Les images se coupèrent une à une et la salle redevint sombre. Près de dix secondes plus tard, Dardarel reçut des centaines d'appels. Renze et ses compagnons s'éloignèrent à la demande du grand-duc puis celui-ci fit converger toutes les communications entrantes en une seule. De nouveau, la pièce s'illumina dans un cercle de silhouettes holographiques qui les entouraient. Ils représentaient les grands seigneurs du royaume. Renze reconnut certains, dont le duc Lugderian, habillé à la va-vite, le vicomte Epons, avec son épouse, le duc Larand, frère de Dardarel, le comte Luskier, depuis sa chambre dans ce même vaisseau, mais aussi le Marquis Débène qu'il n'avait pas vu depuis le début de la guerre. Il semblait vieilli également. D'autres nobles émergeaient encore autour d'eux. L'Archelan tentait de se rassurer, se disant qu'il leur était invisible, pourtant son cœur battait la chamade tant il se sentait observé par la fine fleur korrisiènne.
Depuis l'émetteur central n'apparaissait pas Sa Majesté Meruel III, mais ses armoiries. Le Roi de l'Humanité n'était pas disponible. Néanmoins, Renze devina que son absence arrangeait le grand-duc Dardarel, qui ne manquerait pas de combler le vide.
Les seigneurs essayaient de parler, toutefois Dardarel gardait muettes leurs voix synthétiques. Il souffla, seul aux commandes.
— Je vous remercie d'avoir rejoint cette réunion d'urgence, bien que ce soit très improvisé, vous en conviendrez. Vos appels combinés nous permettent malgré tout de réagir face à cette crise. N'hésitez pas à prévenir vos vassaux, afin qu'ils rallient cette audience.
Plusieurs dizaines puis centaines d'autres silhouettes s'ajoutèrent. Étant donné le manque d'holoémetteurs, leurs visages apparurent sur des écrans simples sur le haut des murs. Certains se partageaient les mêmes afficheurs en des mosaïques informes.
Le duc Larand prit la parole après l'avoir demandé à son frère. Il avait un timbre de voix plus grave que lui, mais moins assuré.
— Aucun ingénieur n'a coupé le canal d'urgence ni de seigneur attaqué la source. Pourquoi ?
— Je le désirais, mon frère, de tout mon cœur. Pourtant, je vous le rappelle : le canal ne peut être annulé. L'Archicolonelle a exploité l'une des rares faiblesses du royaume. Je propose donc que nous supprimions ce médium pour éviter que ce genre de situation désastreuse ne se reproduise.
Derrière lui, le duc Lugderian parlait à quelqu'un dans son oreille. Il se tourna alors vers le grand-duc.
— Le mal est déjà fait, Dardarel. Vos machinations ont mené à la fragilité des institutions ! Je viens de recevoir un rapport de mes vassaux : les soulèvements qui secouaient nos villes depuis quelques semaines se sont intensifiés. Déjà trois discours indépendantistes et rebelles se déroulent en ce moment même. Pourtant cela ne fait que dix minutes que Santhe a émis sa communication ! Imaginez dans quelques heures ! Je suppose que c'est la même chose dans tout le royaume. Ils veulent faire tomber l'Archicolonelle, certes, mais ils jugent les intrigants tels que vous responsables de la mort de leur favori.
— Vous oubliez probablement d'énoncer le fait qu'un bon tiers de mes « machinations » ont pour but de déjouer les vôtres, monsieur le duc. Ne jouez pas au plus vertueux avec moi.
Dardarel se tourna alors vers le marquis Débène, suivi par toutes les têtes de la seigneurie. Débène transpirait à grosses gouttes et semblait hurler des choses depuis un moment, pourtant le grand-duc ne lui accorda la parole que trop tard :
— ... des dizaines ! Il y en avait des dizaines ! Et je ne suis pas le seul à les avoir vus ! De nombreux rapports de disparition parviennent en ce moment même !
— De quoi parlez-vous, monsieur le marquis ?
— Des monstres ! Ceux qui ont permis à l'Archicolonelle de fuir ! Ils attaquent les Humains par plaisir ! Ils sont constitués de métal et de pointes !
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Larmes Inhumaines [Terminé]
Science FictionRedoutée de tous les peuples, l'Archicolonelle Santhe est la plus grande criminelle de guerre de l'Histoire. En dépit de ses traumatismes, elle doit sauver ce qui reste de son espèce des mains d'une Humanité génocidaire. Alors qu'elle traverse un ch...