chapitre 28

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Tarik Andrieu



—Andrieu t'as de la visite

—C'est pas mon jour normalement Je dis les sourcils froncés

—Faut croire que si Le poulet me répond en soupirant

Je me lève de mon lit en grimaçant ayant encore mon attelle au genou qui me fait toujours aussi mal. J'ai aussi le dos niqué à cause de ses lits de merde que j'peux plus m'voir.

Ça fait déjà trois ans que j'suis là et j'ai l'impression que chaque jour est le même et que le temps passe au ralenti. Manger, sport, dormir sont mes seules occupations et les deux seules choses qui me donnent un semblant de joie dans ce trou à rats sont les visites et les matchs de la petite que je regarde à la télé. Je suis tellement fière d'elle. Après tout ce qui lui ait arrivé, elle méritait vraiment de réussir dans ce qu'elle a toujours aimé faire et quand je la vois à la télé, le sourire aux lèvres après chaque match même si elle n'a pas gagné, je ne peux m'empêcher d'avoir la larme à l'œil. Ça fait pedette de le dire mais c'est la vérité et j'ai aucune honte à l'avoué.

Dans ma vie j'ai toujours fait le mec fort, qui ressent rien et qui laisse rien paraître mais je suis un être humain comme les autres et même si j'arrive à facilement les cacher, j'ai des sentiments comme tout le monde et je regrette de pas les avoir exprimés à certains moments de ma vie. Ça m'aurait évité d'avoir des remords qui me ronge le cerveau chaque nuit quand j'essaye de dormir. Heureusement que j'ai les moyens de bien vivre dans ce trou de merde car à ma première venue ici c'était pas la même et je pense que j'aurais pas pu supporter de vivre aujourd'hui comme j'avais vécu à l'époque.

J'ai été con de tuer ce putain flic sachant en plus que dans tous les cas mon reuf allait quand même finir par tomber. J'ai juste eu la haine sur le moment et comme beaucoup de fois à l'époque, quand j'accumule trop d'émotions en même temps et les gardes pour moi trop longtemps j'finis par exploser et ça a été le cas. Je dis pas que ça excuse l'acte que j'ai commis car c'est un gros pêcher et que je demande d'ailleurs pardon à mon Dieu tous les jours de l'avoir fait, mais ça explique un peu pourquoi j'ai réagi comme as ce jour là même si je le regrette pas du tout. Je regrette juste de l'avoir faits aussi bêtement de sorte à ce qu'ils finissent par me retrouver et surtout qu'aujourd'hui ça m'est éloigné de ma famille. J'aurais dû être là pour les miens après la mort de mon frère mais j'ai été directement enfermer et ai même pas pu aller à son enterrement. J'ai pas dormi pendant plusieurs jours et j'ai même voulu mourir tellement je m'en voulais. Je me suis mis presque tout le monde à dos, même ma femme et Sarah qui jusqu'à aujourd'hui font tout pour que je sois bien ici, malgré les conditions horribles que je subis. Je sors carrément plus de ma cage encore moins après mon agression et j'en ai clairement marre de me sentir comme un animal en cage.

J'ai vu ma femme hier, comme chaque lundi depuis que j'suis là et normalement j'ai ma deuxième visite le jeudi mais j'suis étonner d'en avoir une aussi proche de ma première de la semaine. Je me demande d'ailleurs qui peut bien venir puisque de base j'avais aucune idée de qui allait venir jeudi.

Plus je m'avance de la salle, plus mes sourcils se froncent. J'ai un mauvais pressentiment, déjà que l'autre couillon m'a réveillé alors que je venais à peine de réussir à fermer l'œil.

—Tu connais les règles Andrieu Le poulet m'dit en s'arrêtant devant l'une des salles

Je fais donc de même et mon visage se décompose quand mon regard se pose sur la personne qui est venu me voir. Ses yeux verts tranchant me mattent du crâne jusqu'aux pieds et j'fais de même n'en revenant pas. J'ai l'impression de revivre nos retrouvailles après son départ il y'a dix ans pile. Quand je l'avais croisé dans les rues de Paris, complètement par hasard j'avais carrément cru voir un fantôme. Elle qui avait pris beaucoup de poids après sa grossesse était devenue toutes fine et maintenant que je connais la raison tout s'explique mais à l'époque j'étais complètement sous le choc et c'est à peine si je l'avais reconnue. Elle allait tout juste chercher sa fille à l'école et comme aujourd'hui nous nous étions fixés pendant de longues minutes sans dire un mot.

𝐋𝐞𝐬 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant