Larmes Inhumaines [Terminé]

Chapitre 2-2

Comme promis, une cohorte l'accueillit. Une civile humaine, aux traits grossiers, le lava complètement puis l'habilla en silence avec des vêtements archelans, neufs : un pantalon blanc de soie d'Iji, aussi résistant que doux, une chemise vert-de-gris, puis un très long manteau de cuir bleuâtre renforcé de plaques d'archalène. Elles tombaient en une douzaine de pointes cramoisies qui rayaient le sol métallique. Tous ces vêtements constituaient en fait son ancienne tenue, probablement réparée par ses congénères dans les camps.

Il cacha néanmoins sa surprise et remercia la femme en une lente révérence, manière archelanne vue d'un mauvais œil par ses geôliers qui semblèrent hésiter un instant à le frapper — du moins était-ce son estimation. L'Humaine répondit à cette politesse en un regard dégoûté, puis brisa le silence gênant pour l'inviter à s'asseoir. Elle coiffa et attacha ses cheveux avec un raffinement typique des korrisiens. Une petite appréhension qu'il remarqua sur son visage lui fit comprendre qu'elle n'avait observé aucun vrai Archelan en dehors des holofilms et simulations de propagande. Elle tenta de le maquiller à la korrisienne, ce qu'il n'appréciait pas. Il la rejeta avec douceur, puis se considéra rapidement dans le miroir devant lui.

Il y vit un Archelan triste, à la face vaguement verdâtre et au regard bleu, presque perdu.

L'homme qui l'avait appelé lui ordonna sèchement de le suivre, puis le guida à travers quelques couloirs, escorté par assez de soldats pour prendre un village. Lorsque le sas s'ouvrit à la verticale, on poussa Renze à l'intérieur d'une grande salle sombre. Au milieu de cette pièce, une seule personne l'attendait, illuminée par une unique lampe. Pour un Humain, il paraissait haut. Ses traits anguleux témoignaient de sa vieillesse, caractéristique propre aux Hommes. Son air arrogant insultait l'Archelan du regard, mais il semblait s'efforcer de montrer une forme d'affection. Comme un père à son fils. Ou plutôt un maître à son chien.