Chapitre 4-10

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Il fit alors la révérence puis salua, non sans ressentiments, le vieil homme à la peau basanée qu'il avait combattu.

— Je ne m'attendais pas à ce que vous soyez ce Lasber.

— Je sais, c'est un nom qui est répandu chez les Humains. Qu'on passe à autre chose avant que vous me tabassiez à nouveau !

Le limier acquiesça. Au moment exact où ses cheveux, secoués par le vent, lui voilèrent le visage, un soldat korrisien à l'emblème étranger apparut de derrière une ruine, à quelques pas d'eux. Probablement surprit de voir le grand-duc et sa troupe discuter avec un Archelan, un ennemi du royaume, il s'arrêta net avant de repartir à toute vitesse d'où il venait.

Sans même hésiter, Dardarel dégaina son pistolet doré pour tirer dans le mollet du témoin qui s'écroula pathétiquement. Le pauvre homme à la jambe explosée tentait de stopper le saignement de son moignon bouffi et à moitié cautérisé.

Horrifié par l'écart entre le ton paisible de Dardarel et les hurlements de douleurs du soldat étranger, Renze demeurait ahuri, spectateur d'une trahison interhumaine.

— Allons, allons, n'affichez pas ce visage hagard, Archelan, rassura le grand-duc avec un sourire en s'approchant de sa proie fumante. Ce n'est pas la première fois que vous voyez un Humain en tuer un autre, tout de même ? Non ? C'est usuel depuis quelques décennies. Vous vous y accommoderez.

Il s'arrêta devant le grand-brûlé et le fixa. Il tendit alors son arme puis logea un tir entre les deux yeux de la victime, dont la tête se vaporisa sous un souffle qui noircit les débris autour.

— Nous devons garder notre petite affaire entre nous, continua-t-il sans quitter de vue la dépouille. Comme vous l'avez si bien dit, une alliance entre un Archelan et un Humain, aussi inégale soit-elle, est contre nature. Je ne veux donc pas qu'une telle chose s'ébruite. Je suppose que vous en convenez ?

— Bien... Bien sûr.

Le grand-duc aboya quelques ordres. Une demi-douzaine d'hommes, dont Lasber, s'alignèrent devant Renze.

— Voici les soldats qui vous accompagneront, Archelan. Ils sont forts et entrainés. Ils ont des vivres et leur matériel sur eux. Tâchez, en revanche, de ne pas les jeter sur l'Archicolonelle sans préparation comme les pilotes qui vous escortaient. Malgré les avis de certains des miens, ils n'égaleront jamais des Archelans en force brute.

— Je prendrai soin de mes troupes, éminent seigneur, qu'ils soient mes congénères ou non.

— Parfait. Et... menez-les d'une main ferme. (Il se tourna vers les trente hommes, avant de continuer :) S'ils dévient des ordres, disciplinez-les comme vous l'avez fait avec Lasber Ridd. Vous êtes un limier, mais vous devez toujours dominer la meute.


Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant