Chapitre 13-8

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L'appréhension l'envahit. Elle ne voulait pas retomber sur un tas de cendre.

L'Archicolonelle ouvrit une seconde cellule, puis une troisième, et une quatrième. Cette fois, une Archelanne et ses enfants s'y trouvaient.

— Sortez, vous êtes libres.

Les prisonniers hésitèrent un instant. Santhe pouvait lire de la peur sur leur visage.

— Je suis venue pour vous libérer du joug humain et vous ramener tous sur Archelaus. Vous pouvez avancer.

L'Archelanne sortit enfin et remercia l'Archicolonelle sans oser s'approcher d'elle. Celle-ci se tourna vers Halekeis et Kaal, leur donnant à leur tour des doigts morts.

— À chaque Archelan relâché, invitez-les à vous imiter. Nous irons plus vite de cette façon.

Ils acceptèrent avec dégoût et commencèrent à ouvrir les cellules. Santhe se dirigea vers la salle de contrôle, poussa le corps du maître des lieux décédé, et activa les pistes vocales :

— Je suis l'Archicolonelle Santhe. Je viens vous libérer. Prenez les armes que vous trouverez et suivez-nous.

Elle redescendit et vit une foule des siens se former petit à petit devant elle. Ils étaient en guenilles, malades et blessés. Leurs cheveux colorés avaient terni sous la crasse et leur visage sous le travail acharné. Ils la regardaient avec un mélange de peur, d'espoir et de haine.

— Nous allons partir sur Archelaus ! s'exclama-t-elle à haute voix. D'abord, nous irons sortir les autres prisonniers des profondeurs de la mine en activant l'alerte d'incendie, ce qui forcera les korrisiens à les laisser revenir ici. Ensuite, vous irez tous dans les vaisseaux négriers qui sont dans le spatioport. Défendez-vous. Éliminez les Humains qui se mettent en travers de votre chemin et prenez le contrôle des astronefs. Moi, la méchaniste Kaal et l'aristocrate Halekeis Saí Dèlaes Faethák Rhos Vázhari, irons tous trois surcharger le réacteur Oru du centre. Quand nous vous rejoindrons tous, nous ferons exploser ce sale filon que les korrisiens ont volé, sur lequel ils ont tué les vôtres par l'esclavage, et à cause duquel ils ont osé détruire notre civilisation ! Nous détruirons à notre tour ce pour quoi ils se sont battus !

Des voix timides s'élevèrent, affectées pourtant d'espoir. Le millier d'Archelans se leva comme un seul et les suivit.

L'Archicolonelle força la porte par où ils étaient entrés et tira aussitôt. Les soldats qui les attendaient furent balayés par ses dernières balles au tungstène. Accompagnée elle et ses compagnons par une première ligne de ses congénères équipés des armes korrisiennes de leurs tortionnaires, ils taillèrent leur passage dans le centre de contrôle.

Du plasma fusait. Elle esquiva une bouffée qui tua quelqu'un derrière elle, puis saisit une grenade fumigène sur un cadavre et la jeta en face. Elle dégaina alors son épée, attendit que les adversaires finissent de tirer, puis elle se rua vers eux, sa lame à la main.

Une fois la boucherie terminée, elle ouvrit toutes les issues de secours de la mine et lança l'alerte. Elle vit sur l'écran radar que les astronefs en orbite n'osaient pas descendre pour attaquer, par peur de toucher le filon. Ils s'amassaient cependant pour former un bouclier défensif dans le ciel.

Ils devaient se dépêcher, comprit-elle, ou les korrisiens leur couperaient toute retraite.

C'est alors qu'elle remarqua, d'abord d'un coup d'œil rapide, qu'un nouveau vaisseau se trouvait sur le spatioport.

C'était le KOR Nog de Renze.

Elle jura et pointa les caméras vers la passerelle. Son fils se dirigeait vers l'entrée du camp minier avec ses hommes.

— Renze est là ! annonça-t-elle à ses compagnons.

Halekeis, qui usait de l'archae pour assister les autres Archelans, se tourna vers elle.

— Comment ?

— J'ai dit : Renze est là !

— Par tous mes ancêtres ! Nous devons partir, vite !

— Nous devons accompagner nos frères au spatioport avant, sinon Renze et ses hommes les massacreront.

Il acquiesça et tira Kaal avec lui. Tous trois annoncèrent l'arrivée du limier aux Archelans et les menèrent sur le chemin du retour.

En dehors de quelques Humains qui résistaient tant bien que mal, ils ne croisèrent ni Renze ni ses hommes — aux couleurs du grand-duc. Ils rejoignirent la sortie de secours de la mine d'Oru et accueillirent les derniers prisonniers archelans : des mineurs épuisés qui transpiraient presque leur sang. Leur nombre s'éleva alors à près de deux-mille.

En repensant à son fils, Santhe comprit qu'il devait être parti dans une autre direction, n'imaginant pas qu'elle ait libéré leurs pairs en premier. Elle en profita pour lancer leur offensive vers l'extérieur, sur la passerelle.

— Couvrez-vous comme vous le pouvez ! Le jour s'est peut-être levé, mais vous connaissez mieux que moi le climat froid de Lorus !

Ils débordèrent dehors et éliminèrent les navettes et les soldats korrisiens avant qu'ils n'atterrissent. Difficilement, ils avancèrent et prirent du terrain. Ils virent soudain les tuyères du KOR Deskalf s'activer. L'Archicolonelle se tourna vers Kaal, mais celle-ci leva les épaules. La petite n'y était pour rien. C'est à ce moment que Santhe comprit.

— Nous leur avons démoli les armes du Nog, alors ils veulent utiliser celles du Deskalf pour détruire les autres vaisseaux négriers.

— Les enfoirés ! Une pierre, quatre coups !

— Tu peux forcer ton « autocrash » pour les en empêcher ?

— J'y arrive pas ! Il a été déconnecté ! Le gars qui a fait ça savait à quoi ça servait...

La méchaniste fit une pause.

— Ce porc déconfit de Lasber !

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant