Faire n'importe quoi pour...

1.2K 105 8
                                    

Sirius était rapidement reparti, avec l'assurance que Severus serait bien le gardien du secret des Potter, l'air soulagé. L'ancien Maraudeur avait adressé un sourire sincère au jeune homme qu'il avait tant martyrisé et l'avait remercié chaleureusement, probablement sa façon de lui montrer que tout avait changé depuis Poudlard.

Hermione et Severus étaient restés à se dévisager un peu abasourdis après son départ. Hermione était déchirée entre le soulagement de savoir que Harry aurait une enfance heureuse et la douleur due au risque que Lily ne revienne dans leurs vies et ne la prive de Severus d'une façon ou d'une autre.
Finalement elle soupira, fermant un instant les yeux pour se reprendre, se forçant à se rappeler que si elle était stupidement tombée amoureuse de son ami, la réciproque n'était pas vraie. Elle força un sourire sur ses lèvres.
- Et bien... c'était inattendu.

Severus l'observait, sourcils froncés, et il hocha la tête en signe d'accord, un peu distrait.
- Effectivement. Je pensais que tu craignais que ce genre d'intervention ne provoque une catastrophe ?

Hermione soupira.
- Je sais. Mais c'est un risque à prendre. D'où je viens, Harry était malheureux toute son enfance et toi, tu crevais de culpabilité. Et puis, Harry pensait que la prophétie ne le désignait pas expressément, qu'elle pointait juste l'enfant que choisirait Voldemort.
- Et toi ? Qu'en penses-tu ?
Le regard de Hermione s'assombrit et elle se rembrunit.
- Cette vieille folle de Trewlanney... Bon sang, j'ai abandonné les cours de divination tellement elle était mauvaise ! A mon avis, ce n'est que du charlatanisme qui a pris un peu trop d'envergure. Sans Dumbledore pour lui accorder du crédit...

Severus leva un sourcil amusé.
- Quand tu m'en as parlé la première fois, tout tournait autour de cette prophétie. Maintenant, tu en viens à rejeter même son existence...
Hermione fit un vague geste de la main.
- J'y ai passé des nuits blanches, crois-moi. Avant, je suivais aveuglément l'idée de Dumbledore, ce qu'il nous avait révélé au compte-gouttes. Mais je suis convaincue désormais que si cette prophétie était réaliste, elle aurait dû prendre en compte ma présence en cet instant. Et je ne me vois pas abandonner mon presque frère. Je ne peux pas m'imaginer attendre qu'il grandisse en sachant qu'il sera maltraité, en détournant les yeux et en me convainquant que c'est pour le plus grand bien de ce vieux fou de Directeur ! Il n'y a pas besoin d'être devin pour savoir que je pourrais faire n'importe quoi pour lui.

Le jeune homme ricana et se pencha vers elle, une lueur d'amusement au fond de ses yeux sombres.
- Il se dit qu'il y aurait une pièce entière emplie de prophétie au Ministère... gardée par des langues de plomb. Tout ça c'est du vent pour toi ?
- Et bien... oui, cette pièce existe. Au département des Mystères. Nous nous y sommes introduits avec Harry justement pour aller chercher cette fameuse prophétie, mais nous avons été attaqués par des Mangemorts et... le globe s'est brisé. C'est Dumbledore qui a révélé le contenu à Harry qui nous l'a répété ensuite. Pour ce qui est de leur crédibilité... je réserve mon jugement.
- Tu t'es introduite au Ministère ? Pour y voler une prophétie ?

Hermione gloussa face à l'air effaré de son ami et hocha la tête.
- Oui. Et nous avons également cambriolé Gringotts, avant de nous échapper à dos de dragon.

Severus resta silencieux un long moment en fixant Hermione, puis un léger sourire joua sur ses lèvres.
- Évidemment. Je ne devrais même pas être étonné. Il semblerait que rien ne soit impossible pour toi...

Le ton tendre et caressant fit violemment rougir Hermione, et elle leva les yeux au ciel, en toussotant nerveusement pour masquer sa gêne.

*

L'été approchait doucement, et avec les beaux jours, la naissance de l'enfant Potter approchait. Ils n'avaient pas eu de nouvelles, et parfois, Severus pensait que Sirius n'avait pas pu convaincre James, ou que Lily avait refusé.
Le jeune homme voyait Hermione se perdre dans ses pensées, le front plissé, visiblement inquiète, comme si elle doutait du cours qu'avait pris leurs vies.

Severus la réconfortait silencieusement, discrètement. Ce pouvait être une main légère posée sur son épaule, un sourire ou quelques mots.

Fin juin, après une nuit blanche à travailler au dessus de son chaudron, Severus posa devant une Hermione ensommeillée un flacon empli d'une potion d'un bleu tendre.
Malgré ses cernes, il avait un sourire satisfait.
- Et voilà. Potion tue-loup. Je suppose qu'il y aura besoin de quelques ajustements après tests, mais... ça devrait fonctionner.

Hermione écarquilla les yeux et prit le flacon avec révérence, examinant le liquide clair. Puis elle eut un large sourire et laissa échapper un rire émerveillé.
- Tu es génial Severus !
Elle lui sauta dans les bras, et le remercia tout en le félicitant pour avoir développé si rapidement la potion.
Un peu gêné, il haussa les épaules.
- Et bien tes notes ont été une bonne base de travail et tu avais bien avancé. Je n'ai pas vraiment eu à fournir de gros efforts.
- Tu plaisantes ? C'était uniquement des notes théoriques et tu en as fait quelque chose qui pourrait bien changer la vie de dizaines de lycanthropes !

Severus grogna, toujours mal à l'aise avec les compliments ou avec l'admiration qu'il recevait de la part de son amie.
- J'ai pris la liberté d'en envoyer à Lupin en lui demandant de me renvoyer ses observations pour ajuster les dosages.
La jeune femme hocha la tête en se perdant dans ses souvenirs.
- Remus n'a jamais accepté sa condition. J'espère que ça lui apportera un peu de paix.


Le jeune homme resta silencieux, pas vraiment certain de vouloir apaiser un de ceux qui avait joué le rôle de bourreau à Poudlard.
Cependant, il avait désormais une vie agréable et il pouvait dire sans hésitation qu'il était heureux. Il n'était plus le Serpentard solitaire et honteux qu'il avait été, il aimait réellement ce qu'il faisait chaque jour, et il laissait peu à peu son sombre passé derrière lui.
L'adolescent amer qu'il avait été avait eu soif de vengeance, il avait souhaité par dessus tout pouvoir briser ceux qui l'avaient fait souffrir. Hermione avait balayé toute cette colère, en lui tendant la main. Son amitié lui avait fait prendre conscience qu'il y avait mieux à faire que de s'enfermer dans sa rancoeur, dans le passé.
Sa fille du futur était son avenir, sa rédemption.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant