Exorciser

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L'arrivée de Sirius au Manoir Malefoy provoqua un chaos terrible.

Il avait fallu une semaine au parrain de Harry pour préparer son voyage et en découvrant la maison d'Hermione et Severus vide, il avait directement transplané devant chez sa cousine.
Il n'aimait pas Lucius Malefoy, cependant son filleul adoré lui parlait de Drago à chacune de leurs rencontres et il avait compris que son petit cousin était important pour Harry. Alors il acceptait, sans pour autant vouloir côtoyer les aristocrates.

Cette fois pourtant, il passa outre ses réticences pour se présenter au Manoir, un large sourire assuré plaqué sur le visage.


Sirius savait exactement quelle image il donnait. Il le savait et il la cultivait avec soin. Le flambeur frivole était un rôle parfait pour lui, et était surtout le parfait déguisement. Personne ne se méfiait de lui, pas alors qu'il draguait outrageusement un verre d'alcool à la main.
Ce que personne ne comprenait était qu'il était totalement attentif à ce qu'il l'entourait, et que le rôle de l'idiot endormait la méfiance de ceux sur lesquels il enquêtait.

Il était donc un Auror brillant au sein du Macusa. Ses supérieurs avaient vite compris sa stratégie au vu de ses résultats et taisaient ses performances pour lui permettre de rester dans l'ombre.

L'homme devait cette vie à Hermione, lorsqu'elle l'avait poussé à quitter l'Angleterre pour éviter Azkaban. Dumbledore n'avait pas pu l'accuser - pas alors qu'il n'était plus sur le territoire anglais et que personne ne pouvait jurer l'avoir vu à proximité des Potter - et il avait pu entrer au Macusa.
Au début, c'était une mesure provisoire et une façon pour lui d'accéder aux informations dont il aurait besoin pour venger ses amis. Poursuivre les criminels était une façon d'exorciser ses démons, comme si à travers chaque arrestation il soulageait sa conscience de n'avoir rien pu faire pour James et Lily. Puis, c'était devenu une véritable vocation.

Le choc de la mort de ses amis s'était atténué avec le temps. Il ne les avait jamais oublié et au fond de son cœur il brûlait toujours de se venger, mais le temps lui avait éclairci l'esprit et il n'était plus le jeune chien fou d'autrefois, prêt à se jeter dans la gueule du loup.

Il était soulagé que Harry soit heureux, parce qu'il se savait totalement incapable de prendre soin d'un enfant. Il n'avait pas exactement eu de modèle familial sain autour de lui - excepté son séjour chez les Potter lorsqu'il avait fui son domicile - et il risquait régulièrement sa vie. Prendre des risques le faisait se sentir en vie, et il ne pouvait pas infliger une telle enfance à son filleul adoré.
Il avait donc laissé avec joie le rôle de parents à Hermione et Severus - bien que l'idée que son ancien souffre-douleur élève le fils de son meilleur ami était grotesque - pour devenir le parrain aventurier cool. Celui qui débarquait les bras chargé de cadeaux, qui lui apprenait les bêtises avant de repartir à l'autre bout du monde.

Il avait été soulagé de découvrir que Harry savait qui était ses parents biologiques, et il avait proposé à son filleul de lui parler d'eux, quand il serait prêt. Jusqu'à présent, le garçon avait refusé, haussant les épaules et lui assurant qu'il n'avait pas besoin de renseignement sur des inconnus morts depuis longtemps. Ils n'étaient que des fantômes pour le jeune homme et il semblait ne pas vouloir blesser ses parents adoptifs en les faisant revivre.


Cette fois pourtant, Harry avait écrit pour demander des renseignements sur ses parents biologiques et Sirius avait deviné qu'il se passait quelque chose de grave. Il avait deviné depuis longtemps que Hermione en savait bien plus qu'elle ne le montrait, mais il n'avait pas posé de questions, puisque leurs objectifs semblaient les mêmes : protéger Harry et détruire celui qui avait tué les Potter.
Il avait donc immédiatement posé des congés - il avait accumulé suffisamment de temps pour pouvoir rester en Angleterre un long moment - et avait pris un portoloin pour son pays natal.

Lorsqu'un elfe le fit entrer dans le salon richement décoré des Malefoy, il eut un large sourire amusé en notant l'expression mécontente de Lucius. Severus le dévisageait avec attention, les sourcils légèrement froncés, et Sirius se demanda pourquoi il n'était pas Auror. Ce foutu Serpentard avait un instinct sûr et une capacité d'observation hors normes...
Il eut juste le temps de saluer avant qu'un boulet de canon ne se précipite contre lui en hurlant son nom et il reçut Harry dans ses bras avec un large sourire.

Drago suivait derrière et Sirius le détailla avec attention. Le gamin ressemblait physiquement à Lucius, mais il avait les yeux gris des Black, si caractéristiques. Et il souriait largement en couvant Harry d'un regard tendre.

Sirius ébouriffa les cheveux de son filleul et rit.
- Je t'ai manqué tant que ça ?
Harry gloussa et hocha la tête. Cependant, l'Auror nota le coup d'œil inquiet qu'il glissa vers ses parents adoptifs au moment où Hermione se levait.
- Sirius... Un problème ?

Il afficha son sourire le plus stupide, et il gloussa bruyamment, se délectant de la grimace agacée de Lucius et Severus.
- Parce qu'il me faut une excuse maintenant pour venir voir mon filleul d'amour ? D'ailleurs... où est ma princesse ?

Rose, alertée par le bruit, ne tarda pas à apparaître pour se jeter elle aussi dans les bras de Sirius, avec un rire ravi. Puis l'Auror s'approcha de Drago.
- Tu dois être l'héritier Malefoy non ? Harry m'a parlé de toi...

Lucius renifla et claqua sa canne contre le sol sèchement.
- Black. Viens en au fait, que fais tu ici ?

Sirius adressa un clin d'œil à Harry, lui signifiant qu'il garderait sous silence son appel, et il se laissa tomber dans un fauteuil, exagérant ses manières rustres pour rendre dingue l'aristo coincé face à lui.
- Et bien... je rend visite à mon filleul et il me parle tellement de ton fils que je voulais le rencontrer.

Narcissa claqua des doigts pour appeler un elfe et désigna Sirius.
- Sers notre invité.
La créature s'inclina et Sirius demanda un whisky pur feu, sans la moindre hésitation. Une fois servi, il prit le temps de goûter le breuvage avec un soupir satisfait avant de se laisser aller en arrière dans le fauteuil, fixant les adultes présents dans la pièce un par un.
- Bien. Quelles sont les nouvelles par ici ?

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