𝐋𝐞𝐬 𝐓𝐚𝐫𝐭𝐞𝐫𝐞̂𝐭𝐬

chapitre 73

Sarah Constantino

J'ai bien sûr pas quitté la table pour aller faire mes besoins mais parce que je sentais le sujet sensible arriver. Quand j'ai passé les portes de cette maison au fond de moi j'espérais qu'il m'accueille en criant que je l'ai manqué et qu'il me prenne dans ses gros bras. Mais tout ça est resté dans mon imagination et c'est en regardant toutes ses photos que je me suis rendu compte que c'était bien le passer et que tout ça ne se reproduira plus. À table j'avais su reprendre mes esprits et poursuivre nos conversations correctement mais quand ma mère a évoqué l'enterrement c'était de trop pour moi et par pur réflex je me suis dirigé à l'étage et me voilà planté comme une conne devant la porte de mon ancienne chambre.

C'est la seule porte de cette maison qui est différentes des autres et en prenant du recule c'était complètement idiot et immature d'avoir voulu la colorer en mauve. J'avais l'âge d'Alya quand j'ai supplié mes parents de changer de porte et ma mère était la première à refuser mais connaissant mon père je savais qu'il allait réussir à la convaincre et c'est ce qu'il a fait. C'est ce qu'il a toujours réussi à faire jusqu'au jour de la dispute où ma mère était devenue incontrôlable et que quoiqu'on pouvait lui dire ma place n'était plus dans sa maison.

- Tu peux le faire Sarah, c'est juste une chambre quand même me motivais je

Je ferme mes yeux et prends une grande inspiration puis souffle en les rouvrant et ouvre la porte en grand provoquant un courant d'air sur mon visage. Ma mère m'avait pas menti, elle est exactement comme je l'avais laissé et contrairement à ce que Nabil peut dire comme bêtise, elle est plutôt bien rangée. C'est pas la plus grande des chambres de la maison et contrairement à celle de ma sœur, elle est assez petite mais je l'ai toujours aimé et c'est la pièce que j'ai tout de suite prise pour m'y installer quand on a emménagé ici.

Les murs blancs n'ont pas perdu leur couleur même après le temps et sont toujours aussi vide comme je les ai toujours aimés. Enfant, je n'ai jamais eu envie d'afficher sur les murs ce que j'aimais ou les personnes que je suivais. J'étais pas du tout intéressé par ça et ça m'avais jamais vraiment emballé contrairement à mes copines qui en avaient pleins les murs décorant leurs chambres avec. Les armoires ouvertes et les quelques habits sur le sol me rappellent le moment où ma mère me hurlait dessus pendant que j'essayais de fourrer le maximum d'affaire dans mon vieux sac de sport. J'étais en larmes quand elle me sortait des atrocités et j'avais vraiment l'impression d'être une merde. À mes yeux elle n'était plus ma mère et j'étais plus blessée par le fait qu'elle me laisse tomber que toutes les insultes qu'elle m'a sortie ce jour là.

Je secoue ma tête pour effacer tous ces mauvais souvenirs et je souris quand mon regard se pose sur le haut de mon étagère. C'est là que je mettais tout mon maquillage et même si à cette époque je détestais me tartiner la tronche je le faisais quand même pour faire plaisir à Salma. Salma... La seule vraie amie que j'avais pu avoir et franchement c'est dommage que notre amitié ce soit terminer aussi mal. Je suis sûre qu'aujourd'hui tout aurait pu changer si elle avait été à mes côtés mais avec des si on peut faire bien des choses et j'oublie pas que je dois retrouver cette grosse tête et essayer de renouer nos anciens liens coupés malgré nous.

Mon bureau rempli de cours que j'entassais pendant toute ma dernière année au Lycée. C'était la pire de toutes mes années d'école et heureusement que c'est bien derrière moi tout ça. Je m'arrête dans ma marche d'un coup sec quand j'aperçois une photo de moi et Jonas à moitié déchirer près de ma chaise. Je me rappelle encore de cette soirée, c'est cette nuit là que j'ai conçu Alya. Avant lui il n'y avait eu personne et il a été ma première fois. La première fois que je montrais mon corps nu à une personne et malgré tout ce qu'il s'est passé ensuite, je regrette pas de l'avoir rencontré. Sans lui je n'aurais pas eu Alya, je ne serais pas devenue la personne que je suis aujourd'hui et je n'aurais jamais su me relever face aux difficultés de la vie comme je le fais aujourd'hui. C'était pas pour autant mon premier amour. Avec lui j'étais à la recherche de la personne que j'étais, je découvrais de nouvelle chose aussi et surtout on baisait tout le temps et n'importe où. Y'avais que ça entre nous en vrai, la baise et il est resté peu de temps avec moi après ma grossesse juste par principe et parce que j'étais vraiment dans la merde.