Chapitre 16-2

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Le pire se produisit encore. La silhouette familière de son fils apparut sur la passerelle, accompagnée par une cohorte de korrisiens prêts à en découdre avec elle.

— Ils se sont emparés des astronefs, l'entendit-elle annoncer à ses hommes dans leur langue. Prenez les sas et évacuez-les. Dépêchez-vous. Sans ça...

L'Archicolonelle ne parvenait plus à l'écouter, car son ouïe s'amenuisait à mesure que son esprit se perdait. Elle s'efforça de se tenir debout au milieu de leur chemin.

— Vous resterez ici ! articula-t-elle vers les Humains, sans se rendre compte qu'elle leur parlait en Archelaüsien.

Ils la contournèrent sans lui prêter attention. Elle pensait pourtant qu'ils ne remarquaient pas ses faiblesses. Elle recula pour faire à nouveau mur, mais elle dégaina cette fois son pistolet de la main droite, et son épée de la gauche. Menacés, les korrisiens s'arrêtèrent.

— Laisse-les passer, lança Renze, plus proche à présent.

Il lui fit face, ses hommes à ses côtés. Ils entouraient Santhe. Celle-ci gardait ses armes pointées, les bras écartés.

— Comment peux-tu empêcher tes frères et tes sœurs de repartir et reconstruire notre civilisation ? s'irritait-elle, tremblante. Je ne te comprends toujours pas.

— Je veux la même chose. Plus tard. Pour assurer la paix aux Archelans, nous devons assurer la paix avec Korris. Ils relâcheront ceux-ci sur Archelaus, car à cause — ou plutôt grâce — à toi, les Humains se désintéressent de notre planète. Sinon nous irons sur une de leurs anciennes colonies, qu'ils nous ont promise.

Elle raffermit sa poigne sur son pistolet quand elle vit un soldat tenter d'avancer.

— Tu es un imbécile, Renze. Un idéaliste détaché de la réalité.

— Et toi, tu te crois pragmatique ? Pourtant tu commets de plus en plus d'erreurs qui produisent des effets trop graves. Si jamais je n'arrive pas à te traîner devant les tribunaux militaires de Korris, je rendrai justice moi-même. Ici s'il le faut, avant que le gamin que tu as manipulé ne le fasse à ma place.

Elle se tut. Renze ne savait pas pour Halekeis. Tout comme pour Kaal, probablement. Ni pour Lasber ou Tsy'kar.

— Et si tu permettais aux astronefs négriers de se retirer ? Je me rendrai aux autorités.

— Ne joue pas avec moi. Je te connais trop bien, et tu n'en es pas capable. Je t'ai proposé un accord semblable à Zhaìl et tu l'as refusé.

— Laisse-les au moins partir !

— Non ! Folle ! Jamais je ne les laisserai partir s'ils te voient comme sauveuse ! Tu ne mérites aucun souvenir positif ! Tous cracheront sur ton nom ! Tu dois payer les frais de tes exactions !

Il fit un pas. Les korrisiens l'imitèrent. Il n'en fallut pas plus pour que l'Archicolonelle fasse feu dans la tête d'un premier et tranche le cou d'un second.

Une bouffée de plasma lui dévora le flanc ; une douleur extrême se libéra le long de son corps. Elle serra les dents et logea une balle dans l'œil du tireur, puis elle se jeta sur un autre. Trop tard. Le bâton cramoisi de Renze atteignit son ventre. L'Archelan la frappa une seconde fois, à la poitrine, et la projeta derrière une rambarde.

Larmes Inhumaines [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant