𝐋𝐞𝐬 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬

chapitre 59

Nabil Andrieu

On rentre à la maison et je décide d'aller me doucher avant qu'on ne prépare la table pour manger. J'entre donc doucement dans la chambre et fronce mes sourcils en ne voyant pas Sarah dans le lit. Elle doit être dehors vu que je ne l'ai pas vu dans le salon et la cuisine. Je prends rapidement de nouveau vêtement puis sors de ma chambre et entre avant tout le monde dans la salle de bain. Je prends bien mon temps sous la douche et pour me préparer sous les cris de Tarik et quand je suis prêt et satisfait de ma dégaine, j'enfile mes lunettes et ouvre la porte de la salle d'eau. Tarik m'insulte dans notre langue paternelle et je ricane quand il me tape l'arrière de la tête. Il s'enferme à son tour dans la salle de bain et je vais ranger mes vêtements de la plage dans ma chambre. Je descends ensuite les escaliers et me dirige vers la cuisine pour me servir un verre de soda mais je m'arrête devant en voyant les trois femmes de ma vie rire aux éclats face à la plaque de cuisson préparant sûrement le dîner ensemble.

- Il a clairement câblé mais il pouvait pas être fâché longtemps contre nous

- Surtout contre moi il m'aime trop mon papa

Yemma rit en caressant la joue d'Alya et je fais mon entrée dans la pièce en souriant.

- Ça parle de moi ?

- Pas du tout s'empresse de dire la petite en souriant

- Yemma dis je en la fixant la tête légèrement penchée sur le côté pour qu'elle me dise la vérité

- Cette technique marchait quand tu avais cinq ans maintenant ne croit pas que ça me fait encore quelque chose

Je force quand même voulant savoir ce qu'elles peuvent bien dire sur moi mais elles me chassent carrément de la cuisine ne me voulant plus dans les parages. J'ai réussi à quand même me servir à boire et vais rejoindre Baba et Tarik sur la terrasse qui se sont installés là pendant que je me chamaillais avec les filles. Quand je sors de la maison ils se tournent automatiquement vers moi et s'arrêtent de parler me matant bizarrement.

- Quoi ?

- Rien du tout répond mon daron en haussant ses épaules

Je les connais wesh pourquoi ils font zehma. Contrairement aux filles je sais que leur éventuel conversation sur moi est plus que sérieuse et importante et c'est ça qui commence à monter ma tension.

- Vous parlez tous sur moi dans cette maison ou c'est comment ?

- Calmos la star on parlait pas sur toi

- J'suis pas Yanis moi de quoi vous parliez avant que je viennes ? Dis je en me posant face à eux

Mon daron lance un regard à Tarik et ce dernier soupire en se redressant sur sa chaise.

- On parlait de Nawel

Je me crispe d'un coup sur ma chaise et pose mon verre sur le sol avant de soupirer et baisser la tête. Nawel, ma mère est décédée deux ans avant que Sarah revienne dans ma vie. Cette dernière l'avait même déjà rencontré et elles s'étaient très bien entendu. J'avais commencé à vouloir devenir quelqu'un de bien et bicravais de moins en moins. La retrouver m'avait fait un bien fou et même si j'aime Asra de tout mon cœur et que depuis que j'suis tipeu c'est elle qui ne m'a jamais abandonné et qui est toujours restée près de moi. J'avais eu ce besoin de retrouver celle qui m'avait donné la vie et de chercher à la connaître. Contrairement à Tarik qui s'en battait complètement les couilles et qui ne voulait même pas entendre parler d'elle, il avait quand même fait des efforts et s'est forcé à rester en bon terme avec juste parce que ça me tenait vraiment à cœur.

Quand c'est arriver j'étais déjà au plus bas, c'est de loin la pire année de ma vie. Sarah venait de disparaître avec l'autre pd, Baba avait déjà déménagé pour des questions judiciaires et pour garder Asra loin de tous nos problèmes et avec Tarik on devait gérer nos terrains et Yanis en même temps. Et c'est pile à ce moment là qu'ils ont détecté un cancer des poumons à ma mère. J'étais abattu, pour moi c'était pas réel parce que je croyais avoir connu toutes les douleurs du monde et après son départ je l'ai tellement détesté que je croyais pas pouvoir ressentir un tel amour envers elle. Mais malheureusement c'est arriver et après s'être battue pendant un an elle a fini par succomber à ses douleurs. Je m'en suis jamais remis et j'ai tellement de mal à en parler que même Sarah n'est pas au courant de ça. Elle le sera bientôt car pendant cette période je suis très réservé et préfère souffrir seul que d'entrener ceux que j'aime avec moi.

C'est le vingt-cinq août précisément et pendant ces trois dernières années ça m'a arrangé d'être enfermé car j'pouvais pleinement me lamenter seul mais en même temps j'avais rien pour affaiblir mes souffrances et j'ai dû passer les jours précédents cette date sans boire ni fumer. Sur le moment j'en pouvais plus et on aurait vraiment dit un toxico en manque de came et j'en suis pas fière du tout d'ailleurs mais ça m'a permis de savoir me relever et de combattre mon mal sans avoir recours à ses drogues qui m'ont rendu accro. Cette année j'avoue ne pas être totalement seul et aujourd'hui je fume que des cigarettes et bois qu'occasionnellement car maintenant j'ai ma petite famille et que je suis père donc je me dois d'être responsable mais pendant cette période je suis une tout autre personne et je sais pas si je vais pouvoir résister à la tentation. Je peux pas faire vivre ça à Sarah car elle en souffrira tout autant que moi et c'est pas le moment qu'elle se met à s'inquiéter pour moi car elle attend notre gosse et que son seul rôle est d'être heureuse et se soucier de rien surtout pas de mon état.

- Oh Nabil !

Je sursaute en relevant mon visage vers mon reuf et mon père, le front en sueur. Je l'essuie rapidement en reniflant et me lève pour rentrer à l'intérieur sans leur adresser la parole. Je sais qu'ils ont peur de mon comportement et de comment je vais passer cette période sachant que j'ai Sarah et Alya et sincèrement même moi je sais pas de quoi je suis capable car ça pèse trop sur ma conscience et j'ai trop de remords pour passer au dessus comme si de rien était.

- Chéri on se met à table, tu vas où ? Me demande Yemma quand je passe à côté d'elle

- Je me sens pas bien, j'vais aller me coucher Chuchotais je en montant rapidement les marches d'escalier

J'sais même pas si elle m'a entendu mais je prends pas la peine de me tourner pour en avoir la confirmation et entre dans ma chambre en fermant la porte derrière moi puis vais directement sur le balcon et sort mon paquet de cigarettes de ma poche pour en fumer une à la seconde n'en pouvant plus. Ça me fait absolument rien mais j'ai pas le choix que de me contenter de ça donc je me pose à la rambarde et baisse la tête en essayant de me calmer et de pas craquer.

Pour elles.