Chapitre 2-7

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— Elle doit partir ! Les korrisiens sont arrivés en ville !

Par réflexe, Santhe regarda le ciel. Jusqu'ici, elle n'avait pas remarqué le destroyer qui désorbitait au-dessus de la cité. Elle le voyait petit comme un haricot, mais sa taille se mesurait plutôt en centaines de mètres. Des dizaines de vaisseaux de descente filaient vers leur position.

Halekeis, paniqué, secoua Ajisue.

— Mais où sont les autres ?

— C'est justement ce qu'il y a de pire ! La patrouille de reconnaissance nous avait repérés. Tharaí et Asáne ont été tués. J'ai réussi à courir jusqu'ici, mais je ne sais pas si Rahie a survécu.

L'aristocrate se tourna vers l'Archicolonelle, affolé.

— Ils ont dû vous suivre avec l'aéronef que vous avez volé. Si vous restez, nous allons périr avec vous. Vous devez fuir la ville, cela nous donnera une chance qu'ils vous croient partie depuis longtemps et qu'ils la quittent.

Il prit des mains du petit Thisù les vivres de Santhe et les jeta dans les bras de cette dernière.

— Mais je ne connais pas Rin comme vous, affirma-t-elle en attrapant le sac rempli. Je vais me perdre ou me faire tuer au premier carrefour venu !

Halekeis ordonna à Ajisue de dissimuler tout le monde, puis le matériel. Il se tourna à nouveau vers l'Archicolonelle.

— Je vais vous guider en dehors de la ville. Ajisue paniquerait s'il se retrouvait avec vous alors que tous demeurent ici. Suivez-moi.

Santhe courut aussi vite que l'aristocrate. Ils sortirent par la trouée cachée, puis filèrent en direction du côté opposé de la rue. Le vaisseau humain, immense, passa devant le soleil, Orumae, la « grande lumière ». L'ombre du destroyer écrasait la ville tout entière, enrobé d'un essaim de navettes qui déjà vidaient leurs hommes dans les boulevards.

Ils traversèrent plusieurs avenues. Santhe dut taire Halekeis en voyant les akarins qui couraient d'une artère à l'autre. Les deux Archelans se cachèrent sous un bâtiment. Les silhouettes énormes de ces véhicules apparaissaient comme des monstres squelettiques plutôt que les Humains qu'ils étaient censés représenter. Leur blindage d'or pur contrastait avec les mâchoires horribles qui pendaient à leur semblant de tête, dont fulminaient des orbes d'énergie produite par leurs réacteurs Oru surpuissants. Les bâtiments tremblaient sous le martèlement de leurs pieds. Néanmoins, aux grands bonheurs de Santhe et de Halekeis, les korrisiens qui pilotaient ses ogres dorés manquaient d'intelligence et du sens de l'observation.

Halekeis guida l'Archicolonelle dans des édifices troués, la peur au ventre en entendant les chasseurs filer au-dessus d'eux. Après un dernier virage, ils parvinrent enfin à sortir de la ville. Halekeis l'escorta alors vers une cachette à la lisière d'un bois.

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant