Une autre vie

Chocolat

Hermione était plongée dans ses pensées, le visage sombre, dans la salle commune de Gryffondor. Elle se maudissait de s'être laissé surprendre par Severus alors qu'elle s'entraînait et elle espérait que de montrer sa détermination à se battre du côté de la lumière n'éloignerait pas le Serpentard d'elle.

Après tout, dans cette époque, ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps. Et si elle, elle faisait totalement confiance au jeune homme qui deviendrait un héros de guerre, lui n'accordait pas facilement sa confiance.

Elle sursauta presque en sentant quelqu'un s'asseoir face à elle, et elle leva les yeux sur Remus Lupin.
Le préfet des rouge et or semblait un peu gêné, mais déterminé, et elle nota que James et Sirius les observaient avec attention, visiblement curieux.

Hermione soupira, et lui lança un regard interrogatif, dépourvu de toute animosité. Si les Maraudeurs étaient stupides et parfois même gratuitement méchants, elle ne perdait pas de vue que Remus deviendrait un jour le professeur Lupin, qu'elle avait apprécié et admiré. Il était aussi comme un second parrain pour Harry, une partie de sa famille.
Pour ces raisons, elle ne pouvait pas juste le repousser.

Remus s'éclaircit la gorge, les pommettes légèrement rouges, et tritura la manche de son pull, nerveux. Puis il sortit de sa poche un papier argenté et déballa un carré de chocolat qu'il lui tendit.
- Tu as l'air... triste.

Hermione ouvrit la bouche pour répondre, cependant, elle la referma aussitôt, prise de court. Puis, elle haussa les épaules.
- Je réfléchis juste.

Remus gloussa doucement, et Hermione pensa que sans les Maraudeurs pour le soutenir, le garçon devant elle aurait été aussi isolé que Severus. Sa nature de loup-garou le rendait particulièrement discret et effacé, alors qu'il craignait de voir son lourd secret exposé.
- Le chocolat est le remède universel pour tout. Ça marche aussi.

Cette fois, Hermione lui sourit sincèrement. Visiblement, Remus avait un amour immodéré pour le chocolat. Elle se souvint qu'il en donnerait un jour à Harry, pour qu'il se remette de sa rencontre avec les détraqueurs.
Elle prit le carré de chocolat et fronça les sourcils, méfiante. Elle avait été habituée à prendre garde à ce qu'on lui offrait après avoir côtoyé les jumeaux Weasley et leurs friandises piégées, et elle avait suffisamment entendu parler du caractère farceur des Maraudeurs pour craindre que ce soit un chocolat piégé.
- J'espère que ce n'est pas un truc pour me faire une de vos plaisanteries ?

Remus eut l'air étonné puis il secoua vivement la tête.
- Bien sûr que non ! Pourquoi ferais-je ce genre de choses ?
Hermione ricana, sans animosité.
- Et bien... peut être parce que je suis amie avec Severus et que vous semblez avoir l'envie de vous en prendre à lui encore et encore ?

Remus soupira, et rougit un peu plus. Il jeta un coup d'oeil nerveux en direction de ses amis, et fronça les sourcils en voyant leurs yeux braqués sur lui. Il secoua la tête en se mordillant nerveusement la lèvre.
- Je... je n'ai rien contre Severus. C'est plus avec James et Sirius que les choses ne se passent pas correctement.
- Mais tu ne fais rien pour les stopper Remus. Ça fait de toi leur complice. Ça révèle surtout que tu es d'accord avec ce qu'ils font.

Le loup-garou baissa la tête, épaules basses et il gratta distraitement le tissu de son pantalon. Puis il murmura, visiblement honteux.
- Ils sont mes amis. Mes tout premiers amis... Je ne peux pas...

Hermione observa Remus d'un autre oeil, se souvenant de Harry. Lui non plus n'avait jamais eu d'amis avant Ron et elle. Pourtant, elle était certaine que son diable d'ami n'aurait jamais laissé quelqu'un être humilié comme Severus l'avait été, même pour ne plus être seul.
La jeune fille soupira et lança un nouveau regard en direction des deux autres, refusant même de se demander où pouvait bien se terrer Peter le rat. Le futur traître n'avait jamais été assez courageux pour s'attaquer seul à quelqu'un après tout.
- S'ils sont vraiment tes amis, Remus, ils ne te tourneront pas le dos si tu es en désaccord avec eux.
- Tu ne comprends pas.
- Bien sûr que si je comprends. C'est simple pourtant.

Remus ne répondit pas. A la place, il déballa le carré de chocolat, et en cassa un petit morceau qu'il mangea. Puis il sourit.
- Voilà. Pas de plaisanterie. Juste un morceau de chocolat parce que tu avais l'air triste.

Hermione gloussa et hocha la tête.
- Et bien merci pour ça. Je suppose. Je vais bien cependant.

Elle croisa le regard couleur d'ambre de Remus, et elle eut un sourire en coin.
- Et si tu voulais savoir si j'étais pensive à cause de Severus, ce n'est pas le cas.
Le loup-garou eut un sourire rusé.
- Vraiment ?

Puisque le maraudeur avait abordé le sujet, la jeune fille plissa les yeux.
- Pourquoi toujours s'en prendre à lui ?
Remus se tortilla nerveusement, puis il jeta un bref coup d'oeil en direction de James et de Sirius. Il marmonna, boudeur.
- Ce sont juste des plaisanteries, Hermione. C'est juste qu'il dramatise un peu. C'est un Serpentard après tout.

La brune grogna, et elle plissa les yeux.
- Des plaisanteries qui envoient quelqu'un à l'infirmerie ? Je pense que nous n'avons pas vraiment la même définition de l'humour. Quand au fait qu'il soit un Serpentard... en quoi cela change quelque chose ? Si l'un de vous a un enfant qui se retrouve chez les verts et argent, vous ferez quoi ? Vous le jetterez dehors à onze ans ?

Remus écarquilla brièvement les yeux, et il eut l'air perturbé. Finalement, son visage se ferma.
- Je ne sais pas pourquoi Sirius le déteste à ce point. James est jaloux parce qu'il était ami avec Lily et... on voyait bien comment il la regardait !
- Mais vous avez brisé leur amitié, pourtant, vous continuez encore et encore. Je ne suis pas Lily, Remus. Moi, je ne tournerais pas le dos à Severus.

La lionne se rendit compte qu'elle avait peut être été un peu trop brutale avec le jeune homme lorsqu'un éclair de colère passa dans ses yeux. Remus renifla, et la fixa.
- On verra ce que tu diras quand il t'aura repoussé toi aussi. Il sent la Magie Noire et il écarte tout le monde. C'est une évidence qu'il tournera mal, le tout est de savoir quand !

Puis il se leva et rejoignit ses amis, d'un pas lourd.