Ce que nous avons ignoré.

Un monde belliqueux

Nous arrivions dans la grande salle de réception et au moment où mes yeux se posèrent sur la première table de buffet, je crus halluciner. Putain, tout cet excès, de toutes choses, de biens que peu pourrait imaginer au cours de sa vie. Partout, à tous les recoins de la grande salle. Tiens, là-bas, étaient-ils nécessaire pour tous ces gens d'être éclairés par tant de luminaires ? De manger autant de nourriture ? Je n'avais pas vu d'exploitations agricoles du haut de notre chambre, que faisaient-ils du gaspillage ? La luxure me crachait au visage, je ne me sentais pas à ma place, voire, dans un enfer que je priais de quitter au plus vite. C'était comme si, je m'engouffrais dans une version alternative et ultime de l'arrogance et de l'excentricité humaine. Les yeux d'Eren eux, brillaient de fascination. La dissonance entre nous était claire : cet événement s'apparentait au meilleur jour de sa vie, j'en donnerais ma main à couper.

Bon, désormais il nous fallait repérer nos cibles. Devions-nous débuter par le clan Teyber ou les généraux de guerre ? Tous me paraissaient louches, je ne faisais pas d'opinion de valeur ici :

« Eren ?

— Le clan Teyber Livaï...

— Bien. »

Telle était sa décision, je la respectais.

En observant les différents profils autour de nous, je constatais que beaucoup d'entre eux venaient d'un milieu de rang élevé. Pour moi qui fût né dans les bas-fonds d'une société en déclin, je n'avais d'autre sentiment que de la rancœur et du dégoût pour ces gens-là. Cela dit, il était assez intéressant de les analyser dans leur ensemble, leurs tenues à outrance ne laissaient pas de place à l'imagination. Ils débordaient de désordre. Cependant, il m'était pas impossible de dissocier les classes sociales, par exemple près de la terrasse sud, j'étais convaincu que ce groupe d'hommes représentaient le domaine des affaires, leur confiance écrasait toutes les âmes plus timides aux alentours. Yelena le disait, pour réussir dans leur monde, il fallait y croire plus que les autres. Peu importe l'idée, il fallait la vendre et posséder des actions. Et eux là-bas ? Des ingénieurs pour sur. Leur attitude était plus calme, ils conversaient sans grands mouvements. Près de l'estrade ? Des artistes certes, mais de quel art se délectaient-ils ? Ce domaine m'était trop lointain pour en débattre.

Les événements mondains représentaient la vitrine de la réflexion et du partage, Yelena avait insisté sur ces deux points. L'égocentrisme demeurait une valeur peu appréciée et pourtant, je ne voyais ici que des passionnés d'eux-mêmes. Sans doute que leur implication à l'humain démontrait une certaine complaisance dans leur propre existence, qui pouvait le savoir ?

« Livaï, n'est pas l'air si renfermé. Quelqu'un vient à nous, murmura mon compagnon, de soirée. Un homme à la chevelure blonde et soigneusement coiffée vint à nous, son sourire illuminait son visage, ses bras ouverts prouvaient une certaine sympathie :

— N'est-ce pas merveilleux ?! Ce mélange de savoirs et d'arts en tous genres ! Réunis dans une seule et même puissance mondiale ! Prospère en ces lieux le rayonnement du savoir, de la raison ! Voilà là l'essence même d'Atelio, chers amis !

— Monsieur Teyber je présume ? Questionna Eren en s'avançant vers notre interlocuteur.

— Et qui d'autre ? Ma sœur m'a vivement parlé de vous ! Des hommes d'exception, ça ne fait aucun doute ! »

Dans son blabla incessant, je ne pouvais m'empêcher de penser à nos compagnons. Le prochain duo devait concerner Historia et Mikasa si je ne m'abusais. Allaient-elles réussir à franchir les frontières ? Tch, je ne m'en faisais pas, Historia n'était pas du genre menaçante, elle contrastera sans mal avec le caractère bien trempé de Mikasa :