Larmes Inhumaines [Terminé]

Chapitre 15-2

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Les dernières paroles que l'aristocrate entendit de Santhe furent des ordres destinés aux ex-prisonniers. Elle mêlait sa voix dure mais chancelante à celle de ce dénommé « Fael ».

Halekeis fila sur la plateforme métallique. Il esquivait les tirs, usait de l'archae pour pousser les ennemis dans le vide dans des nuées de flammes, et franchissait les corps de ses confrères. Malgré le froid, il sentait son sang bouillir d'énergie.

À l'entrée de la mine, qu'il avait déjà parcourue deux fois, une cohorte de korrisiens l'attendait. Sans s'arrêter, il sauta et tournoya en l'air, le cœur brûlant, et un feu ardent suivit ses gestes pour noyer ses adversaires sous sa chaleur. Il traversa le brasier nouveau sans ralentir et grimpa quelques étages en tâchant d'oublier les émanations de viande grillée. Il croisa d'autres soldats et simples gardes, qu'il balaya d'un coup d'épée sans même regarder leurs traits. Ce fut cette fois l'odeur du sang qui monta à son nez. Arrivé à ce qu'il estimait être le bon étage, il esquiva un adversaire puis son tir plasmique en se mettant à genoux, avant de lui enfoncer la pointe de Lente Vindicte dans le ventre.

Il ne pouvait détourner les yeux de celui-là. Son visage humain se tordait de peur et de douleur alors que l'Archelan retirait sa lame. L'Homme cracha du sang en essayant de parler, en vain.

L'aristocrate se retourna aussitôt pour courir, larmoyant et maculé. Santhe commettait cela tous les jours. Comment y parvenait-elle ? Ses propres nerfs lâchaient après autant de victimes.

Il se dirigea vers une grande pièce, vide, puis une différente, plus petite. Ce n'était pas là. Il repassa sur ses pas en évitant le cadavre et traversa un couloir à l'est, où il entra dans une autre salle, immense. Un anneau énorme pendait au centre. Il paraissait incandescent, pulsant d'une lueur rosée. C'était le réacteur Oru. Quelqu'un le suralimentait déjà.

Son regard tomba sur les terminaux, d'où un géant, pourtant minuscule face à l'anneau, lui tournait le dos.

Il fit un pas.

— Connaissiez-vous, Halekeis Saí Dèlaes Faethák Rhos Vázhari, l'histoire de l'anneau ? C'est un vieux conte que nous racontait le petit-Être.

Halekeis pivota sa lame pour faire couler le sang le long du fil. Voir cet individu aussi ignoble en ce lieu lui brûlait plus encore les veines. Sa colère montait.

— Non, Tsy'kar. Et je ne souhaite pas l'entendre. Je veux seulement ton sang !

Le vieil ermite se tourna enfin. La lumière pulsée derrière lui empêchait d'apercevoir son visage.

— Ne trouvez-vous pas étrange que chacun doive combattre son antagoniste ? Lasber et Kaal. Moi contre vous... Quelqu'un semble organiser cela. Serait-ce le petit-Être lui-même, ou une forme de destin ?

— Il n'y a pas de destin, assassin ! Seulement des occasions, comme celle que je vais prendre en cet instant.

Il pointa sa lame rouge vers le géant.

— Comprenez-vous que si j'échoue ici, mon enfant, l'Archicolonelle devra se battre avec Renze ?

— Qu'essayes-tu de faire, monstre ?

— Comme vous, je veux réduire ce filon en poussière afin de faire payer le royaume korrisien ses fautes. Sans Archelans ni Vaals à qui s'en prendre, ils trouveront leurs propres ennemis. Je l'ai déjà dit.

— Les Archelans repartent vers Archelaus.

— Non, mon enfant. Je les emporterai avec nous tous, et faire de ma triste planète le tombeau des trois peuples. C'est là ma vengeance.