Compter les jours

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Hermione comptait les jours qui la séparaient de la fin des cours pour la première fois de sa vie. Elle avait toujours aimé l'école, au point de redouter les vacances et l'ennui mortel qui venait toujours avec. Mais cette fois... Elle se sentait comme piégée à Poudlard.
Elle aimait enseigner, plus qu'elle n'aurait jamais pu l'imaginer. Mais le regard de Dumbledore lui pesait de plus en plus. Son seul soulagement était de voir qu'il ne jetait jamais un œil en direction de Harry, ne voyant ainsi pas que son précieux sauveur qu'il cherchait à travers l'Angleterre était juste sous son nez. Bien en évidence.

Il lui tardait de retrouver leur véritable foyer, avec ses enfants. De ne plus avoir à se tenir sur ses gardes et à surveiller ses paroles.
Il lui tardait également de se rendre à Gringotts avec Lucius et de détruire les horcruxes.

*

Même si Severus veillait au grain, Minerva finit par faire irruption dans leurs appartements, l'air décidé.
Le couple échangea un regard inquiet, tandis que l'Écossaise les observait sourcils froncés.
- Bien, jeunes gens. Et si vous me disiez ce qui se passe dans cette école ?


Hermione déglutit, indécise.
D'un côté, elle s'accrochait au lourd secret qu'elle protégeait, celui que peu de personnes connaissaient. Elle avait conscience que si sa véritable identité venait à être dévoilée, les conséquences pourraient être tragiques.
De l'autre... Minerva MacGonagall avait toujours inspiré confiance. Aux yeux de Hermione, son ancienne Directrice de maison était honnête et droite. Minerva était le genre de personne sur qui elle pourrait compter, assurément.

Bien évidemment Severus fut le premier à réagir. Il n'avait peut être pas l'expérience d'un espion comme celui qu'avait connu Hermione autrefois, mais il était vif d'esprit et farouchement protecteur envers sa famille. Aussi, il haussa un sourcil moqueur et se pencha avec un air de conspirateur.
- Vous voulez parler de l'invasion de ces créatures étranges que vous nommez élèves, Minerva ?

Malgré elle, Hermione gloussa alors que Minerva laissa échapper un glapissement outré, mains sur les hanches, le regard noir.
- Plaisantez tant que vous le voulez, mais je ne suis pas sotte. Et je vois bien qu'il y a un problème avec Albus. Il devrait être ravi de l'arrêt des hostilités entre maisons, lui qui prêchait la paix.

Cette fois, Severus se rembrunit, et croisa les bras sur sa poitrine, se redressant de toute sa taille. Il irradiait de puissance, et Minerva écarquilla légèrement les yeux, surprise de sa réaction immédiate.
- Vous voulez parler de la paix qu'il appelait en favorisant honteusement les Gryffondor ? Vous souvenez vous de ce qu'il a conclu quand les Maraudeurs ont failli me tuer en m'envoyant directement dans les griffes de Lupin ?

Minerva détourna les yeux et ses joues parcheminées se teintèrent de rouge. Impitoyable, Severus poursuivit.
- Il m'a mis en retenue. Moi. La victime. Pour avoir brisé le couvre-feu. Et pour les Gryffondor ? Rien. Une petite tape sur l'épaule, en parlant d'une plaisanterie potache. Après tout... je n'étais qu'un Serpentard, n'est-ce-pas ?


Hermione se rapprocha de son compagnon, et se posta à ses côtés, soutien muet. L'Écossaise les dévisagea l'un après l'autre et vacilla légèrement avant de se reprendre en passant une main sur son visage. D'un coup, Minerva accusait son âge, et semblait être démunie. Sans oser croiser les yeux de Severus, elle murmura.
- Je suis désolée, Severus. Je n'ai pas été très juste non plus. Lorsque vous avez tous quitté Poudlard, Poppy m'a ouvert les yeux sur mon comportement... Moi qui pensait me montrer impartiale...

Elle laissa échapper un rire triste, et haussa les épaules.
- J'adorais ces garçons. James, Sirius et Remus. Peter était plus distant, et je comprends pourquoi maintenant. Mais mon affection pour eux n'aurait pas dû m'influencer comme ça. Je... Merlin, Severus. Si quelque chose était arrivé... je n'aurais jamais pu me pardonner.


Severus semblait statufié, et Hermione s'approcha pour poser une main compatissante sur le bras de son ancienne directrice de maison.
- Minerva...
La vieille femme était cependant une force de la nature, puisqu'elle se redressa et après un dernier soupir, elle reprit contenance.
- Je suis vraiment désolée. Et si je suis ici, ce soir, c'est parce que j'ai confiance en vous deux. Déjà parce que Poppy n'a jamais cessé de me faire votre éloge, Severus. Sans compter qu'elle s'est attachée à vous deux, bien plus qu'en tous les élèves qui sont passés dans cette école. Ensuite... j'entretenais une correspondance avec Lily Potter. Rien d'extraordinaire, juste une ancienne élève prenant des nouvelles, et une vieille professeure curieuse qui s'intéressait au devenir de ses élèves. Et j'ai été surprise que vous soyez régulièrement mentionnés dans ses écrits, comme si vous aviez une relation... amicale.

En repensant à leurs amis désormais décédés, Hermione eut un sourire nostalgique et hocha la tête, perdue dans ses pensées.
Elle se mordilla la lèvre et échangea un long regard avec Severus. Ce dernier eut un clignement de paupières imperceptible, lui donnant les commandes de la conversation.

Minerva avait observé leur échange silencieux, sourcils froncés. Hermione se tourna vers elle, et eut un sourire un peu hésitant.
- Effectivement, nous étions devenus amis. Nous... nous rencontrions régulièrement. C'est sur notre conseil que Sirius a quitté le pays, d'ailleurs.

Cette fois, Minerva pinça les lèvres, ses yeux lançant des éclairs.
- Ce traître ! Pourquoi l'aider alors qu'il avait trahi ses propres amis ?

Hermione cligna de yeux, avant de secouer la tête, légèrement perplexe.
- Mais de quoi parlez-vous ?
La professeure de métamorphose renifla d'un air méprisant.
- Et bien, il est celui qui a brisé le fidelitas ! Albus était dévasté lorsqu'il nous l'a annoncé.

Bien qu'elle n'avait pas oublié que Sirius avait été accusé, et que c'était la raison pour laquelle ils l'avaient convaincu de quitter le pays, Hermione avait pensé que Albus n'ébruiterait pas l'affaire. Visiblement, l'homme avait été un peu trop confiant.
Severus laissa échapper un rire amer, faisant sursauter Minerva. Avec un rictus presque dément, ses yeux sombres brillant comme jamais, il se pencha vers sa collègue et murmura.
- C'est impossible qu'il soit coupable Minerva. Vous savez à quel point je déteste cet idiot, mais il n'a pas trahi les Potter.
Il marqua une pause presque dramatique et empêcha Minerva de parler en reprenant la parole pour annoncer tranquillement.
- Et j'en suis absolument certain puisqu'il n'a jamais été le gardien du secret. Sirius Black ne savait même pas qui protégeait la maison des Potter. Cette personne... C'était moi.

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