Larmes Inhumaines [Terminé]

Chapitre 16-1

Des corps humains surgissaient par les sas des vaisseaux négriers. Santhe défendait encore les positions sur le spatioport tandis que ses congénères s'engouffraient dans les astronefs, fatigués, frigorifiés et terrorisés. Elle remarquait cependant dans leurs yeux — quand ils ne la méprisaient pas du regard — des soupçons d'espoir.

Les lumières s'éteignirent soudain. Seule Orumae, petit rond jaune qui s'élevait sur l'horizon, éclairait leurs visages étonnés. Instinctivement, Santhe leva la tête vers le surplomb des bâtiments où se trouvait le réacteur Oru. Elle vit deux silhouettes sombres tomber, puis disparaître dans les ombres en contrebas du spatioport. Elle eut le temps de reconnaître la grande forme de Tsy'kar et les traits atroces de Halekeis.

L'Archicolonelle contracta ses muscles pour ne pas laisser ses jambes trembler plus encore. L'aristocrate était mort. Sa vision s'obscurcit de nouveau.

Afin de se maîtriser un minimum, elle ordonna de préparer les astronefs.

— Dites à Fael de connecter ceci à son vaisseau, fit-elle en leur offrant trois autocrash. Un pour chaque astronef. Que chaque capitaine improvisé que vous choisirez mette ces appareils sur les ports KmE. Sans cela, nous ne pourrons pas partir.

Elle leur expliqua à la hâte les fonctions des dispositifs de Kaal. Certains rechignèrent à laisser la décision finale d'activation à l'Archicolonelle, toutefois leur situation leur semblait trop tendue pour désobéir.

Santhe jeta alors un regard vers les amarres magnétiques qui maintenaient les astronefs négriers au-dessus du vide. De petites lumières internes clignotaient. Les accumulateurs se déchargeaient à vue d'œil. Ils devraient partir dans moins de cinq minutes, sans quoi leurs chances de réussir s'écraseraient lourdement avec les vaisseaux, des dizaines de mètres plus bas.

Elle dispersa les ex-prisonniers, puis pris conscience que la lueur du soleil baissait nettement. Des astronefs korrisiens de plus en plus nombreux couvraient le ciel. Raison supplémentaire, pensa-t-elle, pour fuir avant qu'il ne soit trop tard. Elle se souvint alors de l'explosion du filon. Avec horreur, elle comprit que les alarmes silencieuses, connectées probablement aux batteries temporaires, signalaient la défaillance du réacteur Oru du camp. Ils ne pourraient plus s'enfuir en paix, et leurs chances de réussir s'amenuisaient de façon considérable.