Chapitre 8-6

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Le hall était un cul-de-sac. Il se finissait en une salle spacieuse dont le fond se fendait en deux portes aussi immenses que fermées. Une grande silhouette monstrueuse se trouvait au centre : une sorte d'insectoïde affreux forgé dans un alliage inconnu, bien que gravé par endroits.

— C'est quoi cette horreur ? cracha Kaal avec une grimace.

— Peu importe, trancha Santhe. Il y a une porte. Essayons de l'ouvrir.

Elle tenta de pousser les deux battants en leur milieu, mais sa force ne suffisait pas à forcer le mécanisme millénaire.

— Halekeis, aidez-moi.

— Je doute de pouvoir apporter la moindre contribution. Je ne suis pas autant...

— Dépêchez-vous !

Il céda et tâcha d'appuyer, en vain. Le portail paraissait certes ancien, mais il demeurait toujours aussi fonctionnel. L'Archicolonelle, impatiente, dégaina son pistolet et tira quatre projectiles dans la fente. Les explosions laissèrent un écho aigu rebondir quelques instants sur les murs.

— Arrêtez ! hurla l'enfant. Quel boucan !

Santhe s'agenouilla pour mesurer l'impact de son arme : trois traces grisâtres sur le fond uniformément noir du matériau, puis une quatrième, d'à peine un millimètre de profondeur, qu'elle jugea comme étant le résultat de sa seule munition renforcée. Elle jura.

— Peut-être devrait-ce s'ouvrir sur les côtés ? fit remarquer Halekeis. Comme les portes de sas ou je ne sais quoi.

Elle acquiesça en un sourire.

— Malin.

À défaut d'une fente assez large, tous deux plaquèrent leurs mains sur la paroi, puis ils poussèrent de toutes leurs forces dans des sens opposés. Une veine gonfla sur le front de Santhe. Halekeis cassa une molaire en serrant les mâchoires. Puis ils s'arrêtèrent, essoufflés. L'aristocrate se jeta sur la fente pour voir le résultat de leur dur labeur.

— Engeance de catin dégénérée ! psalmodia-t-il. La lumière du jour apparaît, mais on ne pourra pas enfoncer le moindre doigt.

Santhe jura elle aussi.

— Bravo ! s'esclaffa Kaal. Maintenant, on va pouvoir faire passer des putains de cartes à jouer !

En colère, Halekeis se tourna vers elle, prêt à la noyer d'insultes, mais il stoppa net : La méchaniste se tenait sur le « dos » de la statue de monstre.

— Que fais-tu là-haut ? cracha-t-il, fulminant.

— Je cherche des solutions.

— De quoi parles-tu ? s'enquit Santhe, curieuse.

— La porte, elle ne peut pas s'ouvrir, c'est ça ? Et même avec vos gros muscles ça ne passe pas. Et vu que je n'ai trouvé aucune console d'accès ou le moindre bouton, je suis montée sur ce truc.

— Descends de cette vile statue ! intervint Halekeis. Ça ne me plaît pas. Elle est trop...

— Laide ? Moche ? Oui, et justement ! J'ai compris que c'est pas une statue. Regardez les vérins aux articulations.

Elle désigna les pattes, d'où apparaissaient des tubes concentriques articulés dans la structure même de ce que l'Archicolonelle conclut comme étant du blindage.

— Un mécha ?

— On dirait. Ça ressemble aux premiers akarins et Itharis. En plus complexe... Cette saloperie marche avec une technologie que je croie être piézoélectrique, ou peut-être avec un champ magnétique, mais quand j'ai voulu vérifier j'ai pété un axe conducteur important. Du coup, y'a la moitié des pattes qui vont pas aller...

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant