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Les pièces du puzzle commençaient à s'assembler dans l'esprit d'Hermione, alors même qu'elle comprenait ce qui n'allait pas dans ce passé étrange qu'elle découvrait. Cependant, elle repoussa ses pensées, pour afficher un air triomphant face à deux maraudeurs choqués.
- Ainsi donc, le Mangemort n'est pas celui que vous imaginiez, n'est-ce-pas ?


Sirius grogna et leva sa baguette, mais James l'arrêta, saisissant son poignet.
- Suis-moi Sirius, nous devons avoir des explications de Peter sur ce qui vient de se passer.
Le futur parrain de Harry se laissa entraîner avec une mauvaise volonté évidente puis, il lança, d'un air provoquant.
- Tu as raison, James. Autant ne pas rester à proximité de Snivellus.

Pour le plus grand soulagement d'Hermione, Severus grimaça mais ne répliqua pas. Côte à côte ils regardèrent les deux garçons partir à grands pas, parlant vivement entre eux avec de grands gestes des bras. Visiblement, la trahison de leur ami les avait choqué au plus haut point...


Une fois seuls, Severus glissa un coup d'oeil vers la jeune fille à côté de lui, et il renifla moqueusement.
- Tu le savais, bien entendu.
Les joues de Hermione s'empourprèrent et elle haussa les épaules.
- Et bien je savais que dans l'avenir il avait la marque. Le reste est un coup de poker.

Le Serpentard écarquilla les yeux et hésita visiblement entre s'offusquer du risque qu'elle avait pris et de son culot insensé. Il finit par soupirer et lever les yeux au ciel.
- Bien joué. Mais ils ne vont pas en rester là.


Hermione souffla et se plaça face à Severus. Elle avait les sourcils légèrement froncés alors qu'elle rassemblait ses idées, puis elle se décida.
- Je sais à quel point c'est compliqué pour toi d'entendre ça, Severus, mais crois-moi, les Maraudeurs ne sont qu'un groupe de gamins stupides. Ils sont amenés à grandir et à devenir moins... bêtes.

Le Serpentard serra les poings et montra les dents, prêt à s'insurger. Comme si réduire les Maraudeurs à des adolescents immatures niait ses souffrances. Hermione continua très vite cependant, pour lui faire comprendre ce qu'elle essayait de lui expliquer.
- Ce que j'essaie de te dire, c'est que dans l'histoire que je connais, ils n'étaient jamais allés aussi loin. C'était cruel, mais...
- Mais pas si grave que ça ?

Hermione soupira sans pour autant répondre. Elle se mordilla la lèvre, puis reprit, doucement.
- Je crois que Peter a fait en sorte de les... pousser encore et encore. Je ne comprenais pas pourquoi même après mon intervention, ils revenaient toujours à la charge. Je veux dire, dans ma version de l'histoire, ils s'en prenaient à toi parce que tu étais isolé. Une... proie facile.

Severus émit un son à mi chemin entre le ricanement et la protestation outrée, sans pour autant émettre d'objection claire aux paroles de la jeune fille. Cette dernière fronça les sourcils, les yeux dans le vague.
- Je me demande...

Le Serpentard attendit la suite, croisant les bras sur sa poitrine, se retenant de ne pas secouer son amie pour lui arracher les mots. Finalement, elle prit la parole, lentement, et ses propres mots provoquèrent un frisson glacé le long de son échine.
- Tu as bien dit que tu avais déjà été approché par des Mangemorts, pour les rejoindre ?
- Effectivement. Apparemment, mes capacités en potions surpassent le désagrément de mes origines sang-mêlé.


Hermione ricana, et ses yeux brillèrent de malice. Elle se pencha vers Severus pour lui murmurer sur le ton de la confidence.
- Puisque Voldemort est lui-même sang-mêlé, je ne pense pas que tes origines ne soient un frein.
Il hoqueta, choqué et fixa la jeune fille, incrédule.
- Quoi ?
- Voldemort se nomme en réalité Tom Jédusor. Il a grandi dans un orphelinat moldu - dans lequel il a été particulièrement malheureux - jusqu'à son entrée à Poudlard. Il est le fils d'une sorcière sang-pur presque cracmolle qui est morte en accouchant et d'un moldu que sa mère avait drogué au filtre d'amour...

Severus vacilla, et se passa une main sur le front, abasourdi. Puis il secoua la tête.
- Tu as conscience que cette information pourrait... stopper la guerre ? Je veux dire, beaucoup de ses Mangemorts l'ont rejoint parce qu'il se pose en défenseur des lignées ancestrales, mais s'il est lui-même... ce qu'il combat... Certaines des familles qui le soutiennent ouvertement n'accepteront jamais ça.

Hermione haussa les épaules.
- Peut-être. Il faudrait trouver des preuves solides pour être entendus, et je suppose qu'il a su brouiller ses traces, cacher ses origines. Je sais que Dumbledore est au courant, et il a probablement une bonne raison de ne pas dévoiler cette information.
Severus pinça les lèvres, et un éclair de colère traversa son regard onyx.
- Dumbledore qui laisse ces fichus Maraudeurs s'en prendre à moi ? Qui parle de blague alors que ma vie était en jeu ? Il ne lèvera pas le petit doigt si ça ne lui apporte rien !

La Gryffondor lui posa une main légère sur le bras, pour le réconforter. Puis elle reprit son argumentaire.
- Je pense que Pettigrew avait pour mission de te pousser dans les bras de Voldemort. De faire en sorte que tu sois isolé et furieux, pour que tu prennes la marque.

Le Serpentard grogna et se passa une main légèrement tremblante sur le visage.
- Et ça aurait fonctionné. Si... si tu n'avais pas été là pour moi, je me serais jeté dans ses bras, sans hésitation. C'était ce que je pensais faire, je... Je ne voyais que cette façon de m'en sortir et de pouvoir me venger. Leur proposition était alléchante... Bien trop alléchante pour quelqu'un comme moi. C'est le choix que j'avais fait, dans ce que tu connais, n'est-ce-pas ?

En voyant le jeune homme triste et tendu, Hermione sentit son cœur se serrer. Elle soupira et s'approcha doucement de lui, avant de l'enlacer fermement.
- Je ne compte pas t'abandonner Severus. Jamais.

Elle le lui avait déjà dit, bien sûr. Mais la jeune fille tenait à le lui rappeler, autant de fois que nécessaire, jusqu'à ce qu'il ne doute plus.
Si quelqu'un lui avait dit un jour qu'elle s'attacherait à ce point à son futur professeur de potions sarcastique et cruel qu'elle détestait, elle aurait pensé à une monstrueuse plaisanterie.

Pourtant, le Severus adolescent qu'elle avait découvert était différent. Il était peut être sombre et difficile d'accès, mais Hermione avait découvert un ami précieux. Et elle se refusait à le laisser mener la vie pleine de tristesse et de douleur qui l'attendait.
Déterminée à le protéger, elle le serra un peu plus contre lui, et soupira de soulagement lorsqu'il lui rendit son étreinte.

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