Larmes Inhumaines [Terminé]

Chapitre 10-4

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Des cris fusaient alors que Santhe observait le vide.

Elle avait réussi. Depuis des cycles elle cherchait une telle occasion de déstabiliser le royaume. Des dizaines de milliers de victimes pour qu'enfin, une seule mort fasse chanceler le pouvoir ennemi. En plus d'être une dernière pique lancée à Korris, cela présentait une magnifique assurance de tranquillité pour la refondation prochaine des Archelans, sous sa main avisée.

L'Archicolonelle reprit ses esprits et se tourna vers l'enfant.

— Kaal, connecte-toi aux informations korrisiennes par les hypercoms.

L'adolescente restait prostrée, pleurant des larmes d'horreur. Santhe ne savait pas depuis combien de temps elle était ainsi. Elle fixa Halekeis et se rendit compte que les cris qui embrumaient ses pensées provenaient de sa bouche :

— ... si naïf ? Pourquoi ? Je vous ai suivi jusqu'ici, je vous ai fait confiance, et vous commettez... cette monstruosité ! Je me suis trompé sur vous, Archicolonelle. Je vais reprendre les mots que j'avais à tort désamorcés : je vous tuerai de mes mains ! Oui, quand notre peuple sera...

— Nous n'avons pas le temps pour vos singeries, coupa-t-elle. Nous devons nous dépêcher. On a donné un coup dans le nid d'oursabeilles. Elles vont maintenant répliquer.

— On ? Et pourquoi me parlez-vous d'oursabeilles ? Je me moque de vos inepties ! Vous discourez presque en koans comme Tsy'kar, mais vous êtes pire que lui ! Ce n'est pas en lui que je devrai avant tout passer Lente Vindicte, mais en vous !

— Ce n'est pas le moment, Halekeis ! Nous devons nous assurer (elle se tourna vers la méchaniste) que le coup ait bien porté sur le royaume. Kaal ? Qu'en est-il des hypercoms ?

La petite pleurait encore à grosses larmes. Elle s'effondra, léthargique, de façon à éviter le regard de l'Archicolonelle. Celle-ci s'approcha à grands pas, la prit par les épaules et la secoua.

— Dépêche-toi !

Santhe s'écroulait. Elle le sentait au fond d'elle. Sa maîtrise s'effilochait.

Un son clair résonna dans son dos. Quand elle se tourna, elle vit Halekeis avec sa lame dégainée.

— Que faites-vous, idiot ? lâcha-t-elle, agressive.

— Lâchez-la.

Il articulait avec fermeté. Il resserra sa poigne sur Lente Vindicte. L'Archicolonelle s'efforça de tirer sa propre épée. Elle n'y parvint pas. Ses mains se tordaient sous des spasmes effrénés. L'enfant tomba et Santhe se dirigea, le pas chancelant, vers l'aristocrate.

Alors que celui-ci montait sa lame haut au-dessus de lui pour frapper, elle remarqua quelque chose dans le ciel, allant de l'ouest à l'est. Halekeis se tourna lui aussi en lâchant son arme, suivi de Kaal qui ouvrit grand les yeux.

Le bleu du firmament avait disparu. Seul l'or couvrait Archelaus dans cette direction. Une débauche de vaisseaux s'élevait vers l'orbite, désorganisés, mais massés tel un essaim épais. Les flottes korrisiennes, composées chacune de milliers d'astronefs au-delà des corvettes, fuyaient la planète.

L'aristocrate se tourna vers Santhe, ahuri.

— Qu'avez-vous accompli ?