourrais aller voir Ariston, je ne veux pas te savoir seule.

- Très bien je vais aller le voir, je ne l'ai pas vu depuis ce matin. Mais avant je crois qu'il va falloir que tu te changes car le roi ne te trouvera pas très apprêté.

- Tu as raison.

Je me contente d'un petit sourire et je me dirige vers la sortie pour rejoindre l'atelier du couturier. Dans les couloirs il n'y a personne, c'est étrangement trop calme. Je ne sais pas si c'est dû à l'attaque et au fait que les filles sélectionnées et leurs personnels qui sont parties dans le centre des terres, ou le fait que je n'ai plus réellement ma place dans ce château, enfin plus pour longtemps.

Je finis par arriver à l'atelier, j'entre et commence à regarder autour de moi me perdant dans des milliers de robes toutes plus colorées les unes que les autres, de toutes les longueurs, de manches coutes à longues en passant par les robes bustiers ou dos nues, dans toutes les matières différentes.

Pourtant c'est une robe rouge cacher au fond d'une penderie qui m'interpelle, les épaules dénudées, longue, elle est moulante jusqu'à la taille avant d'être fluide. Elle est faite avec du tulle ce qui donne du volume à la robe et une très belle prestance.

Linéaire : Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant