Chapitre 14-3

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Une main sèche se referma sur son épaule. La peur la paralysa.

— Te voilà. Nous avons des choses à nous dire, toi et moi.

Elle rejeta le bras et sauta hors du siège pour s'enfuir. Sans que les cris d'appel de Lasber l'arrêtent, elle fila dans le couloir d'où elle venait. Un homme en armes la stoppa comme un mur. Elle tomba. Le korrisien, accompagné par d'autres soldats, se pencha vers elle avec un regard haineux et un sourire mesquin. Il articula quelques mots incompréhensibles. Elle détestait cette sale langue.

Quelqu'un approchait dans son dos, le pas rapide. Celui-ci n'eut cependant pas le temps de les atteindre que le militaire saisit l'adolescente et la balança dans une cellule adjacente, puis ferma la grille. Elle tenta de résister, sans succès. Les barres ne pliaient pas sous sa force.

Lasber, essoufflé, toussotant, se plaça en travers des deux. Les soldats pourtant sous ses ordres, surtout leur supérieur à l'œil mauvais, le fixaient avec colère. Ils échangèrent en korrisien. Les paroles du vieillard ne semblèrent pas leur plaire, car leurs visages se tordirent sous un rictus affreux, empli de mépris. Le ton s'éleva.

— Je savais que je ne pouvais pas vous faire confiance ! vociféra enfin Lasber dans la langue d'Archelaus.

Le militaire, à la bouche agitée, cracha au pied du méchaniste. Il articula, d'un accent brut :

— Tu tel l'enfant es. Tu bâtard es. Tu de chair Humain es, de cœur Archelan es.

— Connard ! lâcha Kaal entre les barreaux.

Le korrisien lui jeta un regard noir, mais le vieillard sembla se fâcher. Ils commencèrent à s'échanger des coups. Malgré sa force visible, Lasber ne pouvait lutter contre un soldat plus jeune et vigoureux. Celui-ci prit le dessus, puis le lança à son tour dans la prison de Kaal.

— Enflure ! Korrisien de mes deux ! Reviens ! Salopard !

Comme pour l'obéir, le militaire fit demi-tour, puis lui saisit le col à travers les barreaux et arracha de son oreille le petit appareil de communication que Santhe avait remarqué. Puis l'homme cracha à nouveau sur le vieux méchaniste et se dirigea vers le centre de contrôle en riant avec les siens.

Kaal s'était écartée et assise dans le fond de la cellule. La présence de Lasber l'horripilait.

— Quels connards ! répéta Lasber.

— Ce sont des Humains, souleva l'enfant en s'efforçant de faire la tête. C'est normal.

Un sourire larcin passa sur le visage du vieil homme. Il l'éclipsa pourtant dans une violente quinte de toux qui lui donna un air de chien malade. Cela dura presque une minute, à travers un écho sordide, avant qu'il ne parvienne à inhaler correctement.

— Qu'est-ce que t'as encore choppé pour cracher comme ça ?

— Un cancer.

Le gorge de Kaal se serra.

— Les métastases se sont développées à travers les voies respiratoires, continua-t-il. Ces enflures de korrisiens fument comme des sapeurs, et c'est moi qui récolte leurs saloperies !

Elle regarda le mur un instant pour s'assurer qu'il ne voit pas son visage.

— T'en as encore pour combien de temps ?

— Deux cycles. Pas beaucoup plus. De toute façon, je crois que je vais mourir ici.

— Pourquoi tu t'es disputé avec tes copains ?

— Ils voulaient te tuer. Ou pire. Heureusement, ils ont passé leur haine sur moi.

— Pour que tu le fasses toi-même ?

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant