chapitre 64

1.6K 105 8
                                    

Sarah Constantino



Je soupire en posant mon sac sur mon lit et tourne mon regard vers la porte de ma chambre ouverte où j'aperçois Alya entrer dans la sienne tirant son sac à dos sur le sol. Nous avons atterri à vingt heures trente à Paris et avons pris du retard pour prendre nos bagages que nous avions mis en soute. Le chemin de l'aéroport à l'appartement m'a ensuite paru très long et c'est dans les alentours de vingt deux heures que nous avons passé la porte d'entrée de notre chez nous. Après avoir posé les bagages à l'entrée Nabil c'est directement diriger vers le balcon et depuis que j'ai su pour sa mère j'ai l'impression qu'on s'est inconsciemment éloignés. On ne sait pas trop adresser la parole et en rentrant nos échanges ont été plutôt tendus alors qu'on n'a eu aucun mal entendu ou autre. C'est juste qu'une mauvaise tension règne entre nous deux et j'aime pas du tout ça.

Je le laisse respirer un peu tout seul mais attend toujours le moment où il me l'annoncera de lui même et qu'il osera me dévoiler le fond de sa pensée. Pour le moment je ne le brusque pas comme me l'a conseillé son père et me prépare pour la semaine prochaine où nous attend cette douloureuse date.

Ayant pris nos précautions avant de voyager, je n'aurais pas à faire de ménage demain et reprenant le boulot lundi je me dois d'être physiquement prête car ça m'avait pas du tout manqué. D'ailleurs je dois pas oublier d'appeler Justine pour qu'elle me raconte un peu ce que j'ai manquée et ce qui m'attendra à mon retour de vacance.

- Je sais que tu le sais

Je sursaute et relève mon visage vers l'encadrement de la porte où se trouve accoudé mon fiancer. Je ne dis pas un mot préférant le fixer pour voir s'il arrivera à se lancer de lui même.

- Comment t'as fait ? Me demande t'il la voix raillée

Je fronce mes sourcils en sentant déjà mes émotions me monter à la gorge.

- Pour ton père

Je soupire en décalant mon sac pour pouvoir m'assoir sur le matelas. On en a jamais parlé, même quand j'ai vécu chez eux un moment et que la date de son décès approchait. Ils voyaient bien comment je réagissais face à ça donc ils ne me posaient jamais de question et faisaient tout simplement comme moi, comme si de rien était. Et ça m'arrangeait bien d'ailleurs car je détestais en parler mais aujourd'hui je dois faire abstraction de mon indifférence et enfin lui dire la vérité. Je l'incite donc à venir me rejoindre et c'est ce qu'il fait ne me quittant pas des yeux alors que j'ai baisser ma tête depuis qu'il a évoqué le décès de mon paternel.

- Sincèrement j'ai pas le souvenir d'avoir eu vraiment mal, en fait je n'y ai jamais vraiment cru. Encore aujourd'hui j'ai pas l'impression qu'il est parti et je pense le croire réellement que quand je reposerais mes pieds là bas. Quand je verrais pour de vrai qu'il n'est plus là et qu'il n'a juste pas arrêté de me parler comme ma mère et ma sœur mais qu'il est bel et bien là haut et que je ne le reverrais plus jamais.

J'essuie ma joue en reniflant puis me remet à jouer avec mes ongles nerveusement en serrant mes dents le plus possible.

- Je m'en veux juste de lui avoir infligé tout ça, je regrette de l'avoir déçu et de l'avoir quitté en mauvais termes et dans une ambiance de colère et de tristesse. Il n'a jamais voulu tout ça et je le sais mais il ne pouvait rien dire face à ma mère et malgré ça je lui en veux pas à elle non plus car j'ai l'impression de l'avoir mérité. D'avoir mérité tout ce qui m'est arrivée et depuis j'ai pas fait mon deuil. Car je suis encore dans le déni et que même si je souffre pas comme devrait souffrir une enfant face au décès de l'un de ses parents, j'ai pas la conscience tranquille et ai peur d'aller les affronter. De retourner là bas et de me reprendre tout ça en pleine face. Alors tu vois, Dis je en relevant mon regard vers lui c'est pas facile pour tout le monde et tu n'es pas le seul à avoir des remords et des regrets. Mais faut savoir vivre avec et essayer de passer au dessus pour pouvoir vivre et être heureux

Il me fixe avec attention le regard vide de toute émotion. Ses yeux sont toujours aussi brillant dû aux larmes qui menacent sûrement de couler et je le sens trembler d'où je suis alors que nous n'avons aucun contact physique. Je prends alors l'initiative de m'approcher davantage de lui et pose ma main sur sa joue en approchant mon visage du sein.

- Mais dans tous les cas je serais avec toi, je ne te laisserais pas tomber et on se l'ait peut être pas promis face à un imam, un prêtre ou encore un maire mais dans les bons moments tous comme dans les mauvais je resterais à tes côtés et ça jusqu'à la mort Nabil. Jusqu'à ce que je donne mon dernier souffle de vie et je te le dis sincèrement car je t'aime et que tu es l'homme de ma vie. Sache le et ne l'oublie jamais d'accord ?

Il ferme ses yeux en appuyant complètement sa tête sur la paume de ma main et mon cœur se serre quand je vois une larme coulée le long de sa joue.

- Le jour avant qu'elle ne parte elle l'avait senti, elle me l'avait dit que c'était la dernière fois qu'on se voyait et malgré tous les médocs qu'on lui avait perfusés dans le sang elle m'avait fait promettre de pas t'oublier et d'arranger notre histoire. Elle aussi elle l'a toujours su que tu me correspondais et quand elle a ajouté qu'elle m'aimait et qu'elle a toujours regretté d'être partie pendant mon enfance mon cœur s'est complètement déchiré. J'avais mal Sarah, même à son retour elle me l'avait pas dit et c'est quelques heures avant qu'elle me quitte qu'elle me l'avait enfin dit sanglote t'il en fermant fortement ses paupières

J'attrape sa nuque pour le tirer contre moi et il pose sa tête sur ma poitrine. Je caresse ensuite ses cheveux après les avoirs détachés et ferme mes yeux subissant ses pleurs et ses dures paroles.

- Toute ma vie j'ai attendu qu'elle me le dise, qu'elle m'avoue ne pas m'avoir oublié et que son départ n'a pas été fait par plaisir. Qu'elle m'aime aussi et qu'elle a souffert de mon absence tout comme moi j'ai souffert de la sienne. Ce jour là j'ai su ce que c'était vraiment l'amour d'une mère et même si j'avais mal sur le coup j'ai profité comme je le pouvais de ses derniers instants et le seul regret que je peux avoir c'est de ne pas m'être mis à sa recherche plus tôt. Son sourire, sa joie de vivre, ses plats, son rire quand je disais des conneries, sa manière de parler et de s'exprimer me manque de fou et même quand elle me disait durement de faire attention avec la bédave et la bicrave ça me manque et...

Il souffle essoufflée, n'arrivant plus à sortir quelque chose à part de lourds sanglots qu'il étouffe dans mon cou pour ne pas alerter notre fille qui dort sûrement déjà dans la chambre d'à côté.

- Je suis là, on est là et t'arriveras à passer au dessus. Pas à l'oublier car c'est impossible mais à passer au dessus de cette douleur et je t'aiderais Nabil. Je t'abandonnerais pas

Je pose un baiser sur son cuire chevelu et il enroule ses gros bras autour de moi en se calment peu à peu. Sentant son cœur battre plus régulièrement je lui chuchote de se changer avant qu'il ne s'endorme complètement et que je ne puisse plus le coucher ni bouger face à son poids beaucoup plus supérieur au mien. Il se sépare donc de moi lentement et je me relève pour enlever mes vêtements de la journée et enfiler ma robe de nuit qui traîne toujours en dessous de mon oreiller. Il fait de même gardant seulement son caleçon et nous nous couchons sur le lit nous couvrant simplement du pled plier au bout de celui ci. Il se réinstalle dans mes bras et pose sa tête sur ma poitrine avant de s'endormir définitivement sous mes caresses dans ses cheveux. Je ne tarde pas non plus à fermer les yeux et à le rejoindre dans les bras de Morphée.

𝐋𝐞𝐬 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant