chapitre 3

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Amandine Mederos


Une porte se claque, les cries s'évaporent et le son de voitures qui démarre s'éloignent peu à peu. Et c'est comme ça que je me lève chaque matin depuis un peu plus d'un mois.

Entre Lukas et maman c'est les montagnes russes depuis quelque temps. Le matin ça s'engueule, le soir ça s'embrasse. Un couple que je ne comprendrais jamais, ils ont tous les deux de forts caractères et les sujets de leurs disputes ne sont jamais très futés. Soit l'un a oublié de faire le linge de l'autre ou alors il n'y a plus de paquet de cigarettes alors l'un met la faute sur l'autre en lui disant qu'il fume trop. Un genre de bordel qui commence vraiment à me faire chier. Et je ne sais pas pourquoi ils sont autant sur les nerfs l'un sur l'autre mais moi j'ai hâte de me casser d'ici pour ne plus avoir à les supporter.

Je me lève de mon lit de force n'arrivant plus à m'endormir et sort de ma chambre pour descendre les escaliers. Je vais ensuite dans la cuisine et range le bordel qu'ils ont fait avant de sortir. Je me prépare mon petit déjeuner après avoir terminé de ranger les crasses de la cuisine puis vais me poser dans le canapé du salon. C'est dans le silence et en fixant la baie vitrée donnant vue sur mon jardin et le soleil qui commence à se lever, que je mange paisiblement.

Le calme, le silence.
J'avais oublié à quel point ça faisait tellement de bien.

Heureusement que je commence mes cours tous les jours à neuf heures sinon je n'aurais clairement pas pu supporter ces deux là de bon matin. Déjà que c'est mon alarme de tous les jours, je ne vais pas en plus me les taper en live alors que je viens à peine d'ouvrir les yeux.

Pauvre Dounia franchement.

Elle doit supporter ses deux parents hystériques tous les matins, et même les soirs et je la plains clairement ne voulant pas être à sa place.

Quatre ans et précisément huit mois. Elle sait compter jusqu'à trente et malgré que ce soit tôt je l'aide à apprendre à lire. Je suis le genre de meuf qui lit tout le temps et partout et comme elle est toujours curieuse, elle aime s'intéresser à ce que je lis et veux même parfois que je lui lise mes histoires même si elle ne comprend pas encore tout correctement. Et ce qui me fais rire, c'est que quand j'ai la flemme de lui faire une lecture je mets toujours mes écouteurs pour bien lui faire comprendre qu'elle ne doit pas me déranger et elle vient quand même se poser à mes côtés et fixer les pages comme si elle arrivait à tout lire toute seule. Ce qui est drôle dans ça, c'est que je sais qu'elle n'y arrive pas et la police des lettres ne lui facilite pas la tâche mais elle essaye de faire comme moi. Et j'essaye de tout faire pour bien me comporter pour qu'elle ait un bon exemple à suivre. C'est clairement un sucre et devant elle je craque à absolument tout. Notre relation est vraiment opposée à celle qu'Alya peut avoir avec Soan et même si ces deux là s'aiment comme des fous, c'est plus fort qu'eux que de constamment se disputer et se battre.

Parfois je pense à eux et à tata et je me demande comment ils font. Comment ils font pour y arriver sans lui ? Ça ne doit sûrement pas être facile tous les jours et quand je me mets à détester mon père de tout mon cœur, je me rappelle que j'ai la chance de l'avoir en vie et que je devrais m'en réjouir. Mais après je culpabilise parce que c'est quand même lui qui a retiré la vie du père de ma cousine, ma sœur. Qui nous a retiré à tous un être cher. Alors je me remets aussitôt à le détester et ça me vient comme ça a des moments de la journée quand je suis seule et que je pense à ma vie. J'ai autant été touché qu'Alya pour la mort de tonton, car j'étais très proche de lui et qu'il s'est toujours bien comporter avec moi. Parfois je le considérais même comme mon propre père et une partie de moi se sent vide maintenant qu'il n'est plus là. Je n'imagine même pas Alya ou encore tata qui fait bonne mine devant nous, mais qui doit sûrement tellement souffrir de l'intérieur.

En pensant à tout ça j'en oublie même que j'ai cours et le temps est passé tellement vite que je n'ai pas pu me rendre compte plus tôt que c'est le moment pour moi de quitter la maison. Alors je débarrasse rapidement mon petit déjeuner et court à l'étage pour aller me changer. Mes dents lavées, mon visage frais et hydrater et mes cheveux brossés, je sors de ma chambre avec mon sac de cours et quitte la maison en furie. Je monte ensuite rapidement sur mon scooter et roule jusqu'à mon école.

Quand j'arrive dans la salle je m'excuse discrètement en allant m'installer et commence à me concentrer sur les dires de mon professeur. Après le bac j'ai décidé de me diriger vers la profession de vétérinaire qui est un travail que j'ai toujours rêvé de faire et qui me permettra d'être toujours aussi proche des chevaux. Et franchement je m'y plais bien. Pour le moment je suis en classe préparatoire et vais passer mon concours à la fin de ma deuxième année. Je quitterais ensuite Paris pour une école universitaire dans le sud à Toulouse. Je fais déjà des recherches pour un appartement et ai hâte de quitter la ville.

J'ai l'impression de plus bien me sentir ici après tout ce qu'il s'est passé. On en a beaucoup parlé avec Alya et Yassin et on est tous les trois sur la même longueur d'onde. On veut quitter la ville et pouvoir guérir chacun de notre côté, car on est tous les trois détruits et c'est loin d'être une surprise vu tout ce qu'on a traversé. Mon père qui retourne en prison pour le meurtre de mon oncle qui est décédé suite à ça c'est la goûte d'eau qui a fait déborder le vase dans ma vie et j'ai besoin de m'en aller pour mieux me relever. On fait bonne face devant nos parents, amis et famille, mais on b'est pas bien à l'intérieur et entre nous on se comprend. Ça fera beaucoup de peine à nos parents, mais ça nous fera un bien fou de nous éloigner un peu d'eux et de notre vie ici et me connaissant, je reviendrais toujours les voir car je les aime et que je n'arriverais pas à rester trop longtemps séparer d'eux. Contrairement à Alya que je connais beaucoup trop bien pour savoir que si elle s'en va. C'est pour de bon.

—T'aurais pas un stylo s'te plaît ?

Je me tourne et tombe sur une fille que je n'ai jamais vue dans le coin auparavant.

—Heu ouais tiens Je dis en lui tendant un stylo bleu

—Merci Elle me répond en souriant J'm'appelle Giulia

—Amandine Je réponds en souriant faiblement

—Je t'ai jamais vue ici. C'est normal ?

—Heu... bah je sais pas, je suis arrivée cette année

—Oui comme toutes les personnes dans cette pièce Elle me fait remarquer en se retenant de rire

Je pouffe mal à l'aise et elle ricane en me passant son téléphone.

—T'as l'air drôle ça te dirait qu'on aille manger un truc après les cours ?

J'acquiesce en acceptant volontiers et tape mon numéro dans ses contacts. On se concentre ensuite sur le cours et je sens mes joues chauffer quand son regard se pose sur moi par moments. Mais qu'est ce qu'il m'arrive là ? J'ai presque l'air intimidé par elle alors que c'est juste une meuf qui m'a demandé un stylo.

—Faut écrite là si tu veux pas être dans la merde à la fin du trimestre Elle me dit en relevant son regard vers moi

Je me ressaisis et centre complètement mon attention sur le cours en essayant de faire abstraction de son regard perçant qui ne me fixe par moments.

𝐋𝐞𝐬 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant