les tours de l'esprit

1K 105 2
                                    


Lorsqu'ils arrivèrent à la banque sorcière, Hermione et Lucius furent aussitôt accueillis par Gripsek. Le gobelin inclina sèchement la tête et leur fit signe de le suivre.
Il n'y a pas le moindre mot échangé alors qu'il montaient dans un wagonnet en compagnie de la créature, et la vitesse du voyage leur coupa le souffle. Ils prirent pied devant le coffre que Hermione et Severus louaient pour y entreposer les objets les plus importants du monde magique. Les artefacts qui avaient le pouvoir de faire basculer le pays dans une guerre sans merci s'ils venaient à tomber entre des mains mal intentionnées.

Gripsek ouvrit la lourde porte et soupira.
- J'ai émis de soigneuses réserves quand à l'utilisation d'un tel sortilège dans l'enceinte de Gringotts. Cependant, mes collègues ont très justement souligné que le retour de Vous-savez-qui nuirait très fortement à nos affaires. La paix apportée par le sacrifice des Potter il y a de nombreuses années a été accompagnée d'un élan d'optimisme sans précédent et... le monde magique n'a jamais été aussi riche.

Hermione leva un sourcil surpris et eut un rictus moqueur.
- Visiblement le capitalisme n'est pas simplement une valeur moldue...

Lorsque le coffre s'ouvrit, ils hoquetèrent sous la puissance de la vague de magie qui les atteignit. Hermione jura, se souvenant soudain de l'effet qu'avait eu le médaillon de Serpentard seul sur leurs humeurs et leurs actes.

Lucius recula d'un pas, essayant visiblement de reprendre ses esprits alors que le gobelin fixait les objets dans le coffre d'un œil intéressé. Apparemment il semblait immunisé contre ce qui se dégageait des horcruxes et il était juste curieux de ce qui avait tant d'importance pour l'avenir du monde magique.


Hermione ferma les yeux pour reprendre son souffle, s'obligeant à penser à Harry. Pas le Harry qui était mort pour elle, le guerrier frondeur prêt à se sacrifier pour le monde magique, mais son Harry. Le petit garçon qu'elle avait connu à la naissance, et qui avait grandi à ses côtés, l'appelant maman. Le garçon innocent, libéré du destin funeste que Dumbledore lui réservait.
Elle avait juré de tout faire pour que son petit garçon, celui qu'elle voyait désormais comme son fils, n'ait jamais à traverser les épreuves terribles auxquelles avait du faire face son meilleur ami.

En ouvrant les yeux, elle sursauta et blêmit, réprimant un mouvement de recul. Là, au milieu du coffre, au milieu des horcruxes qu'elle avait rassemblé au cours des années, se tenait un fantôme de son passé. La silhouette maigre - bien trop maigre - de Harry Potter comme elle l'avait vu pour la dernière fois avant d'être envoyé dans le passé. Derrière ses lunettes rafistolées, son regard vert brillait intensément et les taches de sang lui maculant la peau luisaient cruellement, lui rappelant comment il s'était sacrifié pour elle.
Il semblait triste, si triste, que le cœur de Hermione se serra brusquement et elle haleta, suffoquant alors que son ancienne culpabilité la submergeait. Les larmes commencèrent à couler sur ses joues alors qu'elle lui rendait son regard, brûlant de s'excuser pour l'avoir abandonné. Pour les avoir abandonné lui et Ron. Pour avoir repris sa vie, et pour avoir été heureuse alors qu'ils étaient morts.

Le Gobelin lui jeta un regard étrange et tira sur sa manche pour attirer son attention.
- Miss ? Les tours de l'esprit provoqués par ces choses n'ont aucune prise sur nous, cependant je devine qu'il s'agit de visions déplaisantes. Vous devriez vous dépêcher de les détruire avant d'être submergée...

Elle hocha la tête en essuyant son visage d'un geste brusque de l'avant bras, et tenta de ne pas fixer l'apparition au milieu du coffre. Lucius avança lentement, les mâchoires crispées, évitant de regarder l'intérieur du coffre.
Sous le regard curieux du Gobelin, il soupira et ferma les yeux. Puis il leva sa baguette et prononça l'incantation libérant le maléfice.

Aussitôt un dragon de feu sortit de sa baguette et se rua vers le centre du coffre. La créature ignée déploya ses ailes écarlates et tourna au dessus des horcruxes avant de plonger. Hermione retint un gémissement d'horreur en voyant le Harry du passé au milieu du brasier, mais ne put s'empêcher de crier en voyant l'apparition se tordre, la bouche ouverte en un hurlement.

Sans le réflexe de Lucius, qui la ceintura et la plaqua contre son torse, elle se serait jetée dans la fournaise, espérant sauver son ami. Elle n'arrivait plus à penser de façon sensée, ne voyant que Harry qui souffrait.
Gripsek en profita pour refermer la lourde porte, et le battant bascula si lentement que l'espace d'un instant, Lucius pensa qu'ils allaient être consumés. Le dragon de feu fonçait sur eux, désormais, et il recula entraînant une Hermione gesticulante avec lui.

La porte du coffre frémit un bref instant, mais elle tint bon. Quelques secondes plus tard, un terrible hurlement s'échappa de la pièce en feu, et Hermione retomba comme une poupée de chiffon dans les bras de l'aristocrate, hébétée.
Ce dernier lui laissa quelques secondes pour se reprendre avant de l'aider à se redresser, pour s'assurer qu'elle allait bien. Elle détourna la tête, honteuse.
- Je suis désolée. J'avais oublié...

Gripsek la contemplait avec intérêt et elle s'empourpra. Elle marmonna la fin de sa phrase, refusant d'en dire trop devant le Gobelin curieux.
- J'avais oublié la puissance de ces... choses.

Lucius lui frotta délicatement le dos, oubliant son maintien aristocratique habituel, lui aussi perturbé par ce qu'ils venaient de vivre. Ils gardèrent les yeux fixés sur la porte, silencieusement, chacun se perdant dans ses pensées.

Après près de trente minutes, Gripsek se redressa et hocha la tête.
- Bien. Tout doit être consumé désormais. Lord Malefoy ? Le sortilège est il... encore actif ?

Lucius ferma un instant les yeux, se concentrant, puis secoua la tête.
- Le feudeymon s'est éteint. Vous pouvez ouvrir.

Lorsque la porte bascula, Hermione se tendit brusquement, comme si Harry - le fantôme de ce qu'il avait été dans une autre vie - serait encore à l'intérieur. Mais le coffre était vide. Il n'y avait plus rien.
Les horcruxes avaient été détruits en totalité, ne laissant qu'une vague empreinte noire sur le sol.

Gripsek entra prudemment dans le coffre, regardant autour de lui les yeux plissés. Une fois au centre de la pièce, il hocha la tête sèchement.
- Toute trace de magie a été annihilée. Je suppose que vous n'avez plus besoin de ce coffre Miss ?

Encore perturbée par ce qui venait de se produire, Hermione secoua doucement la tête.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant