Étouffant

1K 105 13
                                    

Albus Dumbledore ne décolérait pas.

Harry Potter avait totalement disparu.

Lorsqu'il avait fini par localiser la famille Dursley, il avait découvert qu'ils n'avaient jamais trouvé de bambin sur le pas de leur porte. Harry n'avait jamais mis un pied chez eux.
Petunia ne sembla pas s'inquiéter pour son neveu, haussant les épaules en lui assurant que si un jour sa soeur avait déposé son fils unique sur le pas de sa porte, le morveux anormal aurait très probablement terminé à l'orphelinat...

Dumbledore avait supposé qu'une âme charitable passant dans la rue avait pu conduire le bébé aux autorités moldues, mais là encore, il découvrit que le monde moldu n'avait aucune connaissance d'un enfant abandonné à la période qui l'intéressait.

C'était comme si Harry Potter n'avait jamais existé.

Il était certain que l'enfant n'était pas à Poudlard, puisqu'aucun gamin avec une cicatrice en forme d'éclair ne s'était présenté. Il savait la blessure du bébé imprégnée de Magie Noire et aucun guérisseur n'aurait pu effacer la marque.

Puisque Sirius Black avait disparu également, il supposa que l'ami de James Potter avait embarqué son filleul et s'était caché quelque part. Il fit pression sur Fudge pour faire rechercher l'ancien Maraudeur jusqu'à ce que le Ministre, agacé, ne lui révèle que Sirius Black était parti aux Etats-Unis après la mort de ses amis, et qu'il travaillait pour le Macusa. Il réduisit les espoirs de Dumbledore à néant en lui annonçant que l'homme était célibataire - considéré comme un coureur de jupons et un séducteur - et qu'il n'avait aucun enfant dans son entourage proche.


Le vieil homme était à bout de nerfs. Il s'était persuadé que lorsque Harry Potter ferait son entrée officielle dans le monde magique, pour ses onze ans, Voldemort tenterait de revenir à la vie d'une façon ou d'une autre. Depuis dix ans, il s'était préparé à ce moment. Il avait fait en sorte d'obtenir la pierre philosophale pour la première année du gamin et de la placer à Poudlard. Il voulait que les deux ennemis soient face à face, pour provoquer un nouvel affrontement.
Il n'avait aucun doute que le gosse était protégé par le sacrifice de sa mère et que le forcer à se retrouver devant l'assassin de ses parents mènerait à sa victoire une fois de plus.

Ensuite, lui, Dumbledore, présenterait l'enfant comme le vainqueur du bien sur le mal, et il s'assurerait de jouer le rôle de mentor. Il le guiderait dans le monde magique, le façonnerait à son idée, pour le plus grand bien.


Sauf que... rien ne s'était passé comme prévu. Son vieil ami Fol'Oeil avait grogné et supposé que le premier affrontement avait vidé le petit Harry de sa magie pour en faire un cracmol. Ainsi, il était logique qu'il soit impossible de le retrouver, la Magie ne le reconnaissait plus.
De son ton bourru, il lui avait suggéré de concentrer ses efforts sur le petit Longdubas, bien que le gosse semble légèrement... malhabile.

Dumbledore n'aimait pas cette idée. Non seulement Neville Longdubas était un sorcier médiocre, manquant cruellement de confiance en lui, mais il était également farouchement protégé par son dragon de grand-mère, qui prenait très à cœur l'éducation de son petit-fils.
Avec Augusta dans les parages, il ne pourrait pas mettre la main sur le petit Neville. Et éliminer la vieille dame acariâtre n'était pas une solution, puisqu'elle était un des principaux soutiens de l'Ordre du Phénix.


Étouffant dans son bureau, à tourner en rond, Dumbledore sortit pour parcourir les couloirs de son école à grands pas. Sourcils froncés, il observait les élèves, cherchant qui parmi eux pourrait se révéler un allié de poids pour lui.

Il grimaça en croisant le jeune Malefoy - dont le père lui mettait régulièrement les nerfs à vif avec ses exigences au Conseil d'Administration de l'école - et détourna le regard du fils de Severus Rogue. Il avait espéré que ce fichu Serpentard ne prenne la marque parce qu'il était certain qu'il aurait pu en faire un bon espion, en lui faisant miroiter la possibilité de sauver Lily Evans, dont il avait été si épris.
Ensuite, après la mort inéluctable de la jeune femme, il aurait joué sur sa culpabilité pour le garder sous son emprise.

Mais il avait fallu que cette mystérieuse fille ne débarque de nulle part et ne change l'ordre des choses. Un moment, il avait espéré qu'elle aurait un rôle, qu'elle était un élément essentiel de la guerre. Mais la fille n'était jamais venue se confier à lui, et elle avait mené une vie désespérément ordinaire auprès de son Serpentard de compagnon.
En apprenant qu'une enquête avait révélé qu'elle venait des Etats-Unis et que sa famille était décédée lors d'un voyage en Angleterre, il avait cessé de s'intéresser à elle. S'il en avait eu le pouvoir, il aurait refusé qu'elle soit nommée professeure, mais ses références étaient excellentes, et il n'avait aucune raison de s'opposer à sa présence. De la même façon, il n'avait pu refuser Severus Rogue alors que son professeur habituel, Quirinus Quirell ne donnait plus signe de vie depuis un voyage en Albanie.


La mort dans l'âme, Albus Dumbledore comprit qu'il n'avait aucun moyen d'agir sur les évènements. Il allait devoir se montrer patient, attendre encore que Voldemort ne se décide à revenir. Il allait devoir trouver un moyen de le mettre à terre sans l'Élu de la prophétie - cette même prophétie qui avait coûté la vie aux Potter et qui avait amené une longue période de paix.

Avec un soupir, il fit volte face pour retourner dans son bureau, bousculant presque le jeune Harry Granger-Rogue. Il marmonna une vague excuse, sans même le regarder - c'était un Serpentard, après tout, quantité négligeable - sans se douter qu'il venait de frôler le garçon qu'il cherchait désespérément.
Peut être que s'il avait baissé la tête vers le jeune adolescent, il aurait croisé un regard vert caractéristique qui lui aurait permis d'avoir des soupçons sur sa véritable identité.

Mais il méprisait bien trop son ancien élève.

De nouveau retranché dans son domaine, il se lissa la barbe en secouant la tête, et sortit sa pensine. Il était peut être temps de replonger dans les détails de l'histoire de Tom Elvis Jedusor pour essayer de trouver un indice lui permettant de le localiser... Pour le plus grand bien, la menace devait être éradiquée.

Une autre vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant