J'ai trouvé ma place

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Severus fut surpris de recevoir la visite de Lucius Malefoy, seul, alors qu'habituellement il recevait plutôt une invitation à venir au Manoir Malefoy.
Il haussa un sourcil surpris, légèrement inquiet - ils n'étaient pas très proches, mais Lucius était un ami malgré tout, et Severus adorait son filleul.
- Lucius. Quelle surprise. Un problème ?


L'aristocrate regarda autour de lui en fronçant les sourcils, évaluant probablement ce qui l'entourait. Puis il reporta son attention sur le jeune homme qu'il avait pris sous son aile à Poudlard, dès l'instant où il avait noté à quel point il était doué en potions.

Lucius avait compris très tôt dans la vie que s'il voulait plus de pouvoirs - politiques, magiques - il lui suffisait de bien s'entourer. Il évoluait dans les hautes sphères de l'aristocratie - son père était un Lord, et il serait un jour amené à le remplacer - et il comptait bien laisser une trace dans l'histoire.

Ainsi, il avait très vite repéré ce gamin sombre et silencieux, rejeté de tous, semblant être la proie de la bande d'amis de Potter. Severus Rogue était un sang mêlé. Il était pauvre.
Pour la plupart des autres sang-pur de Serpentard, il n'avait aucune valeur. Mais lui... il avait pris le temps de l'observer soigneusement. Il avait noté sa puissance magique brute - qui s'affinerait lorsqu'il vieillirait et ferait de lui un sorcier puissant - et son don en potions. Son don extraordinaire : en seconde année, le jeune Severus pouvait en remontrer au vieux Slughorn.

Il l'avait alors aidé, s'interposant entre les Maraudeurs et lui dès que possible, se montrant amical malgré l'air revêche du gamin. Les autres avaient commencé à lui demander de l'aide en potions, mais Lucius avait fait en sorte de montrer à Severus qu'il voulait nouer une amitié durable avec lui...


Lucius avait perdu son père depuis peu, mais il chuchotait déjà à l'oreille du Ministre. Il avait une femme parfaite - une Black, une sang-pur d'une vieille famille noble - et un héritier mâle.
En apparence, il avait la vie parfaite qu'il avait voulu.

Excepté sur un point.
Il avait suivi son père Abraxas dans les meetings tenus par un certain Voldemort. Les idéaux de l'homme étaient intéressants : redonner toute sa splendeur au monde magique en favorisant les sang-purs et en éliminant les sangs-de-bourbe qui amenaient leurs traditions moldues au détriment de toutes leurs croyances ancestrales.
Bien évidemment, comme beaucoup de ses camarades, il avait adhéré.

Au début, ce n'était que des discours passionnés. Voldemort, puissant et respecté, haranguait la foule des sang-purs, exposait avec passion sa vision d'un monde magique idéal.
Et puis... Peu à peu, l'homme avait commencé à proposer des solutions. Attaquer les moldus. Tuer les sangs-mêlés. Obliger le Ministère à réagir pour préserver la Magie et leur héritage.


Un jour, Voldemort avait proposé de prendre une marque pour se reconnaître entre eux. Un symbole, qui prouverait leur allégeance à leurs traditions. D'un geste élégant de baguette, il avait avait fait apparaître pour la toute première fois la marque des Ténèbres, sombre et effrayante.
Pourtant, ils avaient tous tendu leurs bras, fasciné. L'homme était charismatique et son discours trouvait un écho en eux. L'envie de profiter des privilèges que leurs ascendances auraient dû leur offrir.

Ils avaient tous reçu la marque, serrant les dents sous la douleur, fiers de faire partie d'un groupe qui voulait révolutionner le monde.
Ils n'avaient compris que trop tard qu'ils étaient sous le contrôle de Voldemort. L'homme pouvait les localiser et les appeler au travers de la marque. Il pouvait les faire souffrir à distance.

Ils s'étaient fait une raison. Après tout, les motivations de Voldemort étaient justes et comme le Mage noir le disait, il fallait oser agir pour espérer des résultats.
Ensuite... les attaques avaient commencé. De simples escarmouches étaient vite devenus des raids meurtriers.
Certains serraient les dents et obéissaient en détournant le regard, d'autres prenaient du plaisir à semer le chaos et la destruction.


Lucius soupira et s'assura qu'ils étaient seuls, puis il fixa Severus.
- Tu as l'air... épanoui.
Les lèvres de Severus s'étirèrent en un léger sourire.
- Il faut croire que j'ai trouvé ma place.

- Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux que tu n'aies pas accepté mon invitation de rejoindre les Mangemorts, Severus.
Aussitôt, le potionniste se crispa, et le regarda, soupçonneux.
- De quoi parles-tu Lucius ? Que se passe-t-il ?

L'aristocrate lança un assurdiato et grimaça, parlant visiblement à contrecœur.
- Au début, le Seigneur des Ténèbres était un homme fascinant. Puissant. Il avait de bonnes idées, des idées qui devaient nous rendre un monde magique fort et... magnifique. Retourner à l'âge d'or.
Severus renifla, levant un sourcil amusé.
- Et tu as réellement cru à cette fable ?
- Son discours était... captivant. Argumenté. Je t'assure, Severus, tu l'aurais entendu... tu aurais pris la décision de nous rejoindre toi aussi.
- Et donc ? Quel est le problème ?

Lucius repoussa ses longs cheveux en arrière, d'un geste nerveux.
- Quelqu'un a surpris une conversation dans une taverne. Ce vieux fou de Dumbledore... il a trouvé une descendante de l'Oracle Cassandre et elle lui a révélé une prophétie. Une prophétie qui prédit la mort du Maître.

Severus masqua soigneusement toute réaction, et afficha un air faussement surpris.
- Vraiment ? Peu importe... qui croit à toutes ces idioties de divination après tout ? Ce n'est qu'un ramassis de... paroles en l'air. Il est possible de prévoir n'importe quoi en se montrant assez vague sur le choix des mots !

Lucius hocha la tête avec un sourire en coin.
- Effectivement. Je n'ai jamais apprécié plus que ça cette discipline mais... le Maître... il s'y est attaché. Il a immédiatement cru à ces mots.
- Donc il a peur de sa mort.
- Il est surtout devenu fou ! Dangereusement fou ! La prophétie prédit la naissance de celui qui le tuera et il prévoit d'assassiner les enfants concernés !

Severus déglutit et écarquilla les yeux.
- Les enfants ?
- Longdubas et Potter. Je sais que tu es ami avec la femme de Potter, alors... dis leur de faire profil bas. De se cacher. Certains mangemorts n'auront aucuns scrupules à exécuter un enfant, pour lui plaire.
- Merlin...

Lucius hésita un long moment. Puis il ferma les yeux et soupira.
- Si quelqu'un venait à apprendre ce que je t'ai dis, je serais immédiatement tué.
- Je garderais le silence, Lucius. Je te remercie de m'avoir prévenu...

Le blond hocha la tête et s'apprêta à quitter la boutique de son ami. Il s'immobilisa sur le seuil, et fixa Severus.
- Si quelque chose devait m'arriver... prends soin de mon fils. Il est ce que j'ai de plus précieux en ce monde.

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