Chapitre 1-4

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Les seigneurs humains avaient cette fois décidé de retranscrire son travail honteux sur tous les écrans actifs du train-forteresse dans lequel elle se trouvait. Tandis que les Hommes riaient d'elle, ses congénères s'empourpraient en silence à sa vue. Elle souffla, retroussa les manches de ses guenilles, puis se baissa pour reprendre sa tâche, gardée par les mêmes soldats.

Après quelques heures d'effort à nettoyer la pièce avec ses propres mains, lorsque les militaires eurent jugé bon de prendre une pause, Santhe entendit le moustachu profiter de la solitude pour couper les caméras. Dans le dos de l'Archelanne, il tenta de dégainer une matraque avec discrétion.

— Il serait fâcheux que je doive vous forcer à ranger cette arme, sourit Santhe sans même se retourner.

L'homme demeura muet. Il s'approcha lentement de Santhe sans qu'elle ne bouge, puis se décida à articuler :

— Tu vas rester bien sage, ma mignonne.

Il redressa timidement sa matraque, avec un soupçon de crainte quant à sa réaction, mais il se reprit et lança son coup en avant.

Sans même un doute, Santhe se releva comme une balle et agrippa le poignet armé de l'Homme. Elle serra si fort qu'elle entendit l'os craquer avec horreur sous la peau, puis le fit choir en arrière.

Elle lui saisit la gorge et commença à l'étrangler au sol. Elle profitait de son poids et de sa force d'une nette supériorité pour appuyer sur son larynx. L'Homme, dans un rictus atroce, tentait de hurler, en vain. Ses yeux parurent sortir de leur orbite tant la douleur le tiraillait. Après quelques soubresauts, il demeura immobile. Son regard ahuri fixait le visage calme de Santhe. Puis ce fut tout. Elle retira ses mains dans le geste habituel et reprit son travail.

Quelques instants plus tard, un nouveau soldat entra, probablement alerté par le soudain arrêt des caméras. Il cria d'effroi et appela ses compagnons. Sans aucune résistance, Santhe fut traînée à travers une dizaine de couloirs et presque autant de wagons jusqu'à une pièce vide. On l'agenouilla de force, mains menottées derrière le dos. L'un d'eux la plaquait au sol en appuyant sur ses épaules tandis que les autres la tenaient en joug.

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant