Chapitre 2-4

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Renze accepta en une nouvelle révérence puis suivit le grand-duc à travers quelques pièces, bientôt accompagné de militaires.

Quand ils entrèrent dans le hangar du vaisseau, duquel grouillaient çà et là des astronefs, ils furent accueillis par un Homme qui présenta à l'Archelan une table couverte de matériel — son matériel — de combat. Dès que Dardarel hocha la tête, Renze saisit son bâton de guerre, plus grand encore que lui. Forgée d'archalène, son arme ne brillait pas. Cette matière cramoisie typiquement archelaüsienne se réparait d'elle-même à la moindre égratignure grâce à des techniques perdues, y compris lorsqu'on brisait lesdits ouvrages.

Il ceignit sa ceinture à sa taille puis son ligebrace à son avant-bras. Dardarel considéra l'appareil archelan avec hauteur. Le dispositif possédait des myriades de fonctions, dont la communication militaire, la plus importante, mais cela restait aux yeux du grand-duc et des autres korrisiens une « babiole archelanne ».

Renze fut déçu de voir qu'on avait remplacé son pistolet ouvragé par un simple revolver plasmique, aussi générique à ses yeux que la culture de ses concepteurs Humains. Il remercia tout de même l'Homme qui lui avait tout présenté, puis se tourna à nouveau vers Dardarel. Celui-ci lui lança un regard interrogateur.

— Vous ne prenez rien d'autre ? Toutes sortes d'armes sont proposées.

— Je n'ai pas besoin de plus. Juste mon équipement personnel et ce... revolver.

Dardarel se redressa pour dominer l'Archelan.

— Vous ne devez pas échouer, Renze. Vous devrez la pister pour ensuite nous envoyer sa position. Toutefois, nous ne sommes pas les seuls à rechercher Santhe. Beaucoup d'autres humains la chassent, et certains sont prêts à tout pour grappiller un peu de prestige, croyez-moi. Vous ne devez pas tarder.

— Où m'expédierez-vous ?

— Près du lieu de l'évasion, dans la région que vous appelez Ushís. Vous allez prendre cette navette, qui vous y déposera. Vous n'aurez qu'à contacter la fréquence qui a été inscrite dans votre piteux ligebrace lorsque vous trouverez la cible.

Renze fit la révérence au grand-duc, puis se dirigea vers la navette à sa droite. Les ingénieurs finissaient les derniers préparatifs. L'un d'eux, un homme grand et robuste à la barbe épaisse et au regard perdu, heurta l'Archelan.

— Fais attention à là où tu marches !

— Excusez-moi, se prosterna Renze.

L'homme bouffi par l'alcool lui lança un œil étrange, indicible. Dardarel s'approcha, curieux.

— Donnez-lui ce qu'il recherche, Archelan. Battez-vous ! Je veux voir ce que vous valez comme pugiliste.

Les Humains alentour s'ameutèrent en hâte. Ils demandaient un combat par leurs cris.

Incrédule, le vieil Homme se tourna vers Renze, qui serrait les poings. Celui-ci ne savait pas à quoi s'attendre. Il tremblait, mais se préparait lui aussi à frapper. L'Archelan esquiva d'un air gêné un coup, puis un second. Il préférait cela, afin de mesurer en détail les compétences de son adversaire. L'ingénieur tenta de lui asséner quelques savates, mais dès lors qu'il repéra une ouverture, Renze lui porta un choc si précis que l'Homme se renversa, le souffle coupé.

Dardarel hurla d'un rire sans pareil, ses hommes l'imitèrent.

— C'est très bien, Archelan. Vous témoignez bien de la force de votre espèce. Tuez-le maintenant.

Surpris, Renze fusilla le grand-duc du regard.

— Un duel se solde par la mort d'au moins un participant, expliqua ce dernier. C'est une tradition.

L'Archelan se pencha vers le vieil ingénieur. Son air misérable dans ses traits tirés par l'âge n'aidait pas.

— Avec tout le respect qui vous est dû, grand-duc, vos traditions m'importent peu. Je ne suis pas un Homme.

Un regard intense pesa sur lui. Dardarel devait en ce moment même imaginer une punition adéquate.

— Tant pis, souffla-t-il finalement. Ça n'a aucune importance.

Les hommes lâchèrent des râles, déçus. Le noble korrisien se tourna vers le vieillard.

— Vous avez de la chance dans votre idiotie, Lasber. Vous avez attaqué un véritable parangon !

L'Homme se releva difficilement en se tenant la poitrine, puis remercia Renze sans lui offrir de sourire. Celui-ci rentra dans la navette. Avant qu'un soldat ne ferme la portière du véhicule, le chasseur archelan entr'aperçu la déception du grand-duc.

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant