Gardiens

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Hermione se débattait comme elle le pouvait, hurlant sous la douleur. Les Doloris pleuvaient, et elle avait l'impression que son corps était en train de se consumer. Elle entendait au loin des bruits de bataille et elle pensa que ses amis avaient échappé à leurs gardiens. Elle ne se souvenait plus vraiment de comment ils en étaient arrivés là, elle savait juste qu'ils étaient en danger.
Tout en essayant d'échapper à la prise du Mangemort qui la maintenait au sol pour l'empêcher d'échapper à ce qu'elle subissait, elle sanglota et leur cria de fuir sans elle. Même en sachant qu'elle allait être torturée encore et encore avant d'être tuée, elle refusait qu'ils perdent du temps à vouloir l'aider, à ce qu'ils prennent plus de risques.

Lorsque la lame d'un couteau entailla sa peau, elle sanglota plus bruyamment, en gigotant encore plus pour échapper à la douleur. Cependant, le Mangemort la tenait solidement, et elle ne put bouger malgré ses contorsions. La jeune fille était combative et rien ne pourrait lui faire baisser les bras, aussi malgré ses essais infructueux, elle ne cessait pas de tenter de se libérer. Et puis, soudain, une main lui agrippa l'épaule et la secoua sèchement.

En sanglotant, Hermione secoua la tête frénétiquement, voulant échapper à l'horreur du moment, à Bellatrix Lestrange qui gravait sur sa peau la pire insulte qu'un sorcier puisse recevoir.
Sang-de-bourbe.

Elle pouvait sentir la pointe du couteau pénétrer sa chair, et couper la peau. Son sang, chaud et poisseux, coulait le long des entailles, et l'odeur presque métallique, écoeurante, lui retournait le coeur. Elle savait qu'aussi longtemps qu'elle vivrait, elle associerait l'odeur du sang au rire fou de Bellatrix alors qu'elle était en train de la torturer.

Elle se sentit secouée une fois de plus, plus énergiquement, et elle serra les dents, prête à se défendre avec les maigres forces qui lui restaient. Mais la prise sur son épaule se resserra, et une voix inquiète perça le brouillard de sa panique.

La jeune fille se redressa d'un coup, haletante, les joues trempées de larmes. Et en ouvrant les yeux elle se rendit compte qu'elle était à Poudlard, dans le dortoir des Gryffondor.
Sa respiration se calma lentement, alors qu'elle essayait de rassembler ses pensées.

Perturbée, Hermione passa une main sur son bras, croyant y trouver une blessure encore sanglante. Son cauchemar avait été si réaliste, si... prenant, qu'elle avait cru vivre de nouveau ce moment traumatisant. Mais il n'y avait rien de plus sur son bras qu'un réseau de cicatrices, guéries depuis longtemps. Des traits malhabiles qui affichaient clairement son statut du sang aux yeux de tous.

L'adolescente sentit son coeur s'apaiser, alors qu'elle reprenait pied dans la réalité, et lorsque son regard se posa sur la personne qui l'avait réveillée, les souvenirs du moment présent lui revinrent. Elle était à Poudlard. Mais en 1977. Et c'était Lily Evans, future épouse Potter, future mère de Harry, Sauveur à venir du monde magique, celui qui serait un jour son meilleur ami, qui l'avait entendu hurler et qui était venu la voir.

La rouquine l'observait avec inquiétude, et pour une fois, il n'y avait aucune hostilité dans le regard vert.
- Hermione ?
La brune s'empourpra, un peu gênée, et elle baissa les yeux. Puis elle haussa les épaules.
- Je crois que... c'était un cauchemar. Je...
- Tu veux en parler ?

Hermione cligna des yeux en fixant Lily. Elle aurait aimé la détester et la repousser, mais... mais elle était un lien avec son meilleur ami. Sans compter qu'elle était plutôt sympathique - hormis lorsqu'il s'agissait de Severus.
Finalement, un peu hébétée, la jeune fille se frotta les yeux et soupira.
- Je... je ne me souviens pas. Mais c'est gentil de proposer.

Les deux jeunes filles se dévisagèrent un long moment, puis Lily baissa les yeux vers les bras de Hermione. Inconsciemment, cette dernière frottait la trace de sa cicatrice nerveusement, essayant d'effacer de sa mémoire le rire fou de Bellatrix.
D'un geste vif, la préfète attrapa le poignet de Hermione pour examiner son bras, et en voyant les marques cicatrisées, elle hoqueta, choquée.

Les lèvres pincées, les yeux verts s'assombrirent sous la colère. Lily siffla entre ses dents.
- Qui t'a fait ça ?
Hermione haussa les sourcils, surprise par le ton dur de la jeune fille.
- Je ne sais pas.

Lily la fixa, sourcils froncés. Elle ne semblait pas convaincue, aussi Hermione se força à sourire. Un sourire un peu triste, un peu tremblant.
- Je suppose que j'ai eu une vie agitée avant...

La rousse se calma et eut une hésitation brève. Puis elle s'assit aux côtés de Hermione.
- Et bien, si tu veux parler... Je veux dire... j'ai eu l'occasion d'être traitée de... De recevoir cette insulte moi aussi, et je sais ce que ça fait.

Hermione la fixa, comprenant immédiatement de quoi elle parlait. Finalement, elle haussa les épaules en passant le doigt sur la cicatrice, la regardant les sourcils froncés. Finalement, elle souffla.
- Et bien... ça n'a pas d'importance à mes yeux. Je veux dire... ce n'est qu'un mot.

Lily ricana, et repoussa ses cheveux en arrière.
- Un mot peut être, mais sa signification...
La brune la coupa, fixant la rousse intensément.
- ...Est celle qu'on veut bien lui donner. Je pense que les actes sont bien plus parlants que les mots.

Les deux adolescentes se fixèrent à nouveau, puis Lily hocha la tête lentement, visiblement ébranlée. Gênée, elle se passa une fois de plus la main dans les cheveux, et Hermione eut une pensée tendre pour Harry qui faisait - ferait - la même chose.
- Et bien... si ça va maintenant, je vais te laisser te rendormir... et aller me recoucher. Nous avons cours de bonne heure demain matin, et il vaut mieux ne pas être en retard avec le professeur McGonagall. Elle ne laisse rien passer.


La brune sourit, avec une pointe de nostalgie pensant à ses propres cours avec Minerva MacGonagall, et hocha la tête. Puis elle remercia Lily de l'avoir tirée de son cauchemar. Les rideaux de son lit se refermèrent au passage de la rouquine, et Hermione se rallongea, les yeux fixés sur le toit de son lit. Elle était persuadée qu'elle ne pourrait pas se rendormir, surtout après un tel retour dans son passé. Dans les pires moments de son passé.

Pour autant, elle n'arrivait pas à fixer ses pensées, se laissant dériver dans une somnolence presque agréable. Rapidement, elle glissa dans le sommeil, un sommeil paisible et sans le moindre mauvais rêve.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant