Après avoir passé sa nuit dehors, sous un pont, Mickaël se rend très tôt à nouveau dans le bar où cette fois-ci, il n'y a presque personne mis à part son nouveau patron et quatres hommes.
-Je vois que tu tiens ta parole, fit Angello ravis, serre lui un café, ordonne-t-il au barman.
-C'est gentil mais j'ai pas de sous.
-Je te l'offre, sourit l'italien en lui tapotant l'épaule alors que Mickaël s'assoit, prêt pour ta première mission ?
-Dites mois juste quoi faire et je suis à vous.
-Direct... J'aime ça, se murmure le chef, vous allez sortir de Nantes, dans un entrepôt désaffecté, c'est là que se font la plupart des petits échanges. Je ne m'y rend pas aujourd'hui. J'ai plus important à faire en Italie. Alors même si je ne suis pas là demain, tu viens quand même, pas d'exception. Tu auras juste à les suivre eux, te placer devant la porte de l'entrepôt et les avertir à la moindre voiture ou personne suspecte, pigé ?
-Oui, affirme le jeune en détaillant ses collègues âgés dans la quarantaine.
L'un possède de grands yeux bleus perçants et intimidants qui lui rappelle celui de son grand-père. Les nombreuses cicatrices qui décorent son visage lui donnent un aire de truand, surtout celle qui lui barre les lèvres. L'autre homme met Mickaël plus en confiance, propre et classe sur lui, le brun aux yeux marrons, sourit malicieusement. Une chose est sûr ils fixent leur nouveau confrère dans un visage peu rassurant.
-Bien, si tout est clair et que tout s'est déroulé comme prévu, ils te ramèneront chez toi et tu recevras ta part dans quelques jours. Maintenant, allez-y, ordonne l'italien, ne perdez pas de temps.
Mickaël finit son café d'une traite et suit les deux dealer dehors.
-Vous êtes sûr que c'est une bonne idée de l'avoir recruté, demande le barman.
-L'agilité de son arrière grand-père, le courage de son grand-père et l'intelligence de son père, Mickaël est un parfait mélange de sa famille. Se sera peut-être même le seul descendant des Jify à être si exceptionnel.
-Sauf si il fait des gosses un jour.
-Evidemment, sourit Angello en coin, crois moi, Mickaël est une perle rare, s'exclame-t-il en partant derrière le rideau, j'ai le flaire pour ça !
Dans la voiture, Mickaël reste silencieux et stressé à l'idée de faire ce qu'il va faire. Il n'a qu'une envie désormais, partir et tout annuler. Enfin, ça, il l'aurait fait si ses parents ne l'avaient pas abandonné. Comprenant qu'il ne peut compter sur personne sauf son grand-père, il veut à tout pris être indépendant le plus rapidement possible. Il porte ses doigts sur son collier où pend un croissant de lune, le regard concentré et pense fort à sa petite sœur en espérant que tout se passe bien pour lui et se passera toujours bien. La voiture se gare et ils descendent. Dans le coffre, l'homme aux yeux marrons prend une valise noire où un code à quatre chiffres est demandé. L'autre sort d'un sac une arme ce qui ne laisse pas Mickaël sans voix.
-Tu sais t'en servir, demande ce dernier d'une voix abîmée par la cigarette.
-Non.
-À quoi il va nous servir ce gosse !
-Ferme la veux-tu, répond l'autre à la valise, je lui apprendrai au gamin, comment devenir un homme, sourit-il.
Devenir un homme ? Avec une arme ?
-Il y a un type de nos acheteurs qui est guetteur comme toi, explique-t-il, lui là bas, en jogging, tu vois ?
-Oui.
-Ne lui adresse pas la parole. Sauf en cas d'urgence. Tout devrait se dérouler vite.
-D'accord.
L'adolescent les suit mais se stoppe devant la grande porte blindée et métallique où il reste planté devant. Seul avec ce type de la vingtaine à ses côtés, Mickaël sent son ventre de tordre de stress.
-C'est ton premier jour, demande ce dernier sous sa casquette bleu qui lui cache les yeux.
Le blond reste muet, concentré à surveiller les alentours.
-Ça fait pas longtemps qu'je suis là d'dans moi aussi. Tu seras pas déçu du salaire.
Mickaël n'ouvre pas la bouche pour autant.
-Tu sais, tu ferai mieux d'cacher un peu ton visage. Y a moyen d'échapper aux flics même si on est les premiers aperçus.
Pas c*n...
Le blond porte alors ses mains à sa capuche et camoufle ainsi ses cheveux qui ne sont pas vraiment discrets. La porte coulissante s'ouvre à nouveau sur les deux gangs qui partent chacun de leur côté.
-Déjà, s'étonne Mickaël.
-L'argent contre drogue, un simple échange de valise après vérification. Pas un mot de plus. C'est aussi simple que cela, sourit le brun aux yeux marrons en baissant ses manches de veste après avoir fermé le coffre, indique nous la route de chez toi.
-Vous pourrez me déposer que quelques rues avant ?
-Monte, ordonne-t-il dans un clin d'œil.
*
-Théo, soupire-t-elle sous les baisers sucrés de son ami alors qu'elle se recoiffe dans le couloir d'entrée, tu veux déjà recommencer, demande la blonde en tournant la tête.
Arrivé à la hauteur de sa bouche, Théodore s'arrête dans un soupire alors qu'elle était prête à l'embrasser.
-Il ne vaut mieux pas, murmure-t-il, du moins pas maintenant, mon petit-fils peut arriver à tout moment.
-J'ai compris, j'ai l'habitude de partir comme une voleuse.
Il la retient contre lui.
-Je n'ai pas dit que tu pouvais partir. Rien ne t'empêche de rester ici, je te le présenterai. On fera notre second round un peu plus tard, c'est tout.
Elle sourit avant de lui déposer un délicat baiser sur la joue. Au même moment, la porte d'entrée s'ouvre. Théodore se sépare d'elle.
-Grand... Oh tu es là, remarque Mickaël, ben, c'est moi.
-Oui et tu as une sale tête. Tu as bien dormi chez ton ami ?
-Franchement son lit n'est pas très confortable. Je pense que c'est la dernière fois que je vais chez lui, sourit-il avant de l'embrasser, bonjour, salut-t-il poliment.
-Bonjour, sourit-elle.
-Gaëlle voici mon petit-fils, Mickaël et Mickaël voici, Gaëlle, une amie de très longue date.
-Enchanté.
-Moi de même. Qu'est ce que tu ressembles à ton père, c'est fou...
Le jeune perd son sourire et hoche la tête dans un petit rictus.
-Merci, dit-il faiblement, je vais prendre une douche puis aller à la bibliothèque grand-père, ne m'attend pas pour déjeuner.
-Ah oui ? Encore ? Tu ne veux pas plutôt que l'on passe un après-midi ensemble ?
-Peut-être une autre fois, repond-t-il avant de s'enfermer dans la salle de bain.
-Je crois que j'ai dit quelque chose de mal, constate Gaëlle dans des remords.
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Mickaël Jify (Volume 6;Partie 2)
Ficção AdolescenteTourmenté par ses parents eux-mêmes troublés par leurs maladies respectives, Mickaël ne parvient pas à grandir sainement, bien au contraire. Contraint de faire face à des situations qui n'ont pas lieu d'être en présence d'un adolescent de son âge, i...